Les 8 et 9 février 2011, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la République de Corée (du Sud) ont renoué le dialogue militaire à haut niveau, sur la proposition de Pyongyang. Mais les discussions ont tourné court, la partie sud-coréenne ayant exigé préalablement une condamnation du naufrage du Cheonan - dans lequel la RPDC nie toute implication - puis du bombardement de l'île de Yeonpyeong, le 23 novembre dernier. Le groupe d'inspection de la Commission de la Défense nationale (CDN) de la RPDC s'est exprimé à ce sujet dans une déclaration rendue publique le 23 février par une dépêche de l'agence nord-coréenne KCNA, et dont l'AAFC reproduit ci-après des extraits.
Selon le groupe d'inspection de la CDN, après l'affaire du Cheonan, le bombardement de Yeonpyeong a été "la seconde provocation militaire programmée pour embraser une guerre contre la RPDC".
Dans son communiqué destiné à révéler "la vérité derrière le bombardement de l'île de Yeonpyeong", le groupe d'inspection de la CDN accuse l'armée sud-coréenne d'avoir tiré la première dans les eaux territoriales de la RPDC lors des exercices militaires Hoguk, après avoir ignoré le message téléphonique préalable de l'Armée populaire de Corée de s'abstenir de tirs qui entraîneraient une riposte ferme - pour sa part, la Corée du Sud affirme avoir tiré vers l'ouest, donc en dehors des eaux territoriales nord-coréennes. Toujours selon les experts nord-coréens, la plupart des 1.300 habitants civils de l'île se trouvaient alors "heureusement" sur la rive opposée aux tirs d'artillerie, mais des civils dans les casernes sont morts, ayant été utilisés comme "boucliers humains" par le "groupe de traîtres" sud-coréens qui souhaitent la "confrontation avec leurs compatriotes".
Au regard des intrusions répétées dans les eaux nord-coréennes (à plus de 600 reprises en 2010), le groupe d'inspection de la CDN estime que le bombardement de Yeonpyeong n'a pas été un accident, mais le produit d'une politique délibérée de confrontation impliquant les Etats-Unis : "les impérialistes américains, les vrais maîtres du commandement [des Nations Unies] détenant le droit de 'contrôler les opérations en temps de guerre' [...] ont soutenu avec zèle et patronné les provocations militaires des forces fantoches [du Sud], loin de les empêcher", conduisant la péninsule coréenne au bord de la guerre. "Ils utilisent une gamme complète de moyens tels que l'isolement et l'étranglement de l'économie [de la RPDC], la guerre psychologique et la menace militaire pour étouffer le socialisme à la coréenne", au terme d'une intensification des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens après le naufrage du Cheonan. L'attisement des tensions est dénoncée comme asseyant leur politique de domination mondiale.
Rappelant les précédents affrontements intercoréens en mer de l'Ouest en 1999, 2002 et 2009, les inspecteurs de la CDN soulignent le caractère "illégitime" de la ligne de limite Nord (Northern Limit Line, NLL), tracée unilatéralement par les troupes onusiennes sous commandement américain à la fin de la guerre de Corée en 1953. Ils observent notamment que "la NLL est totalement contraire au paragraphe 13 B de l'Accord coréen d'armistice disposant que les îles du groupe de Paekryeong, Daecheong, Socheong, Yeonpyeong et Woo resteront sous le contrôle militaire du commandement des 'forces des Nations Unies' et que les autres îles et espaces maritimes seront sous le contrôle de la RPDC. Elle enfreint totalement les normes sur les frontières maritimes en droit international de la mer, dont le respect du droit aux 12 miles nautiques pour les eaux territoriales."
Tout en réaffirmant l'engagement de la RPDC à respecter les accords intercoréens du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 rejetés par l'administration Lee Myung-bak, les inspecteurs de la CDN de la RPDC concluent que "l'armée et le peuple de la RPDC continueront à faire tout leur possible pour ruiner les actions néfastes des pires éléments au monde qui veulent la confrontation, afin d'améliorer les relations Nord-Sud et d'assurer la paix et la stabilité de la péninsule coréenne."
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