L'agence officielle nord-coréenne KCNA a annoncé le 8 juin que les journalistes américaines Euna Lee et Laura Ling, accusées d'avoir franchi illégalement la frontière sino-coréenne, ont été condamnées à douze ans de travaux forcés à l'issue de cinq jours de procès devant la Cour centrale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ce verdict est sévère mais une négociation en vue de la libération des deux journalistes reste possible, même si les relations entre les Etats-Unis et la RPDC sont au plus mal.
La journaliste américano-coréenne Euna Lee et la journaliste sino-américaine Laura Ling, qui travaillent pour la chaîne de télévision californienne Current TV (fondée et dirigée par l'ancien vice-président américain Al Gore), ont été arrêtées le 17 mars pour avoir pénétré illégalement sur le territoire de la RPDC, un "acte hostile" pour les autorités nord-coréennes.
A l'issue de cinq jours d'un procès ouvert le 4 juin, elles ont chacune été condamnées à douze ans de travaux forcés.
Le président des Etats-Unis Barack Obama s'est montré "profondément inquiet" des informations sur la condamnation des deux journalistes alors que "tous les canaux possibles" ont été activés pour obtenir leur libération, a indiqué à la presse Bill Burton, porte-parole de la Maison Blanche.
Quant au gouvernement français, il a exprimé sa "grave préoccupation" et appelé à la libération immédiate des deux journalistes.
Ce genre d'appel a cependant peu de chance d'être entendu s'il ne dépasse pas le stade des simples incantations et ne s'inscrit pas dans un vrai cadre de négociations.
Lors d'un entretien accordé à la chaîne américaine NBC, Richardson a estimé qu'un cadre de négociations devait être établi pour obtenir une libération sur des bases humanitaires, avant l'envoi de tout émissaire. Cet émissaire pourrait être Bill Richardson lui-même puisqu'il a indiqué avoir été contacté par l'administration Obama et s'être entretenu avec les familles des deux journalistes.
Les négociations porteraient alors sur l'obtention d'"une forme de pardon politique, de suspension des procédures légales", a expliqué Richardson.
Tout en considérant que la condamnation de Laura Ling et Euna Lee était "plus sévère qu'on ne s'y attendait", il a trouvé des signes encourageants dans le fait que les deux femmes n'ont pas été accusées d'espionnage, contrairement à ce qui était initialement envisagé. "Les Nord-Coréens semblent séparer cette question des désaccords politiques", a déclaré Bill Richardson.
Cette dernière remarque du gouverneur du Nouveau-Mexique est importante alors que les relations entre Washington et Pyongyang sont particulièrement tendues après l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a averti le 7 juin que la RPDC pourrait réapparaître sur la liste noire "des Etats soutenant le terrorisme" tenue par les Etats-Unis, après en avoir été ôtée en octobre 2008.
Bill Richardson avait déjà négocié en 1994 la libération d'un pilote de l'armée américaine dont l'hélicoptère avait été abattu par les Nord-Coréens, ainsi que le rapatriement du corps de son copilote. En 1996, il avait encore aidé à la libération d'un Américain arrêté pour espionnage en Corée du Nord après avoir traversé le fleuve Amnok.
Sources : AFP, ministère français des Affaires étrangères
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