A quelques jours du coup d'envoi de la coupe du monde de football en Afrique du Sud, quel bilan tirer de la préparation des sélections nord et sud-coréennes, qui pour la première fois se sont toutes les deux qualifiées en phase finale d'une coupe du monde ? Si les guerriers Taeguk auront à donner le meilleur d'eux-mêmes en étant confrontés à l'Argentine, à la Grèce et au Nigéria, le Cheollima sera soumis à encore plus rude épreuve, en devant l'emporter sur au moins deux des trois meilleures équipes mondiales : le Brésil, le Portugal et la Côte d'Ivoire. Mais à coeur vaillant rien d'impossible... l'AAFC présente aujourd'hui la sélection nord-coréenne, une nouvelle fois à la conquête du public du mondial.
En 1966, les Nord-Coréens du Cheollima étaient devenus l'équipe favorite des ouvriers des villes populaires d'Everton et Middlesbrough. Dans son film documentaire retraçant l'épopée des joueurs, la réalisateur britannique Daniel Gordon a montré la foule criant "K-O-R-E-A" et les noms des deux joueurs vedettes coréens, Pak Doo-ik et Pak Seung-jin, après l'incroyable victoire contre l'Italie. Des milliers de supporters les suivirent alors jusqu'à Liverpool, pour leur prochain match contre le Portugal que la Corée du Nord mena 3-0, avant d'être battue 5-3 à l'issue de l'un des matchs les plus spectaculaires de l'histoire du football. Malgré sa défaite, pour la première fois une équipe asiatique s'était qualifiée en deuxième tour d'une phase finale de coupe du monde, en atteignant les quarts de finale.
Quarante-quatre ans plus tard, l'histoire va-t-elle se répéter ? Le joueur vedette des Cheollima, Jong Tae-se, Coréen né et ayant grandi au Japon, l'affirme : "J'ai grandi avec les images de 1966", avant d'ajouter : "Vous connaissez mal la Corée du Nord, le Mondial est l'occasion de changer l'image que vous avez de notre pays". En ce qui concerne Jong tae-se, c'est aussi grâce à l'association des résidents coréens du Japon, la Chongryon, favorable à la République populaire démocratique de Corée qui l'a fortement aidée (particulièrement à ses débuts), que celui qui a gagné au Japon le surnom de "Rooney du peuple" a pu recevoir une éducation en coréen.
Tombée dans le groupe de la mort, la Corée du Nord (ci-dessus à l'arrivée en Afrique du Sud) pourrait sembler confrontée a priori à une mission impossible. Mais la difficulté galvanise Jong Tae-se qui, à lui seul, a marqué les trois buts de la sélection nord-coréenne dans ses deux derniers matchs amicaux contre de futurs adversaires de... la Corée du Sud. Si la défaite contre la Nigéria a été décevante (3-1), le Cheollima a brillamment tenu tête à la Grèce (2-2). Les joueurs de la République populaire démocratique de Corée ont la capacité de déjouer les pronostics de leurs redoutables adversaires, à commencer par le Brésil, ce 15 juin 2010. Dix ans jour pour jour après la première rencontre intercoréenne au sommet Nord-Sud.
Mais les Coréens de toute la péninsule et de la diaspora ne seront pas les seuls à encourager les joueurs du Cheollima qui, comme leurs glorieux aînés de 1966, ont déjà su conquérir un large public.
En effet, les commentaires élogieux ne sont pas rares sur la version française du site de la FIFA, notamment de la part de ceux qui connaissent le football nord-coréen : pour Sergio6975, "j'ai eu l'occas' de voir la Corée du Nord, quel collectif et ils vont à une vitesse!!! Faut dire ils sont en préparation depuis 6 mois les bougres !" ; pour Gwadaboyz1, "pour les avoir vu jouer lors des derniers matches qualificatifs de la zone Asie, je peux vous affirmer que ça joue au football. Oui le Brésil, le Portugal et la Côte d'Ivoire n'auront pas la partie facile face à ces Nord-Coréens. Et souvenez-vous en effet de la place de quart de finaliste de cette équipe au mondial 1966 où les Portugais qui avaient souffert avaient été sauvés par un super Eusebio (5-3)". Et pour Alshaddai d'Haïti, "je vois la coree du nord en huitieme. a vouloir a tout prix gagner ils vont se manger entre eux les trois favoris. bresil/ coree seront qualifies."
La clé de ce succès réside peut-être dans la personnalité des joueurs. Ils ne logent pas dans un hôtel de luxe, mais dans un modeste hôtel situé dans les quartiers populaires. On ne les verra pas dans des clips publicitaires pour arrondir leurs fins de mois. Comme en 1966, ce sont dans leur écrasante majorité des ouvriers, des employés ou des militaires dont le mode de vie a plus à voir avec celui des habitants des quartiers populaires d'Europe ou d'Amérique qu'avec les stars du football international dont les salaires sont parmi les plus élevés au monde. A l'image d'un pays où des enfants et petits-enfants de paysans, mineurs et ouvriers ont pu accéder au sommet de l'échelle sociale.
Source : AAFC, FIFA
Plus d'informations sur les équipes coréennes et les matches de la phase finale de la coupe du monde.