Les autorités du Nord et du Sud de la Corée ont déjà tenu, sans succès, six réunions de travail pour tenter de trouver les moyens de rouvrir la Zone industrielle de Kaesong, symbole du rapprochement intercoréen inauguré à la suite du sommet du 15 juin 2000. L'activité de la zone de Kaesong, située sur le territoire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a été suspendue en avril 2013, au plus fort des tensions dans la péninsule coréenne, consécutives à des manœuvres militaires américano-sud-coréennes d'une durée et d'une ampleur sans précédent. Le 7 août 2013, la RPDC, par la voix de son Comité pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC) a proposé qu'une septième réunion ait lieu le 14 août, veille du 68emeanniversaire de la libération de la Corée, célébration commune à tous les Coréens. Le CRPC a donné des garanties à la partie sud-coréenne sur le bon fonctionnement du complexe de Kaesong, qu'il s'agisse de la sécurité des Sud-Coréens travaillant dans le complexe, du libre accès des personnels des entreprises sud-coréennes qui y sont installées ou de la présence des travailleurs nord-coréens sur les lieux de travail. En outre, la Corée du Nord affirme que la Zone industrielle de Kaesong ne devait plus être fermée pour des raisons politiques. La Corée du Sud a accepté cette rencontre, mais la normalisation définitive de la situation à Kaesong reste incertaine alors que de nouveaux exercices militaires américano-sud-coréens sont prévus pour la fin du mois d'août.
Usine textile dans la Zone industrielle de Kaesong (photo : AAFC - septembre 2008)
Le mercredi 7 août 2013, le porte-parole du Comité pour la réunification pacifique de la Corée, organisme de la RPD de Corée en charge des affaires intercoréennes a publié la déclaration suivante :
« Quatre mois ont passé depuis que le fonctionnement de la Zone industrielle de Kaesong (ZIK) a été provisoirement suspendu.
Les six sessions de discussions de travail entre les autorités du nord et du sud de la Corée pour normaliser le fonctionnement de la ZIK se sont avérées infructueuses et sont entrées dans une impasse sérieuse, rendant difficile d'envisager toute perspective.
La ZIK a apporté l'espoir et la foi en la réunification à nos compatriotes au cours de la décennie écoulée malgré toutes les tempêtes et tensions. Si elle s'effondre, cela blessera gravement les sentiments de nos compatriotes du nord et du sud et aura un impact épouvantable sur les relations intercoréennes. Les Coréens fêteront bientôt le 68eme anniversaire de la libération du pays, le 15 août.
Plus longtemps dure la tragédie provoquée par la division nationale imposée par les forces étrangères aux Coréens, plus insupportable devient leur peine et plus grandit leur espoir en la réunification.
A cet instant, comment laisser s'effondrer pour de bon la ZIK quand celle-ci a rendu si heureux nos compatriotes en tant que symbole de la réconciliation nationale, de la coopération et de la réunification ?
Actuellement, les parties nord et sud devraient sauver de la crise les biens communs de la nation et maintenir la zone à flot, non la mener à un naufrage total. C'est une décision patriotique et courageuse et un juste choix.
Le Comité pour la réunification pacifique de la Corée déclare solennellement ce qui suit comme il y est autorisé, poussé par son désir d'amener une nouvelle phase de réconciliation, de coopération, de paix, de réunification et de prospérité en normalisant le fonctionnement de la ZIK et en améliorant les relations intercoréennes, et par son intention d'alléger les souffrances des entreprises sud-coréennes et de minimiser leurs dommages ainsi que de répondre aux attentes et aspirations de l'opinion publique dans le pays et à l'étranger concernant la détente, partant de la responsabilité et de la mission qu'il a assumées devant la nation maintenant que le sort de la ZIK est dans une situation critique :
1. La partie nord lèvera la mesure de suspension provisoire du fonctionnement de la ZIK prise le 8 avril dernier et autorisera totalement l'entrée des entreprises sud-coréennes dans la ZIK.
2. Elle assurera la présence normale de ses travailleurs dans les entreprises sud-coréennes qui sont prêtes à fonctionner après vérification de leur équipement.
3. Elle garantira la sécurité du personnel de la partie sud dans la ZIK et protégera complètement les biens des entreprises.
4. Les parties nord et sud préviendront le retour à une suspension du fonctionnement de la ZIK et assureront le fonctionnement normal de la ZIK sans être affectées par quelque situation que ce soit quelle que soit la circonstance.
5. Si la partie sud répond à l'expression de cette position courageuse et généreuse, la partie nord tiendra sans la moindre précondition la septième session de discussions de travail pour la normalisation du fonctionnement de la ZIK, laquelle a été demandée à plusieurs reprises par les autorités de la partie sud, dans la zone le 14 août. Elle propose aussi que les discussions donnent de bons résultats et apportent de bonnes nouvelles à tous les Coréens dans l'élan du 15 août.
Nous exprimons l'espoir que les autorités sud-coréennes répondront positivement à cette proposition constructive. »
Le gouvernement de Séoul a répondu favorablement à la proposition faite le 7 août par la RPD de Corée et les deux Corée se retrouveront donc pour une septième réunion de travail le 14 août à Kaesong afin de tenter de sortir de l'impasse. Toutefois, le gouvernement sud-coréen a voulu rester prudent, le porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification déclarant le 9 août que « la Corée du Sud cherchera à obtenir une garantie qui permettra d'aider à normaliser le complexe industriel en allant de l'avant, en accord avec le bon sens et les normes ».
La réouverture de la Zone industrielle de Kaesong semble donc à la fois proche et incertaine et, loin du « bon sens » réclamé par le gouvernement sud-coréen, le Commandement des forces combinées (CFC) américano-sud-coréennes a annoncé le 10 août 2013 que les exercices militaires Ulchi Freedom Guardian auraient lieu du 19 au 30 août. Ces exercices annuels menés conjointement par les armées américaine et sud-coréenne visent, selon le CFC, à « améliorer leur posture défensive contre la Corée du Nord » et mobiliseront 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 soldats américains, dont 3 000 venant des Etats-Unis et d'autres bases du Pacifique. La RPDC a déjà dénoncé ces manœuvres comme le prélude à une guerre menée contre elle. Depuis son ouverture en 2004, les administrations américaines, bien qu'elles prétendent le contraire, ont été plutôt hostiles à l'égard du symbole du rapprochement intercoréen qu'est la Zone industrielle de Kaesong. En avril 2013, les manœuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes Key Resolve et Foal Eagle, en faisant monter de plusieurs crans les tensions dans la péninsule coréenne, avaient entraîné la fermeture provisoire du complexe. En août, les mêmes causes pourraient avoir de pires effets.
Sources :
"CPRK Spokesman on Normalization of Operation in KIZ", KCNA, 7 août 2013
« Kaesong : Séoul souhaite une issue "raisonnable" », Yonhap, 9 août 2013
"S. Korea, U.S. to conduct joint military exercise in Aug. 19-30", Yonhap, 10 août 2013
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