La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a interrompu le démantèlement de ses installations nucléaires et n'exclut pas de remettre en service son principal réacteur en représailles au refus américain de la retirer de sa liste des Etats soutenant le terrorisme. Ce dernier développement était parfaitement prévisible compte tenu des antécédents entre les deux pays et de la mauvaise volonté manifeste de la partie américaine.
Un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse nord-coréenne KCNA, a affirmé que le règlement du problème nucléaire dans la péninsule coréenne bute sur le refus des Etats-Unis de respecter leurs engagements. En conséquence, les opérations de démantèlement du réacteur nucléaire de Yongbyon sont suspendues depuis le 14 août, et la RPDC envisage de réactiver cette installation mise hors service en juillet 2007.
Situé à environ 100 kilomètres au nord de Pyongyang, la capitale nord-coréenne, le réacteur de Yongbyon a une capacité de 5 mégawatts. Deux autres réacteurs d'une capacité plus élevée sont en construction, ainsi qu'un centre de traitement du plutonium. Les autorités nord-coréennes avaient accepté de désactiver le réacteur de Yongbyon avant de procéder, le 27 juin dernier, à la démolition de sa tour de refroidissement.
La RPDC négocie depuis 2003, avec les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine, la Russie et le Japon, l'abandon de son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique et de garanties diplomatiques et de sécurité. Elle a fermé son principal réacteur nucléaire et commencé à le démanteler dans le cadre d'un accord multilatéral conclu début octobre 2007, puis a remis le 26 juin un inventaire détaillant ses activités atomiques. Mais les discussions achoppent sur les modalités de vérification.
Les Etats-Unis exigent que la Corée du Nord accepte un mécanisme complet de vérification (inspections surprises des sites, remise d'échantillons de matériaux et d'équipements, etc...), avant de la retirer de leur liste des Etats soutenant le terrorisme. Un tel retrait pouvait être effectif dès le 11 août 2008.
"Rester sur la liste des Etats qui ne sont pas humiliés par les Etats-Unis nous importe peu", a assuré le porte-parole en assimilant les demandes d'inspections américaines à une "violation" de la souveraineté de la RPDC. "Les Etats-Unis auraient grand tort de croire qu'ils pourront procéder à des fouilles chez nous comme ils l'ont fait en Irak", a-t-il dit.
Déjà, tout en annonçant le 26 juin 2008 la fin de l'application du Trading with the Enemy Act (loi sur le commerce avec les pays ennemis, appliquée à la RPDC depuis 1950), le président Bush décrétait, le même jour, un "état d'urgence national" nécessitant de maintenir à l'encontre de la Corée du Nord certaines restrictions qui auraient autrement été annulées.
Il est à noter que l'annonce de l'interruption du démantèlement des installations nucléaires nord-coréennes intervient alors que le président chinois Hu Jintao, dont le pays accueille les pourparlers à six pays, était en visite officielle à Séoul. A cette occasion, le président Chinois et son homologue sud-coréen, Lee Myung-bak, ont réaffirmé leur volonté de convaincre Pyongyang de renoncer à ses ambitions atomiques.
Dans le contexte actuel, le maintien des exercices militaires Ulchi Freedom Guardian pourrait donc avoir été la provocation de trop.
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