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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 23:13

Il y a deux ans se tenait à Pyongyang, du 2 au 4 octobre 2007, la deuxième rencontre intercoréenne au plus haut niveau, entre Kim Jong-il, président de la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Roh Moo-hyun, Président de la République de Corée (Corée du Sud). La déclaration commune intercoréenne signée à l'issue de ce sommet, le 4 octobre 2007, ouvrait la voie à un approfondissement des échanges et du dialogue intercoréens, en vue de la réunification de la péninsule, en réaffirmant les principes et en élargissant les politiques découlant de l'accord intercoréen du 15 juin 2000. Deux ans après, alors que la politique intercoréenne du nouveau président sud-coréen Lee Myung-bak (Grand parti national, conservateur) semble avoir tourné le dos à celle de ses prédécesseurs démocrates menée sur la base des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, quel bilan tirer de la déclaration du 4 octobre 2007 ? Si l'intransigeance de Lee Myung-bak a conduit les relations intercoréennes au bord du gouffre, le niveau aujourd'hui atteint par les échanges intercoréens montre que la déclaration du 4 octobre n'est pas restée, loin s'en faut, lettre morte.

La déclaration conjointe intercoréenne, signée le 4 octobre 2007 à l'issue de la deuxième rencontre Nord-Sud au plus haut niveau, avait soulevé un immense espoir parmi tous les Coréens d'une accélération du processus de dialogue et d'échanges, devant conduire à la réunification de leur patrie divisée depuis soixante ans. Deux ans après, si les orientations du nouveau président conservateur sud-coréen Lee Myung-bak (élu deux mois plus tard, en décembre 2007), ont sérieusement altéré les relations intercoréennes en tournant le dos à la politique du "rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates, doit-on pour autant considérer comme caduc l'accord du 4 octobre 2007 ?

La spectaculaire reprise des échanges intercoréens, suite notamment à la rencontre à Pyongyang,
le 17 août dernier, entre le président de la Commission de la défense nationale de la RPDC Kim Jong-il et la présidente du conglomérat sud-coréen Hyundai, Mme Hyun Jeong-eun, a non seulement conduit à la reprise des échanges interrompus, mais également permis la mise en oeuvre de plusieurs des principes contenus dans la déclaration du 4 octobre 2007 :

- le rétablissement de la liaison ferroviaire intercoréenne, qui avait été ouverte le 1er décembre 2007 en application directe de l'accord intercoréen du 4 octobre 2007, avant d'être interrompue un an plus tard ;

- de
nouvelles réunions de familles séparées - les premières en deux ans - qui viennent de s'achever à la veille de la traditionnelle fête coréenne de Chuseok ;

- la perspective d'ouvrir au tourisme intercoréen les monts Kumgang, au Nord de la péninsule.

Ces points positifs ne doivent cependant pas occulter l'absence d'avancées, voire des reculs, sur de nombreux autres points de la déclaration du 4 octobre, qu'il s'agisse de nouveaux domaines de coopération bilatérale (comme la création d'une zone de pêche commune autour du port de Haeju), ou de la perspective d'un traité de paix dans la péninsule coréenne pour remplacer l'accord d'armistice de 1953 - suite notamment à la
décision de Séoul de rejoindre l'initiative de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive (PSI). De même, le commerce intercoréen, au cours des huit premiers mois de 2009, a diminué de plus de 20 % par rapport à 2008, même si cette situation est autant imputable à la dégradation des relations intercoréennes qu'à la crise économique internationale (les dernières prévisions tablent sur un recul de 1 % du produit intérieur brut sud-coréen en 2009).

Au final, une mise en oeuvre plus complète de l'accord du 4 octobre 2007 dépendra d'abord de la volonté des deux parties. Au Nord, à l'occasion du deuxième anniversaire de l'accord, le quotidien Rodong Sinmun l'a salué comme un texte fondateur qui apporte des lignes directrices pour la réunification du pays, en appelant à son application intégrale. Au Sud, la situation reste ambiguë : si
l'opposition démocrate appelle à l'application des déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 en revendiquant l'héritage des anciens présidents Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung, l'un et l'autre récemment décédés, le gouvernement conservateur de Lee Myung-bak n'a pas formellement déclaré caducs ces deux accords intercoréens conclus au nom des gouvernements sud et nord-coréens, et qui continuent donc à engager chacun des Etats. Il a toutefois ouvert le procès des relations intercoréennes sous l'ère Roh Moo-hyun en poursuivant les partisans de la réunification, tout en formulant des propositions alternatives à la politique du "rayon de soleil". La dernière en date, appelée "grand marchandage" (sic), a à nouveau proposé des garanties de sécurité à Pyongyang et une aide économique, en contrepartie pour la RPDC de renoncer d'abord unilatéralement et inconditionnellement à ses armes nucléaires. Mais comme par le passé les pourparlers sur le nucléaire coréen ont buté sur le non-respect de leurs engagements par les autres parties que la RPDC, c'est sans surprise que le gouvernement nord-coréen a rejeté cette énième reformulation du "plan 3.000" du président Lee Myung-bak (visant à porter le produit intérieur brut par habitant de la Corée du Nord à 3.000 dollars à moyen terme, en contrepartie du renoncement à ses armes nucléaires et de réformes économiques). Les autorités nord-coréennes avaient dénoncé le "plan 3.000" comme une démarche misérabiliste fondée sur une ingérence dans ses affaires intérieures, contraire aux déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, et en dissociant les relations intercoréennes de la question de l'arme nucléaire, considérée comme une garantie de sécurité contre toute attaque américaine. Au demeurant, l'histoire ne fournit aucun exemple d'un Etat ayant accepté volontairement de procéder à son désarmement unilatéral, sauf à renoncer à sa souveraineté militaire (comme dans le cas de Panama, par exemple).  

Tout  accord suppose le consentement des différentes parties : les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, même remises en cause par le pouvoir sud-coréen actuel, restent de plus sûrs fondements des relations intercoréennes que les schémas intellectuels du président sud-coréen Lee Myung-bak.

Sources : AAFC,
AP, Xinhua

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