Le 18 janvier 2012, Karen Wolstenholme, ambassadrice du Royaume-Uni en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a donné un entretien à l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. L'AAFC revient sur les principaux éléments de cette interview, qui livre une analyse sur la situation politique actuelle de la RPD de Corée et souligne aussi le rôle joué par la représentation diplomatique à Pyongyang d'une des principales puissances européennes, l'accent mis sur la coopération pouvant offrir un modèle des actions susceptibles d'être conduites par le tout nouveau bureau français de coopération à Pyongyang, qui a ouvert en octobre 2011.
Ayant notamment été en poste à Moscou, l'ambassadrice britannique à Pyongyang, Karen Wolstenholme, est une diplomate chevronnée, arrivée en poste en RPD de Corée en septembre 2011. Alors qu'elle était en Grande-Bretagne à l'annonce du décès du Président Kim Jong-il, le 19 décembre 2011, elle a indiqué avoir immédiatement pris un vol pour Pyongyang, dans un entretien qu'elle a donné à l'agence sud-coréenne Yonhap, à la résidence de l'ambassadeur britannique à Séoul, le 18 janvier dernier. Si elle précise n'avoir pas pu se rendre à la chapelle ardente, elle a été présente à la cérémonie des obsèques, qui s'est tenue au palais mémorial Kumsusan. Au demeurant, les autres pays européens représentés à Pyongyang au niveau d'une ambassade - comme l'Allemagne et la Suède - ont également rendu hommage au dirigeant défunt, se conformant ainsi aux usages diplomatiques et aux règles de politesse en Asie. Selon nos informations, il apparaît que la France n'a pas suivi ses partenaires européens, ce cavalier seul étant par ailleurs préjudiciable à l'émergence d'une politique européenne commune dans le domaine des affaires étrangères et de la défense.
S.E. Karen Wolstenholme a démenti les rumeurs sur de prétendues restrictions à l'utilisation des devises étrangères en Corée du Nord. S'agissant de la nouvelle direction politique en RPD de Corée, elle a observé la stabilité du processus de succession et la continuité par rapport au Président Kim Il-sung et au dirigeant Kim Jong-il. Elle a également souligné que le général Kim Jong-un avait été bien préparé pendant dix-huit mois à l'exercice de ses nouvelles fonctions, et qu'il avait "confiance en lui". Selon elle, il n'y a donc ni vacance du pouvoir, ni instabilité politique à Pyongyang.
Toujours dans son entretien à l'agence Yonhap, l'ambassadrice Karen Wolstenholme a aussi souligné les acquis de la coopération bilatérale qu'a permis l'installation par Londres d'une représentation diplomatique permanente, au niveau d'une ambassade, à Pyongyang. Une aide est dispensée aux enfants des orphelinats et aux handicapés. Par ailleurs, la célébration du dixième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et la RPD de Corée, fin 2010, avait été l'occasion de la venue de l'équipe de football féminin de Middlesbrough en Corée du Nord, tandis que la télévision nord-coréenne avait diffusé le film de Gurinder Chadha Joue-la comme Beckham. La culture a toujours été au coeur des échanges entre Londres et Pyongyang, l'Association britannique pour les études coréennes, en collaboration avec le British Museum, ayant notamment organisé des journées d'études en 2001 et en 2002, dont les travaux ont été publiés dans un recueil intitulé North Korean Culture and Society, après l'établissement de relations diplomatiques complètes. Des expositions d'art contemporain nord-coréen ont aussi été organisées en Angleterre dans la deuxième moitié des années 2000.
Dans l'immédiat, un des projets les plus prometteurs est la sélection en 2011, par le poste diplomatique britannique à Pyongyang, de deux boursiers nord-coréens pour des études à l’université de Cambridge dans le cadre du programme de bourses «Chevening» du ministère des Affaires étrangères, et dont l'équivalent français serait le programme «Personnalités d'avenir» du Quai d'Orsay. Cet exemple donne du grain à moudre pour le tout récent bureau français de coopération à Pyongyang, qui a ouvert ses portes en octobre 2011, si la France veut assurer son rayonnement parmi les futures élites nord-coréennes, comme elle en a manifesté la volonté dans le reste du monde.
Sources : AAFC, Yonhap (dont photo).
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