Les 20 et 21 avril 2012, l'antenne radio de BFM Business, qui compte 540.000 auditeurs quotidiens, a accueilli Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), dans l'émission "Good morning week-end" animée par Fabrice Lundy. Interrogé en tant qu'expert de la question coréenne après avoir conduit la délégation de l'AAFC présente en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) lors des cérémonies du centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, déjà intervenu sur le plateau de télévision de BFM Business le 19 décembre 2011, Benoît Quennedey a débattu avec Philippe Moreau Defarges, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et auteur de La géopolitique pour les nuls, Frédéric Encel, professeur de relations internationales à l’ESG Management School et à Sciences Po Paris, et Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman. Nous revenons sur les principaux éléments de la discussion.
Présent, avec les autres membres de la délégation de l'AAFC, dans la tribune officielle lors du défilé militaire organisé, le 15 avril 2012, à l'occasion du centenaire de la naissance du Président Kim Il-sung, fondateur de la RPD de Corée en 1948, Benoît Quennedey a observé qu'un événément avait été le premier discours en public du général Kim Jong-un. Ce dernier, dont la ressemblance physique avec le Président Kim Il-sung est frappante, est apparu comme la réincarnation du fondateur de la RPD de Corée, qui a conduit avec succès la guérilla antijaponaise, a tenu tête aux Etats-Unis lors de la guerre de Corée puis a engagé la Corée du Nord sur la voie d'une croissance économique très rapide - vécue comme un âge d'or. Ce premier discours en public devait s'interpréter comme un signe de confiance en soi et de continuité politique de la direction de la RPD de Corée, tandis que l'apparition pour la première fois des missiles à longue portée Taepodong lors du défilé militaire signifiait que, pour Pyongyang, la leçon de l'invasion de l'Irak en 2003 était que seule la détention d'armes de destruction massive offre une dissuasion efficace face aux risques d'intervention militaire américaine. Interrogé sur la possibilité du lancement d'un missile intercontinental ou d'un troisième essai nucléaire par la Corée du Nord, le vice-président de l'AAFC a observé que le discours du 15 avril, qui ne mettait pas en cause les Etats-Unis, avait réaffirmé la volonté de paix et de coopération de Pyongyang. Mais les condamnations des Etats-Unis et de leurs alliés après le lancement du satellite Kwangmyongsong-3 ont conduit à une révision de sa politique internationale par la Corée du Nord. Actuellement, des négociations entre les parties concernées étaient en cours, et différentes options restent ouvertes. La RPDC avait fait savoir qu'elle était prête à coopérer avec tous les pays étrangers respectant ses droits d'Etat souverain, mais qu'elle renforcerait ses capacités d'autodéfense en cas de politique hostile.
S'agissant de la situation économique, les membres de la délégation de l'AAFC ont pu constater une amélioration depuis leurs précédentes visites : important éclairage de la capitale la nuit témoignant d'une hausse de la production d'électricité, augmentation du nombre d'abonnement au réseau de téléphonie mobile ayant franchi la barre du million de souscripteurs, circulation automobile accrue... Même si ces témoignages se limitent à ce qui est montré aux visiteurs étrangers, et si comme l'a souligné Pascale Joannin il existe plusieurs économies en RPDC, le contraste est net par rapport à la situation du début des années 2000 : les photos satellitaires montrant une Corée du Nord souffrant d'une pénurie d'électricité la nuit correspondent à la situation des années 1990, et pas à celle de 2012, alors que la croissance économique a été évaluée à 5,2 % pour l'année 2011 par l'Institut de recherche du groupe Hyundai.
Interrogé sur les inégalités sociales et les difficultés vécues par les Nord-Coréens vivant dans les zones de rétention, Benoît Quennedey a observé que, dans tout pays, les zones d'éloignement et les lieux d'enfermement sont toujours ceux où la vie au quotidien est la plus précaire, mais qu'une amélioration générale de la situation économique et sociale se diffuse à l'ensemble du pays. A une remarque de Pascale Joannin sur la possibilité qu'avait eu l'Inde de procéder récemment à un tir de missile intercontinental, en violation des résolutions du Conseil de sécurité la concernant, il a remarqué que l'absence de condamnation par les Etats-Unis et les pays occidentaux, à la différence de la Corée du Nord, était une illustration de l'application de doubles standards dans les relations internationales. Interrogé enfin sur la cartographie du pouvoir nord-coréen, il a invité à tenir compte des liens interpersonnels sans se limiter à des critères comme la dichotomie entre les civils et les militaires, tout en soulignant l'importance de l'appartenance au groupe - comme dans les autres pays d'Asie orientale - pour mieux appréhender la réalité des centres de décision à Pyongyang. A cet égard, l'émergence d'une génération de dirigeants plus jeunes, âgés d'une soixantaine d'années, doit être relevée comme le signe d'un renouvellement en cours des élites.
L'ensemble de l'émission du 21 avril 2012 peut être téléchargée en cliquant sur ce lien. L'intervention de Benoît Quennedey commence à la 31ème minute.