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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 19:38

La Guerre de Corée s'est terminée par un simple cessez-le-feu le 27 juillet 1953, date de signature de l'Accord d'armistice. La guerre n'a donc jamais pris fin officiellement, aucun traité de paix n'ayant été signé. Dans un mémorandum rendu public le 14 janvier 2013, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a appelé à la dissolution du Commandement des Nations Unies en Corée et à la signature d'un traité de paix pour remplacer l'Accord d'armistice de 1953. Rappelons que le Commandement des Nations Unies a été constitué en Corée du Sud avec des militaires des 15 pays intervenus dans la guerre aux côtés des États-Unis, en application d'une décision du Conseil de sécurité du 7 juillet 1950. Ces 15 pays ont retiré leurs corps expéditionnaires de Corée entre 1953 et 1957, laissant les militaires américains seuls au sein du Commandement des Nations Unies. Quant à l'Accord d'armistice, il a été violé presque dès sa signature par les États-Unis, lesquels, à partir de 1955, ont introduit des armes, y compris nucléaires, en Corée, malgré les dispositions explicitement contraires de l'Accord, notamment le paragraphe 13 (d) de son article II. Selon le mémorandum du ministère des Affaires étrangères de la RPDC, l'opposition des États-Unis au remplacement de l'Accord d'armistice par un traité de paix permanent en Corée et leur souhait de redonner de la vigueur au Commandement des Nations Unies sont le signe de la volonté de Washington de maintenir sa politique hostile à l'égard de la RPDC. En conséquence, la RPDC maintiendra et renforcera ses capacités de dissuasion jusqu'à ce que les États-Unis décident de faire le « bon choix ». L'Association d'amitié franco-coréenne, qui milite depuis longtemps pour la signature d'un véritable traité de paix en Corée, propose ci-après une traduction du texte intégral du mémorandum nord-coréen du 14 janvier 2013 afin de nourrir la réflexion à ce sujet (liens ajoutés par l'AAFC).

Salle_armistice_Coree.JPG

salle de la signature de l'armistice de la Guerre de Corée (photo : AAFC)


Cette année marque le soixantième anniversaire de la signature de l'Accord d'armistice en Corée.

Cela fait maintenant soixante ans que les canons de la guerre ont cessé de rugir, mais la guerre n'est pas légalement terminée. Demeure le fragile statut d'un cessez-le-feu qui n'est ni la paix ni la guerre dans la péninsule coréenne, laquelle doit encore développer un mécanisme destiné à garantir la paix.

Les États-Unis se sont opposés au gouvernement de la RPDC dans son attitude et ses efforts constants visant à remplacer l'Accord d'armistice par un traité de paix et tentent de maintenir le statut de cessez-le-feu. Dissimulé en arrière-plan se trouve le fantôme de la Guerre froide, à savoir le « Commandement des Nations Unies ».

Ce fantôme, marchant au pas de la récente stratégie de défense des États-Unis, ressuscite en tant qu'instrument pour une guerre d'agression qui enflammerait violemment la région Asie-Pacifique, le point le plus chaud du monde.

Le ministère des Affaires étrangères de la RPDC reconnaît le besoin d'attirer l'attention de la communauté internationale sur ces agissements des États-Unis susceptibles de mener à une situation extrêmement dangereuse et publie le mémorandum suivant.

1.

Les États-Unis, selon leur nouvelle stratégie de défense, essaient de transformer le « Commandement des Nations Unies » en un « commandement des forces multinationales » qui servirait de matrice à une version asiatique de l'OTAN.

L'arrière-pensée de la nouvelle stratégie de défense des États-Unis, rendue publique pour la première fois en janvier 2012, est d'encercler et d'exercer une pression militaire sur les autres grandes puissances d'Asie afin d'empêcher celles-ci de croître suffisamment pour leur résister. Dans ce but, les États-Unis envisagent de concentrer 60% de leurs forces déployées outre-mer dans la région Asie-Pacifique au cours des dix prochaines années. En même temps, les États-Unis accélèrent leurs préparatifs pour rassembler progressivement leurs alliés de la région au sein d'une alliance militaire multilatérale telle que l'OTAN, évoluant sous un système de commandement unifié.

C'est un fait bien connu que les États-Unis visent depuis longtemps à former une alliance militaire tripartite en combinant les alliances militaires conclues entre les États-Unis et le Japon et entre les États-Unis et la Corée du Sud.

Les États-Unis ont tiré leur « expérience » de l'endiguement et de l'effondrement de l'ex-Union soviétique et des pays d'Europe de l'Est en s'appuyant sur l'OTAN pendant la Guerre froide. En se basant là-dessus, ils essaient de mettre sur pied une organisation militaire collective d'une plus grande échelle, laquelle leur permettrait d'encercler aussi bien leurs ennemis potentiels de la région Asie-Pacifique.

Les États-Unis, afin de surmonter la résistance acharnée des pays concernés, tentent de combiner les forces existantes, plutôt que de former une nouvelle force, en rusant pour ranimer les fonctions du « Commandement des Nations Unies », lequel n'en porte que le nom.

Foncièrement parlant, le « Commandement des Nations Unies » est un instrument de guerre créé par les États-Unis dans le but de déployer leurs forces satellites et d'exercer leur contrôle sur elles pendant la Guerre de Corée. Après le cessez-le-feu, les États-Unis sont restés accrochés à leur commandement opérationnel et ont continué à exercer ce droit en Corée du Sud au travers du « Commandement des Nations Unies ». Mais, alors que la pression se faisait plus forte chez eux et à l'étranger au cours des années 1970 pour que soit démantelé le « Commandement des Nations Unies » et que soient retirées leurs forces de Corée du Sud, les États-Unis n'avaient pas d'autre alternative que la création d'un « Commandement des forces combinées » des États-Unis et de la Corée du Sud et le transfert du commandement opérationnel vers celui-ci en 1978. Grâce à cela, ils tentaient de légaliser et de perpétuer leur occupation de la Corée du Sud en modifiant la nature des troupes des États-Unis en Corée du Sud qui, de « forces des Nations Unies », deviendraient des forces déployées en vertu du « Traité de défense mutuelle » Corée du Sud-États-Unis.

Depuis, le « Commandement des Nations Unies » est devenu symbolique et n'en porte plus que le nom.

Derrière les récentes tentatives des États-Unis pour ressusciter les fonctions du « Commandement des Nations Unies », réside leur propre intérêt stratégique de faire de la Corée du Sud une base avancée pour la domination de la région Asie-Pacifique et de la chair à canon pour une guerre d'agression dans une situation qui a évolué.

Alors que l'idée d'indépendance à l'égard des États-Unis prenait de l'ampleur et que la pression était mise pour reprendre le pouvoir de commandement des États-Unis en Corée du Sud, les États-Unis n'ont pas eu d'autre choix que de redonner à la partie sud-coréenne le commandement opérationnel en temps de paix en 1994. En outre, ils devraient céder le commandement en temps de guerre d'ici 2015. En conséquence, le « Commandement des forces combinées » des États-Unis et de la Corée du Sud servant d'instrument à l'exercice du commandement opérationnel des États-Unis en Corée du Sud devrait être démantelé.

Cela ne signifie pas que les États-Unis sont sur le point d'abandonner facilement leur droit à commander militairement à la Corée du Sud, une position privilégiée dans leur stratégie à l'égard de la région Asie-Pacifique.

Ce n'est autre qu'à la résurrection du « Commandement des Nations Unies » que les États-Unis ont travaillé comme « alternative » pour s'emparer du commandement et avoir le contrôle réel des forces armées sud-coréennes.

La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), poussée par les États-Unis en vue de son adoption dans les années 1950, dispose que toutes les forces fournies à la Corée du Sud devraient être sous le contrôle du « Commandement des Nations Unies » dirigé par les États-Unis. Avec cela, les États-Unis sont allés plus loin dans la privation des autorités sud-coréennes de leur droit au commandement opérationnel au nom du « Commandement des Nations Unies » en application de l' « Accord de Taejon » de juillet 1950. Tel étant le cas, si le « Commandement des Nations Unies » retrouve aujourd'hui ses fonctions, autant rétablir la mainmise des États-Unis sur une armée sud-coréenne fantoche.

En mars 2006, quand les États-Unis ont commencé à discuter avec la Corée du Sud de la question d'une restitution du commandement opérationnel en temps de guerre, le commandant américain en Corée du Sud, lors d'une audition du Comité des forces armées du Sénat des États-Unis, a déclaré que le « Commandement des Nations Unies » devrait étendre son rôle et devenir un « commandement des forces multinationales » au sein duquel les pays membres du « Commandement des Nations Unies » pourraient participer au détail des activités, sans parler du fait qu'ils seraient impliqués dans l'élaboration des plans opérationnels en temps de guerre.

Suite à cela, les États-Unis ont agi graduellement pour accroître l'échelle et la fréquence des exercices militaires conjoints en Corée du Sud et dans ses alentours, et ont veillé à ce que les acteurs opérationnels membres du « Commandement des Nations Unies » soient engagés dans de tels exercices, en les adaptant aux aptitudes opérationnelles requises par les exercices militaires conjoints menés par les États-Unis.

En octobre 2012, les États-Unis et la Corée du Sud ont tenu à Washington leur quarante-quatrième réunion annuelle sur la sécurité et ont publié une déclaration conjointe qui « réaffirme que le 'Commandement des Nations Unies' est indispensable au maintien de la paix et de la stabilité de la péninsule coréenne ».

Cela montre que les États-Unis ont déjà forcé les autorités sud-coréennes à accepter leur schéma de relance du « Commandement des Nations Unies ».

C'est également sur une base méthodique que des préparatifs sont en cours pour étendre la sphère opérationnelle du « Commandement des Nations Unies » à l'ensemble de la région Asie-Pacifique.

Les troupes des États-Unis en Corée du Sud, pilier du « Commandement des Nations Unies », sont déjà dotées des moyens d'une « flexibilité stratégique » telle qu'elles pourraient venir en soutien en cas d'urgences dans d'autres parties d'Asie orientale. Ces derniers temps, est activement étudié sur une nouvelle base le plan de déploiement des forces des marines des États-Unis vers les Philippines et la Corée du Sud grâce à leur présence en Australie.

Si on autorise le moindre mouvement en faveur de l'instauration d'un bloc militaire collectif dans la région Asie-Pacifique, cela entraînera inévitablement une force contraire à partir des autres pays visés par ce bloc. Si c'est le cas, il est dans l'ordre des choses que cette région devienne un théâtre opposant deux camps comme en Europe, avec la relance de la Guerre froide et le danger accru d'une guerre thermonucléaire au-delà de toute mesure. Dans ce scénario du pire, ce n'est autre que la Corée du Sud qui souffrirait le plus.

2.

Le « Commandement des Nations Unies » est d'abord un instrument injuste qui n'a fait qu'abuser du nom des Nations Unies. Il ne fait en aucun cas l'unanimité des pays membres des Nations Unies.

Selon l'article 27 de la Charte des Nations Unies, les décisions importantes du CSNU devraient être prises par un vote affirmatif de plus de sept pays membres (à l'époque) dont les voix des cinq pays membres permanents. Cela signifie que même si les États-Unis raclaient les fonds de tiroir et réunissaient sept pays satellites, il était impossible de prendre la moindre décision contre la RPDC tant qu'un pays membre permanent n'était pas d'accord.

La situation était que l'ex-Union soviétique, qui disposait d'un siège au CSNU, ne participait pas aux réunion du Conseil depuis le 13 janvier 1950 pour protester contre la représentation des autorités taïwanaises aux Nations Unies à la place de la République populaire de Chine.

Les États-Unis se sont jetés sur cette occasion comme sur un tremplin pour inciter le traître Syngman Rhee à lancer préventivement une invasion armée générale de la RPDC le 25 juin 1950. Le même jour, les États-Unis n'ont pas perdu de temps pour convoquer la réunion du CSNU au cours de laquelle a été adoptée la résolution présentant la RPDC comme l' « agresseur ». [résolution du CSNU 82 (1950)]

Le gouvernement de l'Union soviétique a réagi par l'envoi de télégrammes au CSNU les 29 juin et 6 juillet 1950. Dans ces messages, il insistait sur le caractère non applicable de ces résolutions adoptées par des pays membres permanents en contravention de la Charte des Nations Unies sans consentement de l'Union soviétique et de la République populaire de Chine, autres membres permanents du CSNU.

Malgré cela, les États-Unis ont convoqué la réunion du 7 juillet, encore en l'absence de l'Union soviétique. Lors de cette réunion, ils ont mis sur pied une résolution autorisant les pays membres des Nations Unies à envoyer des forces combattre en Corée et à placer ces forces sous le contrôle d'un «  commandement unifié sous l'autorité des États-Unis d'Amérique », et donnant à ce commandement la liberté d' « utiliser le drapeau des Nations Unies ». [résolution du CSNU 84 (1950)]

Les États-Unis ont soumis le 25 juillet 1950 au CSNU un rapport de ce commandement dans lequel ils avaient librement changé le nom du « Commandement unifié » en « Commandement des Nations Unies ».

Ce n'est que le 31 janvier 1951, après que l'ex-Union soviétique, membre permanent du Conseil, participe à nouveau à ses réunions, que le Conseil a présenté un ordre du jour et adopté la résolution 90 (1951) demandant le retrait de la question intitulée « Plainte pour agression contre la République de Corée » de la liste des questions à traiter. Cette plainte avait été déposée par les États-Unis au déclenchement de la Guerre de Corée le 25 juin 1950. Par la suite, la question coréenne n'a plus été discutée.

Le CSNU a adopté une telle résolution au beau milieu de la guerre. En soi, c'était admettre que les Nations Unies avait fait une erreur depuis le début en permettant à un commandement unifié de s'engager et d'être utilisé abusivement dans la Guerre de Corée. Même les secrétaires généraux des Nations Unies successifs ont officiellement admis que le « Commandement des Nations Unies » n'est pas un organe subsidiaire des Nations Unies, mais un instrument totalement au service des États-Unis pour la guerre.

En juin 1994, le Secrétaire général des Nations Unies de l'époque Boutros Boutros-Ghali a reconnu que « le CSNU n'a pas créé en tant qu'organe subsidiaire contrôlé par lui le 'commandement unifié' qui a été placé sous l'autorité des États-Unis ». (lettre du Secrétaire général des Nations Unies au Président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême de la RPDC, le 21 décembre 1998)

Le 27 juillet 2004 et le 6 mars 2006, le porte-parole des Nations Unies a confirmé que « le 'Commandement des Nations Unies', malgré son nom, n'est pas l'armée des Nations Unies, mais une force dirigée par les États-Unis ».

Ce ne sont pas les Nations Unies mais les États-Unis qui ont le pouvoir de désigner le « commandant des forces des Nations Unies ». Ce n'est pas l'administration des Nations Unies mais l'administration des États-Unis qui a le pouvoir absolu de décider la réduction ou l'augmentation des troupes américaines portant le casque des « forces des Nations Unies » en Corée du Sud.

La composition des Nations Unies a évolué avec le temps. Cela fait d'autant plus du « Commandement des Nations Unies » un organe subsidiaire des États-Unis n'ayant rien à voir avec les Nations Unies.

Aujourd'hui, les Nations Unies ne sont plus le forum des années 1950 quand les États-Unis avaient organisé le « Commandement des Nations Unies » comme ils le souhaitaient.

Plus de vingt ans ont passé depuis que la RPDC a rejoint les Nations Unies pour en devenir un membre légitime. La Chine et la RPDC se sont assises face aux « forces des Nations Unies » pour signer conjointement l'Accord d'armistice en Corée. Quarante ans ont passé depuis que la Chine est venue à exercer son droit de représentant membre permanent du CSNU.

Malgré cette longue période, le drapeau des Nations Unies flotte toujours à Panmunjom où il est mis en avant. Ce résultat anachronique est simplement une honte pour les Nations Unies.

Le « Commandement des Nations Unies » devrait être démantelé sans délai si les Nations Unies veulent réellement regagner leur autorité et impartialité perdues.

3.

Le « Commandement des Nations Unies » est le rebut d'une époque, dont la dissolution a déjà été exigée par l'Assemblée générale des Nations Unies.

La trentième session de l'Assemblée générale des Nations Unis qui s'est tenue en novembre 1975 a adopté deux résolutions sur la dissolution du « Commandement des Nations Unies ». La résolution 3390 (xxx) B, à l'initiative de pays progressistes membres des Nations Unies, a appelé à une dissolution immédiate et inconditionnelle du « Commandement des Nations Unies ». La résolution 3390 (xxx) A soutenue par les États-Unis a exposé que le « Commandement des Nations Unies » pourrait être dissout le 1er janvier 1976 si de « nouveaux arrangements » pour le maintien de l'Accord d'armistice étaient élaborés. Voila comment les États-Unis en sont venus à émettre l'hypothèse d'un démantèlement du « Commandement des Nations Unies » sous condition. Il ne s'agit que d'une défense désespérée destinée à contrer l'appel d'une grande partie de la communauté internationale à une dissolution immédiate et sans condition du « Commandement des Nations Unies ». Tout cela montre que les États-Unis eux-mêmes ne peuvent nier l'essence illégale et anachronique du « Commandement des Nations Unies ».

Si on considère la composition du « Commandement des Nations Unies » de l'époque, il n'y avait plus de forces multinationales en Corée du Sud et seul le Commandement des États-Unis y stationnait des troupes.

Les États-Unis ont affirmé que la dissolution du « Commandement des Nations Unies » ne serait possible que si un autre mécanisme pour maintenir l'armistice était mis en place. Mais l'état actuel de cessez-le-feu n'est pas maintenu par le « Commandement des Nations Unies » en pratique.

En mars 1991, les États-Unis ont pris de manière inopinée la décision de remplacer le chef de la délégation des « forces des Nations Unies » auprès de la Commission militaire d'armistice par un général de l'armée sud-coréenne, un poste jusqu'ici occupé par un général de l'armée américaine. Les États-Unis n'ont pas cherché à consulter au préalable la RPDC pour remplacer le chef de la délégation des « forces des Nations Unies » par ce général de l'armée de Corée du Sud, laquelle n'est pas partie à l'Accord d'armistice. Il s'agissait clairement d'une provocation violant le paragraphe 61 de l'article V de l'Accord d'armistice, lequel dispose que les modifications et compléments de cet Accord d'armistice doivent être convenus par les commandants des parties opposées.

Comme les « forces des Nations Unies » perdaient leur pouvoir de représentation, la Commission militaire d'armistice était pratiquement paralysée. Finalement, la délégation des Volontaires du peuple chinois, membre de la partie coréano-chinoise de la Commission militaire d'armistice, s'est retirée en décembre 1994 et la RPDC a créé la Mission de Panmunjom de l'Armée populaire de Corée (APC) afin de maintenir le cessez-le-feu au nom de la RPDC et la Chine.

Au fil du temps, les membres de la Commission de supervision des nations neutres (CSNN) n'ont pas réussi à maintenir les positions de neutralité qu'ils avaient au moment de la signature de l'Accord d'armistice. De ce fait, la CSNN ne pouvait plus exercer ses fonctions.

Cela a conduit à la chute complète du mécanisme d'armistice précédent et le « Commandement des Nations Unies » a été réduit à un épouvantail dépourvu d'interlocuteur.

Depuis, toutes les questions relatives au bon fonctionnement de l'état de cessez-le-feu sont discutées et font l'objet de dispositions entre l'APC et les autorités militaires américaines plutôt qu'entre la RPDC et la Chine d'un côté et les « forces des Nations Unies » de l'autre.

La RPDC et les États-Unis ont exercé un contrôle efficace de l'état de ce cessez-le feu depuis des décennies et cette réalité démontre qu'il n'y a plus aucune raison de refuser de dissoudre le « Commandement des Nations Unies ».

Même pour ce qui concerne le remplacement de l'Accord d'armistice par un traité de paix, le « Commandement des Nations Unies » maintient l'héritage de la Guerre froide qui ne peut apporter aucun bien et qu'être dommageable.

Selon l'Accord d'armistice, la question d'assurer une paix durable doit être négociée lors d'une conférence politique à un niveau plus élevé que celui des commandants militaires. Le véritable supérieur hiérarchique politique du « Commandement des Nations Unies », signataire de l'Accord d'armistice, n'est pas l'Organisation des Nations Unies mais l'administration américaine.

Le gouvernement de la RPDC a proposé d'établir un nouveau mécanisme de paix dans la péninsule coréenne en avril 1994. (déclaration du ministère des Affaires étrangères de la RPDC, 28 avril 1994)

Après cela, la RPDC a encore proposé de conclure un accord provisoire entre la RPDC et les États-Unis qui pourrait remplacer l'Accord d'armistice actuel afin de prévenir les conflits armés, écarter le danger de guerre et maintenir l'état de cessez-le-feu jusqu'à la signature d'un traité de paix complet dans la péninsule coréenne. (déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPDC, 22 février 1996)

La RPDC et les États-Unis ont tenu plusieurs séries de pourparlers au niveau des généraux à Panmunjom au sujet de la mise en place d'un nouveau mécanisme d'armistice dans la péninsule coréenne.

La question de l'établissement d'un régime de paix permanent dans la péninsule coréenne a également été discutée lors des pourparlers quadripartites entre la RPDC et les États-Unis, avec aussi la participation de la Chine et de la Corée du Sud. La RPDC et les États-Unis ont eu des entretiens à Washington en octobre 2000, au cours desquels les deux parties ont confirmé qu'il y avait plusieurs façons, y compris les pourparlers quadripartites, pour mettre officiellement fin à la Guerre de Corée par l'apaisement des tensions et le remplacement de l'Accord d'armistice par un régime de paix durable dans la péninsule coréenne. (communiqué conjoint RPDC-États-Unis du 12 octobre 2000)

Un accord a été conclu lors du sommet Nord-Sud d'octobre 2007 pour parvenir à la déclaration de la fin de la guerre par les dirigeants des trois ou quatre parties directement intéressées par la question coréenne. (Déclaration du 4 octobre 2007 pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité)

Comme les faits le démontrent, il y a eu beaucoup de discussions et d'accords entre les parties concernées au sujet de la transformation de l'état de cessez-le feu en une paix durable dans la péninsule coréenne, où nous ne pouvons trouver aucune mention d'une méthode présupposant l'existence du « Commandement des Nations Unies ».

Malgré cela, le « Commandement des Nations Unies » existe encore aujourd'hui et, pour couronner le tout, tente de se relancer comme instrument de guerre destiné à être utilisé par des forces multinationales. C'est une question qui ne peut en aucun cas être négligée dans la perspective de garantir la sécurité dans la région Asie-Pacifique, y compris dans la péninsule coréenne.

Les États-Unis allèguent que les efforts de la RPDC pour renforcer sa puissance défensive nationale provoquent des tensions dans la région. Ce n'est rien d'autre qu'une ruse imprudente pour dissimuler le caractère agressif de leur stratégie en Asie-Pacifique.

Que les États-Unis démantèlent immédiatement le « Commandement des Nations Unies » ou non servira d'indicateur de la volonté des États-Unis de maintenir ou non leur politique hostile contre la RPDC, et de leur souhait de voir la paix et la stabilité ou la reprise de la Guerre froide dans la région Asie-Pacifique.

La RPDC continuera de renforcer sa dissuasion contre toutes les formes de guerre, ce qui contribue activement à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne et dans le reste de l'Asie jusqu'à ce que les États-Unis fassent un bon choix.

 

Sources :

"DPRK Foreign Ministry Issues Memorandum", KCNA, 14, mars 2013

Accord d'armistice de la Guerre de Corée, 27 juillet 1953 (en anglais)

Robert Charvin et Guillaume Dujardin, La Corée vers la réunification, L'Harmattan, 2010, pp. 156-159 

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