Les Etats-Unis et leurs alliés tentent depuis plusieurs mois de ramener la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à la table des négociations sur son programme nucléaire, négociations interrompues en avril 2009 après que le Conseil de sécurité de l'ONU eut sanctionné le lancement d'une fusée nord-coréenne. Après la visite en RPDC, courant février, de hauts responsables chinois et de l'Organisation des Nations Unies, certains médias ont cru déceler une tentative de relancer ces pourparlers en échange d'incitations économiques pour la RPDC. Par une dépêche datée du 19 février, l'agence de presse officielle nord-coréenne a apporté un démenti cinglant : ce ne sont pas les « récompenses économiques » qui pousseront la RPDC à abandonner sa force de dissuasion nucléaire.
Du 6 au 9 février 2010, Wang Jiarui, chef du département international du Comité central du Parti communiste chinois était en visite en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Au cours de ce déplacement - présenté comme une « visite de courtoisie » -, Wang Jiarui a notamment rencontré le président de la Commission de la Défense nationale de la RPDC, Kim Jong-il. Le dirigeant coréen a redit à son interlocuteur chinois que la position constante de la RPDC est bien de réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Kim Jong-il a aussi souligné que la sincérité des parties prenantes est importante pour reprendre les pourparlers à six sur le programme nucléaire de la RPDC, laquelle s'est retirée des pourparlers en avril 2009 pour protester contre sa condamnation par le Conseil de sécurité des Nations Unies suite au lancement d'une fusée. Ces pourparlers réunissaient depuis 2003 les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon.
Wang Jiarui était porteur d'un message du président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, indiquant que la Chine attache un intérêt particulier à ses relations avec la RPDC et est prête à approfondir l'amitié traditionnelle entre les deux pays, à renforcer la coopération et à déployer des efforts conjoints avec la RPDC pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne. Le président chinois a d'autre part invité le dirigeant de la RPDC à se rendre en Chine.
Après la visite de Wang Jiarui, Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des affaires politiques, était en RPDC du 9 au 12 février. Lynn Pascoe était le premier haut responsable de l'ONU à se rendre en RPDC depuis 2004, bien que l'ONU compte 39 employés en RPDC, travaillant pour des agences telles que le Programme alimentaire mondial, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, le Fonds des Nations Unies pour la population et le Programme des Nations Unies pour le développement.
Lynn Pascoe a eu des entretiens avec le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême, Kim Yong-nam, et avec le ministre des Affaires étrangères, Pak Ui-chun. A l'issue de ces rencontres, Lynn Pascoe a reconnu que la RPDC n'était « pas pressée » de reprendre les pourparlers à six pays. La RPDC exige toujours, préalablement à la reprise de ces pourparlers, la levée des sanctions imposées par l'ONU, ainsi que la négociation d'un véritable traité de paix avec les Etats-Unis pour mettre officiellement fin à la guerre de Corée (1950-1953).
Après l'annonce par le gouvernement nord-coréen, en janvier 2010, de la création d'une banque de développement chargée d'attirer les investissements étrangers, certains médias ont cru déceler dans le « ballet » diplomatique du mois de février une tentative de ramener Pyongyang aux pourparlers à six en échange d'incitations économiques de la part de ses principaux alliés et partenaires. Apportant un démenti cinglant, l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a réaffirmé dans une dépêche datée du 19 février que la RPDC n'était pas prête à renoncer à sa force de dissuasion nucléaire en échange de quelconques « récompenses économiques », mais bien en échange de relations normalisées avec les Etats-Unis (traduction : AAFC) :
« Ces jours-ci, des bruits en provenance des pays entourant la péninsule coréenne évoquent des 'récompenses économiques' qui seraient accordées à la RPDC si celle-ci démantèle ses armes nucléaires.
« Certains poussent l’absurdité jusqu’à dire qu’il faut arrêter de récompenser la RPDC avec des denrées alimentaires, du pétrole, des prêts, etc… si elle s’obstine à refuser de démanteler ses armes nucléaire et qu’ils 'n’auront pas recours à l’argent pour la persuader de retourner aux pourparlers à six'.
« En un mot, ces déclarations signifient un genre de 'récompense économique' accordée à la RPDC en échange de ses bombes nucléaires.
« Ce faux raisonnement ne peut être fait que par les pires imbéciles au monde qui ne savent pas comment les choses se déroulent ici.
« La RPDC a accédé à la dissuasion nucléaire en dépensant des sommes prodigieuses tout en se serrant la ceinture et en surmontant toutes sortes de difficultés et d’épreuves. Cette mesure d’autodéfense vise à faire face à la menace nucléaire des Etats-Unis. Elle n’est pas destinée à menacer quiconque ou à recevoir des 'faveurs économiques' ou des récompenses
« Ceux qui racontent les bêtises indiquées ci-dessus commettent une malheureuse erreur de jugement s’ils croient que la RPDC pourrait faire une chose aussi stupide que renoncer à ses armes nucléaires en prévision d’une 'récompense économique' de la part de l’étranger.
« La RPDC décide de tout elle-même en usant de son bon sens, pas en comptant sur les autres. C’est l’enseignement historique de sa construction socialiste.
« Il n’y a que les gens stupides qui peuvent penser que la RPDC pourrait troquer sa force de dissuasion nucléaire pour une 'aide économique' d’un montant dérisoire.
« Leur supposition a si peu de sens qu’il est difficile de dire si une attitude aussi idiote est due à leur ignorance de la raison pour laquelle la RPDC a renforcé sa force de dissuasion nucléaire ou s’ils affirment cette chose farfelue en feignant de l’ignorer.
« La RPDC a été contrainte d’accéder à la dissuasion nucléaire pour sa propre défense afin de protéger les intérêts suprêmes et la sécurité du pays face à la menace nucléaire croissante des Etats-Unis.
« Ce ne sont autres que les Etats-Unis qui ont poussé la RPDC à se doter d’une force de dissuasion nucléaire et ils sont donc entièrement responsables du problème nucléaire dans la péninsule coréenne.
« Les Etats-Unis, les plus grands criminels faisant peser une menace nucléaire sur la RPDC, obéissent à une logique de brigand en lui demandant de démanteler ses armes nucléaires.
« La RPDC n'abandonnera jamais ses armes nucléaires, même si la terre venait à se fendre, à moins qu'il soit mis fin à la politique hostile envers la RPDC et que la menace nucléaire soit éliminée.
« Tels ont toujours été la position et les principes d'indépendance de la RPDC.
« Les forces hostiles dont font partie les Etats-Unis travaillent actuellement d'arrache-pied pour contraindre la RPDC à se désarmer elle-même et poursuivent une confrontation extrême avec elle.
« Ces forces sont sous la pression croissante de leurs propres pays et d'autres parties du monde pour retirer les armes nucléaires qu'elles ont déployées ici. Très contrariés par ces développements, les Etats-Unis font de plus en plus de bruit autour des activités nucléaires de la RPDC dans le but de s'en servir comme prétexte pour continuer à renforcer leur arsenal nucléaire.
« Tous les faits tendent à prouver que la clé essentielle pour sortir de l'impasse où se trouve le processus visant à régler le problème nucléaire dans la péninsule réside dans l'abandon par les Etats-Unis de leur politique hostile envers la RPDC.
« La force de dissuasion nucléaire de la RPDC pour sa propre défense demeurera et deviendra plus puissante pour protéger la souveraineté et la dignité de la nation aussi longtemps que persisteront la menace nucléaire et la politique hostile des Etats-Unis.
« Ceux qui parlent de 'récompense économique' pour la RPDC en échange du démantèlement de ses armes nucléaires seraient bien avisés d'arrêter de rêver. »
Sources : Xinhua (dépêches du 9 février et du 17 février 2010), KCNA (dépêche du 19 février 2010)
Photos : KCNA
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