Le 27 juillet 1953, après trois ans et plusieurs millions de morts, les combats de la Guerre de Corée, guerre civile internationalisée, prirent fin avec la conclusion d'un simple armistice entre les belligérants : la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et les Volontaires du peuple chinois, d'une part ; les Etats-Unis, d'autre part. La République de Corée (du Sud) n'a, quant à elle, pas voulu signer l'Accord d'armistice. Aucun traité de paix n'est venu remplacer le régime d'armistice et un conflit armé majeur peut éclater à tout moment dans une péninsule coréenne « techniquement » en état de guerre, alors que les Etats-Unis stationnent toujours 28.500 soldats en Corée du Sud, en conservant le contrôle opérationnel des forces armées sud-coréennes en temps de guerre au moins jusqu'en 2015. Dans un tel contexte, la négociation d'un véritable traité de paix en Corée s'affirme plus que jamais nécessaire.
Le conflit armé qui éclata en Corée le 25 juin 1950 fut la suite logique de la division imposée en 1945 par les grandes puissances, Etats-Unis en tête, alors que le peuple coréen venait de se libérer de la colonisation japonaise.
A la veille du déclenchement de la guerre, les incidents militaires s'étaient multipliés le long du 38ème parallèle séparant désormais le Nord et le Sud de la Corée. Ainsi, en mai 1949, un accrochage avait fait 400 victimes parmi les soldats nord-coréens et 22 parmi les sud-coréens.
Dans une situation aussi confuse, la recherche d'un responsable du « premier coup de feu » au matin du 25 juin 1950 n'a aucune signification. De son côté, la RPD de Corée nie avoir été l'agresseur, rappelant que, le 23 juin 1950, le Sud avait procédé à des bombardements d'artillerie sur les défenses du Nord à travers le 38ème parallèle, jugés préparatoires à une offensive générale. Selon la RPDC, l'armée sud-coréenne pénétra le 25 juin de 1 à 2 kilomètres au Nord, déclenchant la contre-attaque de l'Armée populaire de Corée.
Aucune observateur impartial n'étant sur le terrain, il est difficile de savoir si les rapports des militaires sud-coréens et américains, transmis à l'Ambassade des Etats-Unis, puis relayés ensuite par le représentant des Nations Unies en Corée du Sud, étaient conformes à la réalité. En tout état de cause, ces observations défavorables à la RPDC ont pu s'imposer aux Nations Unies et dans l'opinion occidentale, ce qui était l'essentiel pour les Etats-Unis, lesquels surent fabriquer l'événement leur donnant la meilleure position politique.
La Guerre de Corée a été, avant tout, une guerre civile internationalisée.
En 1950, l'issue de la guerre civile paraissait évidente : les forces révolutionnaires et nationalistes, réfugiées au Nord, mais présentes aussi au Sud, l'auraient rapidement emporté. Le mécontentement de la population du Sud devant le maintien des privilèges de ceux qui, déjà, durant la colonisation japonaise avaient prospéré, et face à une armée américaine se comportant en maître absolu et en force d'occupation, ne pouvait que provoquer des réactions patriotiques.
La Commission Vérité et Réconciliation, créée en 2005 en Corée du Sud, a commencé à révéler les pratiques sud-coréennes et américaines à l'égard des « suspects » communistes au tout début de l'affrontement. Les premières fouilles de 160 fosses communes recensées ont fait apparaître, par exemple, les restes de 3000 Sud-Coréens exécutés pour « sympathie communiste » à Daegu. A Dokchon, de 2 à 300 personnes. Ces massacres prouvent que l'ennemi n'était pas l'Etat nordiste, mais les communistes où qu'ils soient et quoiqu'ils aient fait au Sud comme au Nord.
La guerre civile coréenne a été internationalisée afin d'éviter une victoire nationaliste et communiste en Corée. Les principaux responsables sont les Etats-Unis, sous couvert de l'ONU, alors que les problèmes internes de la Corée ne pouvaient présenter une menace quelconque pour la paix dans la région, encore moins dans le monde. C'est au contraire cette internationalisation qui va provoquer une menace pour la paix mondiale, notamment lorsque l'armée américaine et son commandant en chef Mac Arthur envisageront d'utiliser l'arme atomique contre la Chine, elle-même intervenue à partir d'octobre 1950 pour aider ses alliés nord-coréens.
Après des négociations entamées dès 1951 entre les belligérants, un accord de cessez-le-feu, rejeté par les sud-Coréens, fut conclu, puis un armistice le 27 juillet 1953, toujours en vigueur puisqu'aucun traité de paix mettant fin juridiquement au conflit n'a été signé.
Désormais les deux parties de la Corée sont radicalement séparées, de part et d'autre du 38ème parallèle, comme avant le conflit, par une accumulation de destructions réciproques et de deuils. Le chiffre total des victimes coréennes dépasse les 3 millions. Les Chinois ont perdu 500.000 hommes tandis que l'armée américaine et ses alliés ont, officiellement, perdu 33.000 hommes et comptent 100.000 blessés.
L'Accord d'armistice a été violé presque immédiatement par les Etats-Unis qui, depuis 1955, n'ont cessé d'introduire des armes, y compris nucléaires, en Corée, malgré les dispositions explicitement contraires de l'Accord, notamment son article II, 13.d. : « Arrêter l'introduction en Corée d'avions de combat, de blindés, d'armes et munitions, à condition, néanmoins, que les avions de combat, les blindés, les armes et munitions qui sont détruits, endommagés, mis hors d'usage, épuisés, pendant la période de l'armistice puissent être remplacés sur le principe du remplacement de chaque pièce par une pièce de la même efficacité et du même type. »
Dans la péninsule coréenne, l'état de belligérance demeure, source de tensions supplémentaires, et la RPDC subit toujours un embargo féroce.
Néanmoins, en 1953, pour la première fois dans l'histoire, la politique expansionniste des Etats-Unis a été stoppée, prélude à l'échec total subi au Vietnam.
Source principale : Robert Charvin et Guillaume Dujardin, La Corée vers la réunification, L'Harmattan, 2010