A l'issue de sa mission de cinq jours en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), Jack Lang, envoyé spécial du président de la République Nicolas Sarkozy, a fait état de "progrès positifs" sur plusieurs dossiers, y compris la question nucléaire. Jack Lang a indiqué qu'il rendrait compte de sa mission au président français et proposerait des initiatives, alors que la France est l'un des deux derniers pays de l'Union européenne à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPDC.
Si l'on se garde de toute annonce prématurée, tant du côté français que nord-coréen, il est clair que la visite de cinq jours en RPDC de Jack Lang, envoyé spécial du président de la République, du 9 au 13 novembre 2009, a permis l'engagement d'un dialogue politique entre Paris et Pyongyang. Jack Lang a rencontré M. Pak Ui-chun, ministre des Affaires étrangères, et M. Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême, qui exerce les fonctions de chef de l'Etat. Au total, selon les propres termes de Jack Lang, ce dernier a eu "dix heures de rencontres cordiales, franches et chaleureuses" avec les responsables nord-coréens. Pour leur part, les autorités nord-coréens ont fait état d'échanges dans un climat de "respect mutuel". Selon l'envoyé spécial du quotidien Le Monde à Pyongyang, Philippe Pons, il s'agit d' "une formule qui n'est pas neutre pour un pays qui se sent ostracisé et demande le respect de sa souveraineté. M. Lang était la première personnalité politique française de haut niveau à se rendre à Pyongyang depuis la visite, en février 1981, de François Mitterrand, alors secrétaire du Parti socialiste et candidat à la présidence".
Ce déplacement clôturait une série de visites de Jack Lang dans les Etats parties aux pourparlers à six sur la question nucléaire coréenne.
Dans un entretien donné à l'AFP en Chine, à son retour de Corée du Nord, Jack Lang a déclaré que "les plus hauts dirigeants nord-coréens ont annoncé que, dans un geste particulier envers la France, ils avaient accepté notre proposition d'un échange avec la France sur les droits de l'homme". Jack Lang a rappelé que, par le passé, un dialogue s'était engagé entre l'Union européenne et la Corée du Nord sur le même sujet, avant d'être rompu en 2003. Selon les sources dont disposent l'AAFC, les gouvernements de Jacques Chirac avaient appuyé des positions rigoureuses au sein des institutions européennes, ce qui n'avait pas été sans conséquences dans la rupture de ce dialogue entre l'UE et la RPD de Corée.
Ce geste des autorités nord-coréennes, qui ne s'adresse qu'à Paris, est d'autant plus significatif que, parmi les trois conditions posées par la France à l'établissement de relations diplomatiques complètes avec la RPDC (la question nucléaire, les relations intercoréennes et les droits de l'homme), seuls les droits de l'homme ont justifié de manière constante que notre pays soit l'un des deux Etats membres de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas avoir franchi le cap de la reconnaissance diplomatique, cette question étant au coeur de la mission confiée à Jack Lang. Par ailleurs, les droits de l'homme sont un des arguments utilisés, tant au Japon que dans les milieux conservateurs américains et sud-coréens, pour appeler la France à la prudence dans l'établissement de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang. Sans ignorer les objectifs diplomatiques de Washington, Séoul ou Tokyo, la diplomatie française doit cependant d'abord défendre nos intérêts propres.
L'ancien ministre socialiste a fait état de discussions sur de nombreux sujets, de la coopération à des questions plus controversées, comme le nucléaire, en observant que la France pourrait "jouer un certain rôle" pour relancer les pourparlers. Ayant pu visiter de nombreuses régions en Corée du Nord, l'envoyé spécial du Président français a déclaré que "la situation sociale dans certaines régions était très difficile... particulièrement en ce qui concerne la santé et l'alimentation".
Jack Lang a indiqué qu'il rendrait compte à Nicolas Sarkozy de sa mission la semaine prochaine et proposerait quelques initiatives. Il s'est déclaré "prêt à revenir en Corée du Nord à tout moment, s'il en décide ainsi".
Sources : AAFC, AFP, Le Monde. Photo : KCNA
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