Le 25 mai 2009, l'agence officielle de République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) KCNA a rapporté que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il avait présenté ses condoléances à la famille de l'ancien président sud-coréen Roh Moo-hyun, qui s'était suicidé deux jours plus tôt. Un geste qui contraste avec le jugement sévère des médias nord-coréens sur l'actuel président sud-coréen Lee Myung-bak, qui a rompu avec la politique d'ouverture au Nord mise en place par ses deux prédécesseurs démocrates.
Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) connaissait l'ancien président sud-coréen Roh Moo-hyun : il l'avait accueilli à Pyongyang, en octobre 2007, lors du second sommet intercoréen au plus haut niveau.
La dirigeant Kim Jong-il a présenté ses condoléances à la famille de l'ancien chef d'Etat sud-coréen, qui s'est suicidé le 23 mai 2009. Selon l'agence nord-coréenne KCNA, le message de Kim Jong-il déclare : "En entendant la nouvelle que l'ancien président Roh Moo-hyun est décédé dans un accident, j'exprime mes profondes condoléances à sa veuve Kwon Ryang-suk et à sa famille endeuillée." Le terme "accident" est un euphémisme poli - évitant un autre mot connoté péjorativement qui est utilisé pour "suicide", et qui a été largement employé par la presse (conservatrice) sud-coréenne, en suscitant la colère des partisans de Roh Moo-hyun et d'une large partie de l'opinion publique du Sud de la péninsule.
La veille, les médias nord-coréens avaient rendu compte du suicide de l'ancien président Roh Moo-hyun en soulignant l'acharnement judiciaire dont il avait été la cible : selon KCNA, "les médias locaux et étrangers ont rapporté les motifs de sa mort au fardeau psychologique créé par les enquêtes coercitives du ministère public", alors que l'ancien président avait été auditionné pour des affaires de corruption impliquant des membres de sa famille.
Le Parti démocrate, regroupant les partisans de Roh Moo-hyun, s'était interrogé sur les recherches judiciaires particulièrement approfondies menées à l'encontre de l'ancien président de la République, à l'initiative du ministère public, après le succès de l'opposition à l'élection présidentielle. Au demeurant, l'enquête où il était cité a été clôturée après la nouvelle de sa mort, bien qu'elle ne le visât pas directement, mais mît en cause plusieurs de ses proches.
Alors que Roh Moo-hyun avait poursuivi la politique d'ouverture au Nord - dite du "rayon de soleil" - de son prédécesseur Kim Dae-jung, son successeur Lee Myung-bak (conservateur) l'a abandonnée, étant qualifié par les médias nord-coréens de "traître" et de "sycophante des Etats-Unis". Roh Moo-hyun avait dénoncé comme stérile cette politique de confrontation, dont les résultats ont été l'interruption de plusieurs projets phares de coopération intercoréens - notamment la ligne ferroviaire intercoréenne, et le tourisme sud-coréen dans les Monts Kumgang (au Nord) - avant que Pyongyang ne déclare caducs les accords politiques et militaires Nord-Sud, le 30 janvier 2009.
La question des condoléances est par ailleurs un sujet sensible dans les relations intercoréennes : en juillet 1994, le président sud-coréen Kim Young-sam avait refusé de présenter des condoléances après le décès du président Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée, contrairement - par exemple - aux dirigeants américains. Selon les observateurs, cette attitude avait été ressentie comme un camouflet par les Nord-Coréens et avait gelé pour plusieurs années les progrès dans le dialogue intercoréen, alors que, avant le décès du Président Kim Il-sung, les médias sud-coréens faisaient état de la préparation d'une rencontre entre les deux dirigeants du Nord et du Sud. Il avait fallu finalement attendre juin 2000, après l'élection de l'opposant Kim Dae-jung à Séoul, pour que se tienne le premier sommet historique intercoréen au plus haut niveau, avant que Roh Moo-hyun ne représente le Sud lors de la deuxième rencontre intercoréenne, en octobre 2007. Le second et dernier sommet intercoréen... jusqu'à quand ?
Sources : AAFC, AFP.
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