Les 28 et 29 janvier s'est tenue, à Pyongyang, la quatrième conférence des secrétaires de cellule du Parti du travail de Corée (PTC). Le discours de clôture du Président Kim Jong-un, Premier secrétaire du PTC, a mis l'accent sur le rôle primordial joué par les secrétaires de cellule vis-à-vis de leurs compatriotes de République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour élever le niveau de vie de la population et assurer l'égalité des chances entre tous les citoyens. L'accent mis sur ce dernier point témoigne de la volonté des autorités nord-coréennes d'élargir et de renforcer la base sociale des institutions de la RPDC, alors que l'accession d'enfants et de petits-enfants d'ouvriers, de mineurs et de paysans au sommet de l'Etat a été un puissant facteur de mobilisation sociale dans les années et les décennies ayant suivi la fondation de la République populaire démocratique de Corée - avant que les difficultés économiques apparues dans les années 1990 ne limitent les possibilités d'ascension sociale.
Après avoir souligné le rôle joué par les cellules du Parti du travail de Corée, sous l'autorité du Président Kim Il-sung et du dirigeant Kim Jong-il, dans l'édification du socialisme en Corée et la consolidation de l' "unité monolithique" entre le Parti, le peuple et l'armée, Kim Jong-un, Premier secrétaire du PTC, a mis l'accent sur les tâches à accomplir par les secrétaires de section au moment où "la révolution [coréenne] aborde un nouveau tournant", dans l'édification d'une puissance économique et la consolidation de "la conscience de classe face à l'impérialisme".
Parmi les améliorations à apporter dans le travail des organisations de base que constituent les cellules du PTC, la lutte contre les "abus de pouvoir" et les "pratiques bureaucratiques" a été placée au coeur des objectifs de renforcement du Parti en direction des citoyens coréens. Il convient ainsi d'intensifier les critiques provenant de la base à l'égard des dirigeant inefficaces ou corrompus, en rendant compte aux échelons supérieurs du Parti.
Kim Jong-un a cité le 66ème anniversaire de la fondation de l'Union des enfants coréens comme un exemple témoignant de l'engagement prioritaire du Parti en direction des masses, en observant qu'avaient pris part à ces manifestations "les enfants de travailleurs ordinaires, de paysans, de fonctionnaires et d'intellectuels, plutôt que [les enfants de]s cadres". De même, il a souligné que les "enfants de ceux qui ont commis des crimes contre le pays" n'avaient pas été discriminés en étant nommés comme délégués, dès lors que leur comportement exemplaire au sein des mouvements de jeunesse justifiait qu'ils soient choisis. Déjà, l'accession au pouvoir du Président Kim Il-sung, âgé de seulement 33 ans lors de la libération de la Corée en 1945, avait coïncidé avec un renouvellement social et générationnel à la tête du nouvel Etat coréen, en rupture avec la tradition qui avait accordé la prééminence aux nobles, ainsi qu'aux personnes les plus âgées - suivant la pratique confucéenne. L'amour et la confiance du Parti à l'égard de l'ensemble des citoyens sont comparés à ceux que la mère, figure protectrice, doit prodiguer à ses enfants.
Il est également souligné que le rôle du PTC en direction des citoyens ne doit pas être conduit de manière uniforme, en refusant toute discrimination en direction des personnes qui ne suivent pas les idées du Parti. A l'égard de ces derniers, la priorité doit être à un travail d'éducation et de persuasion, car c'est "la confiance politique qui entraîne la loyauté", et pas l'inverse.
Cette démarche d'ouverture renvoie aux conditions d'adhésion au PTC, qui regroupe d'ores et déjà environ un sixième des citoyens de la RPDC, soit une proportion très supérieure à celle des Partis communistes au pouvoir, ou anciennement au pouvoir, dans les démocraties populaires. Ce rejet d'un certain élitisme s'inscrit dans la recherche d'une symbiose entre le PTC et l'ensemble des couches sociales. Il fonde aussi l'analyse des dirigeants nord-coréens selon laquelle la disparition de l'URSS et des démocraties populaires d'Europe de l'Est a été la conséquence d'un manque d'attention accordé au travail idéologique, ainsi que de la place prise par les opportunistes et les carriéristes au sein du Parti.
Si les références aux aînés révolutionnaires s'inscrivent à la fois dans la tradition de la RPDC et de la culture coréenne de respect des anciens, il est peu banal que soient aussi nettement mises en exergue les critiques en creux formulées contre certaines pratiques au sein du Parti. L'encouragement à une rénovation des pratiques, ainsi que la valorisation des exemples tendant à promouvoir l'égalité des chances, doivent s'interpréter comme une volonté de renforcer les bases sociales des institutions nord-coréennes, quand s'engagent de nouvelles "batailles de la production" et dans un contexte international incertain, ce qui conduit à exalter l'unité de la population autour du Parti et de ses dirigeants.
Source : KCNA
Discours de Kim Jong-un traduit en français sur le site Naenara