Le 8 juillet 1994, le Président Kim Il-sung décédait après avoir dirigé la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pendant quarante-six ans, d'abord comme Premier ministre (de 1948 à 1972), puis comme président. Au dix-septième anniversaire de son décès, l'Association d'amitié franco-coréenne rappelle le parcours du patriote et homme d'Etat coréen qui joua un rôle majeur dans l'histoire du vingtième siècle.
Né le 15 avril 1912 à Mangyongdae, dans les environs de Pyongyang, Kim Song-ju prend le nom de Kim Il-sung comme résistant à l'occupation japonaise de la Corée (1910-1945).
En 1925, après l'arrestation de son père par la police japonaise, le jeune Kim Il-sung part en Chine. Il y fonde en 1926 (année du décès de son père) l'Union pour abattre l'impérialisme qui devient en 1927 l'Union de la jeunesse anti-impérialiste.
Le 25 avril 1932, Kim Il-sung crée les forces permanentes de l’Armée de guérilla populaire antijaponaise, devenues par la suite l'Armée révolutionnaire populaire coréenne (ARPC). Un des principaux faits d'armes de l'ARPC est, le 4 juin 1937, la bataille de Pochonbo (nord-est de la Corée). Poursuivis par l'armée japonaise, Kim Il-sung et ses partisans continuent la lutte jusqu'en Mandchourie.
Après la capitulation japonaise, le 15 août 1945, Kim Il-sung rentre en Corée. Le 10 octobre 1945, il crée le Comité organisationnel central du Parti communiste de Corée du Nord et proclame la fondation du Parti communiste, auparavant miné par des divisions internes. Le 8 février 1946, est créé le Comité populaire provisoire de Corée du Nord et Kim Il-sung en devient le président. En août 1946, le Parti communiste de Corée fusionne avec le Parti néo-démocratique pour donner naissance au Parti du travail de Corée.
Opposé aux élections séparées organisées en Corée du Sud le 10 mai 1948, Kim Il-sung se rapproche des opposants au régime autoritaire du président du Sud Syngman Rhee, à l'instar du nationaliste Kim Ku, pour fonder la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre 1948. Kim Il-sung est élu Président du Conseil des ministres de la RPDC. En décembre 1972, une nouvelle Constitution de la RPDC est proclamée et Kim Il-sung devient Président de la République.
Quand la Guerre de Corée - appelée en RPDC «Guerre de libération de la patrie» - éclate le 25 juin 1950, Kim Il-sung dirige l'Armée populaire de Corée. Les Américains et leurs alliés sont refoulés au sud du 38eme parallèle et, le 27 juillet 1953, un armistice met fin aux combats. Néanmoins, aucun traité de paix n'est signé entre les belligérants. Depuis, la RPDC n'a eu de cesse de demander la négociation d'un tel traité, toujours refusée par les Etats-Unis.
Après cette guerre qui marque durablement la mémoire coréenne, la politique suivie par la RPDC sous la direction de Kim Il-sung obéit strictement aux principes d'indépendance nationale dans le domaine économique et d'auto-défense dans le domaine militaire. Le pays se reconstruit «à la vitesse de Chollima», le cheval ailé des légendes coréennes, capable de parcourir 1.000 ri par jour (10 ri équivalant à 4 km). Longtemps, les résultats économiques de la Corée du Nord dépassent ceux de la Corée du Sud, alors que cette dernière bénéficie du soutien des Etats-Unis. Dans le même temps, la RPDC suit une politique équilibrée et indépendante vis-à-vis de ses deux puissants voisins, la République populaire de Chine et l'Union soviétique. Ainsi, la RPDC n'adhère pas au Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM/COMECON) qui réunit depuis 1949 les pays du bloc communiste, à l'exception de la Chine.
Le Président Kim Il-sung est aussi l'inspirateur de grands principes - acceptés tant au Nord qu'au Sud - devant permettre une réunification de la péninsule coréenne.
Le 4 juillet 1972, dix-neuf ans après l’armistice de la guerre de Corée, le Nord et le Sud signent un premier communiqué commun reprenant les principes énoncés quelques mois plus tôt par le Président Kim Il-sung : principe d’indépendance, la réunification devant être l’œuvre des Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure d’un autre pays ou d’une organisation internationale ; principe de paix, la réunification devant être réalisée de manière pacifique, sans recours aux armes ; principe de grande union nationale, chacun des deux Etats coréens s’engageant à respecter les différences de systèmes politique, économique et social de l’autre partie.
En octobre 1980, lors du sixième Congrès du Parti du travail de Corée, le Président Kim Il-sung propose la fondation d’une République fédérale démocratique du Koryo (RFDK) caractérisée par : un comité permanent fédéral dirigeant l’Etat fédéral et devant conduire des projets communs au Nord et au Sud ; une seule assemblée formée à parité de représentants du Nord et du Sud, ainsi que de représentants des Coréens d’outre-mer ; une seule armée, réduite à 100.000 hommes. La RFDK serait un Etat neutre, indépendant des blocs politiques et militaires, ce qui suppose le retrait des troupes américaines du Sud, respectant l’autonomie des gouvernements régionaux du Nord et du Sud.
Au dix-septième anniversaire du décès du Président Kim Il-sung, l'Association d'amitié franco-coréenne tient à rendre hommage à l'homme d'Etat attaché aux principes d'indépendance nationale et de souveraineté des peuples, et au patriote qui lutta jusqu'au dernier jour pour la réunification de son pays.
A la fin de sa vie, dans l'avant-propos de ses mémoires, A travers le siècle (Editions en langues étrangères, Pyongyang, 1992), le Président Kim Il-sung écrit : « Ma vie n'a rien de spécial sinon que j'ai tâché de la mettre au service de ma patrie en unissant mon destin à celui du peuple. Cela m'a suffi et j'en tire joie et satisfaction. »