Dans une conférence de presse organisée le 7 janvier 2010 à l'occasion du Nouvel An, le député Chung Sye-kyun, dirigeant du Parti démocrate (PD, principale formation d'opposition, centriste) a exhorté le président sud-coréen Lee Myung-bak à changer radicalement le cap de sa politique intercoréenne : son appel à organiser un sommet intercoréen au plus haut niveau pour discuter d'un traité de paix fait écho aux attentes d'une majorité de Sud-Coréens, après un nouveau geste d'ouverture des autorités nord-coréennes en direction du Sud et des Etats-Unis à l'occasion de la publication de l'éditorial du 1er janvier 2010 (Juche 99).
"Il est temps aujourd'hui que les dirigeants du Sud et du Nord se rencontrent et discutent d'un traité de paix ainsi que du futur de la péninsule coréenne", a déclaré le dirigeant du Parti démocrate (PD, principale formation d'opposition, centriste), le député Chung Sye-kyun, à l'occasion de sa conférence de presse du Nouvel An. Ce dernier a ajouté que "l'armistice d'un autre temps doit maintenant être abrogé et remplacé par un traité de paix". M. Chung a indiqué que le PD était prêt à pleinement coopérer pour préparer un tel sommet intercoréen, y compris par des visites à Pyongyang. Par cette offre de bons services, Chung Sye-kyun indique clairement que le dialogue intercoréen doit dépasser les clivages partisans. Il suggère aussi de manière discrète que les contacts personnels qu'ont pu nouer des dirigeants de l'opposition peuvent être un atout pour renouer le dialogue Nord-Sud, faute de relations de confiance entre les membres de administration Lee Myung-bak et leurs interlocuteurs nord-coréens.
Chung Sye-kyung a déclaré que le président Lee Myung-bak devait se libérer d'un état d'esprit hérité de la guerre froid et reconnaître clairement qu'il appliquerait les déclarations intercoréennes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, signées par ses prédécesseurs libéraux Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun au nom de l'Etat sud-coréen.
Cet appel intervient après que la Corée du Nord eut tendu une branche d'olivier aux autorités sud-coréennes. Dans leur éditorial conjoint du 1er janvier 2010, les principaux titres nord-coréens ont en effet déclaré :
" Il importe de réaliser par tous les moyens la réconciliation et la collaboration nationales.
Il faut mettre au premier plan les intérêts communs de la nation, promouvoir la réconciliation et la collaboration à travers la circulation et le contact de toutes les couches sociales. Doivent être supprimés tous les dispositifs juridiques et institutionnels qui portent atteinte aux intérêts communs et à la coprospérité de la nation, et la discussion et les activités libres de toute la population assurées en faveur de la réunification du pays".
Réaffirmant l'un des objectifs des pourparlers à quatre (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Chine) rappelé à l'issue de la visite à Pyongyang de l'envoyé spécial américain Stephen Bosworth, l'éditorial conjoint nord-coréen a également appelé à l'établissement d'un régime de paix dans la péninsule coréenne, dont Chung Sye-kyung se fait aussi l'avocat :
"Aujourd'hui, le problème fondamental posé pour assurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et dans la région environnante est de mettre un terme aux rapports d'hostilité entre la RPD de Corée et les Etats-Unis. Etablir un système de paix durable et réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne par la voie du dialogue et des négociations, c'est notre position invariable".
La question des relations intercoréennes a ainsi dominé la conférence de presse de Chung Sye-kyun, dans un contexte politique tendu après le vote du budget 2010 et de plusieurs projets de loi sur le travail sans qu'il n'ait été trouvé de terrain d'entente avec l'opposition, laquelle a remis en cause les procédures d'adoption de ces textes. Chung Sye-kyun a ainsi appelé à suspendre le projet de réaménagement des quatre principaux fleuves, critiqué pour les menaces qu'il fait peser sur l'environnement et représentant une dépense budgétaire de 2,98 milliards de dollars, ainsi que le projet de création de la nouvelle capitale administrative Sejong.
Sources : KBS, The Korea Herald
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