Après la mort du Dirigeant Kim Jong-il de la République populaire démocratique de Corée, plusieurs médias français ont interrogé l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) sur les objectifs de notre association, fondée en 1969, dont les statuts précisent que nous militons pour la réunification pacifique de la Corée sur la base des déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 et que nous encourageons les relations d'échanges et de coopération entre Français et Coréens dans tous les domaines. Si, jusqu'en janvier 1989, l'AAFC s'est appelée "Association d'amitié franco-coréenne - Paris-Pyongyang", elle s'appelle depuis plus de vingt ans simplement "Association d'amitié franco-coréenne" afin d'exprimer notre solidarité avec tous les Coréens, du Nord, du Sud et d'outre-mer - au regard du soutien constant apporté aux militants pour la démocratisation de la République de Corée (du Sud) et aux progressistes dans le Sud de péninsule. En France, comme dans les autres pays du monde, les organisations non gouvernementales de solidarité avec la Corée, historiquement plus proches de la RPD de Corée, relèvent de trois catégories, par rapport auxquelles nous avons souhaité préciser le positionnement de l'AAFC : les associations d'amitié, les associations d'étude des idées du Juche et les associations politiques (c'est-à-dire les partis politiques).
L'AAFC est la seule association d'amitié avec la Corée active en France
Jusque dans les années 1990, les associations d'amitié avec la Corée en France ont été éclatées en plusieurs structures - notamment liées à des sensibilités politiques et religieuses : outre l'AAFC, le Comité de soutien à la création de la République confédérale démocratique de Koryo (RCDK) regroupait principalement des gaullistes de gauche, et le Comité des socialistes et progressistes pour la reconnaissance de la RPDC des membres du Parti socialiste. Beaucoup des membres de ces autres associations étant aussi membres de l'AAFC, celle-ci a fini par s'affirmer comme la seule association d'amitié en France, comptant notamment des personnalités gaullistes, socialistes et communistes. Elle revendique aujourd'hui 150 membres.
En 1977, l'AAFC a participé activement à la fondation du Comité international de liaison pour la réunification et la paix en Corée (CILRECO), qui a désigné un Français, Guy Dupré, aujourd'hui vice-président de l'AAFC, comme secrétaire général. Le CILRECO a coordonné l'action de l'ensemble des associations d'amitié avec la Corée qui, sur la base du dialogue Nord-Sud et de la réunification de la Corée, ont été et restent les interlocuteurs, dans leurs pays respectifs, des représentants de la République populaire démocratique de Corée. Dans certains pays, comme le Royaume-Uni, il existe une pluralité d'associations d'amitié avec la Corée affiliées au CILRECO. L'AAFC, comme le CILRECO, sont des associations à but non lucratif.
Le CILRECO étant une organisation internationale, elle ne pouvait pas être déclarée en France comme association étrangère. Les activités du CILRECO ont ainsi été gérées par une association de droit français, dont le président fondateur est André Aubry, actuel président de l'AAFC : le Comité français d'action et de soutien pour la réunification indépendante et pacifique de la Corée (COFRECO).
Le 8 août 2000, a été fondée la Korean Friendship Association (KFA), présidée par l'Espagnol Alejandro Cao de Benos de Les y Perez. La KFA est basée en Espagne mais compte des membres dans plusieurs pays. A la différence des associations membres du CILRECO, créées dans leurs différents pays d'implantation et indépendantes de la RPDC (y compris, en ce qui concerne l'AAFC, totalement indépendante financièrement), la KFA est l'émanation d'une organisation nord-coréenne, le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers, par ailleurs interlocuteur du CILRECO. Cette origine de la KFA explique qu'elle présente son site Internet comme la page Internet officielle de la République populaire démocratique de Corée, bien que d'autres sites Internet soient, eux, effectivement gérés par la RPD de Corée, notamment le portail Naenara et le site de la Korean Central News Agency (KCNA), l'agence de presse officielle de la RPDC.
La KFA a développé des activités de voyages en RPDC, proposés à des conditions tarifaires comparables à celles d'autres agences de voyages à but lucratif.
L'association espagnole d'amitié avec la Corée, membre du CILRECO, qui était animée par un fils du dirigeant communiste du PC espagnol Santiago Carrillo, a disparu sous l'effet de la création de la KFA en Espagne.
L'AAFC n'entretient pas de relations avec la KFA, dont elle n'a pas connaissance d'activités en France.
L'AAFC et les associations d'étude des idées du Juche
Des cercles et des associations d'étude des idées du Juche se sont constituées dans le monde, depuis la création du premier cercle d'étude des idées du Juche en avril 1969 au Mali. Des organisations régionales et internationales ont également vu le jour, notamment l'Institut international des idées du Juche, fondé à Tokyo le 9 avril 1978. Ces associations ont été particulièrement actives dans les pays en développement du Tiers Monde. Leur objet est différent de celles des associations d'amitié, ces dernières visant à développer la coopération et les échanges avec la Corée dans tous les domaines : comme leur nom l'indique, les associations des idées du Juche ont un objet principal - sinon exclusif - d'étude des principes fondés par le Président Kim Il-sung, afin d'en assurer la connaissance et la diffusion.
En France, le Groupement français des idées du Juche (GFIJ), présidé par Jean-Marie Lambret, est basé à Marchiennes, dans le Nord. Dans notre pays, il existe par ailleurs une Société européenne pour l'étude des idées du Juche (SEEIJ), dont le directeur général est le professeur de droit Edmond Jouve. L'un et l'autre ne sont pas membres de l'AAFC, qui les convie toutefois à participer à ses activités et entretient de très bonnes relations avec eux. A la date de rédaction du présent article, l'AAFC comptait, à sa connaissance, un adhérent qui était également membre du GFIJ et de la SEEIJ.
Les éditions Démocrite, basée à Juvigny-sous-Andaine et dirigées par le Grec Alexandre Moumbaris, éditent des textes et des discours de la RPDC, mais ne sont pas constituées en groupe d'étude des idées du Juche.
Les autres organisations qui se revendiqueraient des idées du Juche en France le feraient sans aucun lien avec la République populaire démocratique de Corée.
L'AAFC et les partis politiques
L'AAFC, association apolitique qui accueille des adhérents de toutes sensibilités politiques, s'adresse à l'ensemble des formations politiques françaises ayant une activité significative.
En France, l'Union des révolutionnaires-communistes de France (URCF), dont le secrétaire général est Jean-Luc Sallé, est l'interlocuteur privilégié du Parti du travail de Corée parmi les formations politiques se revendiquant du communisme et plus précisément, s'agissant de l'URCF, du marxisme-léninisme.
Le Parti communiste juchéen de France (PCJF), dépourvu de tout lien actuel ou passé avec la République populaire démocratique de Corée, ne figure pas au nombre des formations ayant une activité significative. Le PCJF, qui s'appelait auparavant Cercle d'étude révolutionnaire du Juche en France (CERJF), n'a aucune existence juridique légale, ni activité publique attestée ou dirigeants connus. Le PCJF semble seulement actif sur Internet, notamment sur Twitter, où il appelle à soutenir, entre autres, Jean-Marie Le Pen, Maxime Brunerie (l'homme qui tira sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002) et des néoconservateurs américains, se plaçant ainsi en dehors de la tradition du mouvement communiste.