Le quatorzième festival international du film de Pusan s'est ouvert avec un film de Jang Kin Good morning President, récit de la vie personnelle de trois présidents (fictifs) qui se succèdent à la tête de l'Etat. Un récit humoristique et distancié sur un sujet politique, rarement traité suivant une telle approche en Corée du Sud, mais dans lequel certains partisans du président actuel, le conservateur Lee Myung-bak, ont voulu voir une critique de ce dernier.
En présentant chaque année environ 270 films, et en accueillant 7.000 professionnels de l'industrie cinématographique et 1.700 journalistes spécialisés, le Festival international du film de Pusan est l'un des grands rendez-vous du cinéma asiatique et du cinéma mondial. L'édition 2009 comporte 355 films provenant de 70 pays, dont 98 premières mondiales et 46 premières internationales.
La quatorzième édition du Festival, du 8 au 16 octobre 2009, s'est ouverte avec un long métrage de Jang Kin. Le réalisateur a choisi de traiter sur un ton décalé un thème politique : Good morning President examine la vie privée de trois présidents de la République successifs : un ancien dissident embarrassé par un billet de loterie gagnant, un jeune politicien de belle prestance qui a fait un don d'organe et la première femme à accéder à la magistrature politique suprême, mais dont le mari est confronté à un scandale professionnelle lourd de menaces non seulement pour sa présidence, mais aussi pour son mariage.
Dans une société sud-coréenne encore fortement imprégnée d'un confucianisme qui se fonde, notamment, sur le respect pour les autorités, ce mode d'approche a suscité des réactions hostiles parmi les partisans de l'actuel président de la République, le conservateur Lee Myung-bak. Car Jang Kin a beau plaider qu'il s'agit de personnes fictifs, les traits de caractère qu'ils prêtent à ses personnages sont criants de vérité : alors que la corruption est un mal endémique de la vie politique sud-coréenne, un scandale impliquant la famille de son prédécesseur Roh Moo-hyun a conduit ce dernier au suicide entraînant, curieusement, la fin des poursuites judiciaires. Enfin, alors que Lee Myung-bak a battu (de peu) sa rivale dans la primaire interne au Grand parti national, empêchant Park Geun-hye (fille du général Park Chung-hee, au pouvoir jusqu'en 1979) de devenir la première femme Présidente de la République, les deux prédécesseurs de Lee Myung-bak, les démocrates Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung, ont été des opposants courageux au régime militaire.
La politique est d'ailleurs particulièrement présente tout au long du quatorzième Festival international du film de Pusan, puisque celui-ci se clôturera avec la projection du Message, un film d'espionnage de Chen Kuo-fu et Gao Qunshu se projetant en 1942, dans la Chine sous occupation japonaise.
Good morning President est un film à voir, non seulement pour l'habilité des portraits psychologiques dépeints par Jang Kin, mais aussi par ce qu'il révèle de la société politique sud-coréenne, ainsi que du nouveau rapport des citoyens sud-coréens à la chose publique, débarrassés des pesanteurs du régime militaire.
Sources : Unifrance, fil de presse L'Etoile, vimooz.com (dont photo)
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