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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 12:59

Le 30 octobre 2009, le gouvernement sud-coréen a annoncé l'envoi de 300 soldats et policiers en Afghanistan, deux ans après l'enlèvement par les taliban et la mort de missionnaires sud-coréens, qui avait entraîné le retrait des troupes sud-coréennes. Alors que la décision formelle ne doit intervenir qu'après un rapport d'une équipe qui doit se rendre prochainement sur place, puis l'accord du Parlement, le gouvernement sud-coréen s'est efforcé de désamorcer les critiques attendues de l'opinion publique. Il a déclaré qu'il s'agirait seulement de protéger des travailleurs civils participant à la reconstruction du pays. Son annonce intervient avant la rencontre prévue en novembre entre Lee Myung-bak et Barack Obama : les Etats-Unis, qui considèrent l'Afghanistan comme un des principaux champs de bataille de la "guerre contre le terrorisme", ont salué l'annonce de Séoul, tout en s'évertuant à réfuter tout arrangement américano - sud-coréen avant le sommet du mois prochain.

Alors que la
participation sud-coréenne aux opérations menées en Irak sous commandement américain avait soulevé de nombreuses protestations dans le Sud de la péninsule, le gouvernement a multiplié les précautions pour l'annonce du retour de troupes sud-coréennes en Afghanistan. Cette décision, apparemment d'ores et déjà prise, à la veille d'un sommet en novembre entre Lee Myung-bak et Barack Obama, témoigne de l'étroitesse des relations entre les deux pays, suivant une tradition de soutien constant de la Corée du Sud aux guerres des Etats-Unis : entre 1965 et 1973, 312.853 soldats sud-coréens ont combattu au Vietnam aux côtés des troupes américaines, faisant de la Corée du Sud le deuxième pays étranger le plus impliqué dans le conflit.

Si la présence militaire annoncée en Afghanistan, avec plus de 200 soldats et une trentaine de policiers (300 hommes au total, selon d'autres sources), est plus modeste, elle n'en témoignerait pas moins d'un spectaculaire retour des troupes sud-coréens dans l'un des principaux foyers de la "guerre contre le terrorisme" menée par les Etats-Unis. En effet, en 2007, les troupes sud-coréennes s'étaient retirées d'Afghanistan sur la demande des taliban, après que ces derniers eurent capturé un groupe de missionnaires protestants sud-coréens, dont deux avaient été tués.

De multiples précautions ont été prises par Yu Myung-hwan, ministre des Affaires étrangères, pour cette annonce, intervenue lors d'une audition par les députés de la commission des affaires étrangères, le 30 octobre 2009. Le ministre a déclaré attendre le rapport d'une équipe qui se rendra bientôt sur place, avant l'accord final du Parlement. Cette prudence traduit une inquiétude face aux protestations attendues, tant de l'opinion publique que de l'opposition. Lors d'une rencontre avec M. Yu, Chung Se-kyun, dirigeant du Parti démocrate (principale force d'opposition, centriste) a déclaré que son parti avait une "perception fondamentalement négative" des actions conduites en dehors des opérations de maintien de la paix.

Selon Moon Tae-young, porte-parole du ministre des Affaires étrangères, le mandat des troupes sud-coréennes serait limité à la protection de travailleurs civils participant aux équipes de reconstruction provinciale (dans le cadre d'un programme plus connu par son acronyme anglais : PRT, pour Provincial reconstruction team), dont les effectifs seraient eux-mêmes portés de 25 à 130. Cette équipe, composée de médecins et de personnels spécialisés dans la formation, se trouve aujourd'hui dans la base aérienne américaine de Bagram. Trois sites sont envisagés comme base des troupes sud-coréennes : Kaboul, Day Kundi et Nimroz. Le choix de Kaboul est le plus souvent cité, du fait de sa proximité avec la base américaine de Bagram (photo ci-dessous).


La Corée du Sud rejoindrait ainsi les 14 autres pays de la coalition participant aux opérations de reconstruction du pays, conduites en application d'une résolution des Nations-Unies dans les zones frappées par la guerre, en répondant ainsi à la demande du gouvernement afghan. Les personnesl civils travaillent en étroite coopération avec les troupes de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS, ou International Security Assistance Force : ISAF, ci-dessous carte des commandemants régionaux de l'ISAF et des opérations PRT en septembre 2008) qui opère en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN. Dans un communiqué en date du 31 octobre, Robert Gibbs, secrétaire à la presse de la Maison-Blanche, a salué l'annonce du gouvernement sud-coréen :  "C'est une contribution importante à l'effort international en Afghanistan et pour encourager la stabilité et la reconstruction de la région".

Selon le gouvernement sud-coréen, il ne s'agirait pas de troupes de combat, mais les soldats pourraient être "obligés" d'intervenir dans des "tirs croisés involontaires", ce qui justifierait le déploiement d'équipements lourds - dont des tanks.

Les soldats et les policiers déployés seront deux fois plus nombreux que les civils avec, en théorie,  pour seul mandat d'assurer la protection. L'autre annonce faite simultanément par le gouvernement sud-coréen est que le nombre de ces personnels serait multiplié par cinq, alors que leur protection pouvait jusqu'à présent être assurée par les seules troupes américaines. En outre, comme le montre l'expérience d'autres opérations en principe strictement civiles, la frontière est poreuse avec des actions ouvertement militaires. Malgré les démentis des deux parties, tout indique que Séoul entend apporter sa contribution à la guerre américaine contre le terrorisme, à la veille de la rencontre prévue en novembre entre Barack Obama et Lee Myung-bak.

Le président sud-coréen a fait du
resserrement des liens avec Washington l'un des axes majeurs de sa politique étrangère.

Sources :
CCTV, Hindustantimes, The Korea Herald, Kuwait News Agency (KUNA)

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