Après l'annonce par Pyongyang du lancement réussi d'un satellite de télécommunications Kwangmyongsong-2, les réponses des principales puissances internationales ont été très différentes : mettant en avant le droit de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à une conquête pacifique de l'espace, la Chine et la Russie, notamment, ont refusé l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations-Unies de nouvelles sanctions demandées avec insistance par le Japon, et qui auraient conduit, selon Pyongyang, à mettre fin aux pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Le dimanche 5 avril 2009, le Conseil de sécurité des Nations-Unies s'est réuni d'urgence, à la demande notamment du Japon et des Etats-Unis, après l'annonce par la RPDC du lancement réussi d'un satellite de télécommunications Kwangmyongsong-2 - une information contestée par les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, selon lesquels le deuxième et le troisième étage de la fusée Unha-2 ne se sont pas séparés, avant de tomber dans l'Océan Pacifique. Par ailleurs, ces pays avancent la thèse d'un tir de missile Taepodong-2, et non d'un satellite. Appuyés par leurs alliés européens, dont la France et le Royaume-Uni, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies, ils souhaitaient une condamnation par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, voire l'adoption de nouvelles sanctions internationales, contre ce qu'ils estiment être une violation de la résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, selon laquelle la République populaire démocratique de Corée ne doit procéder ni à des essais nucléaires, ni à des tirs balistiques.
Une interprétation de la résolution 1718 que ne partagent toutefois pas d'autres membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies : tant pour la Chine et la Russie, membres permanents disposant d'un droit de veto, que pour la Libye et le Vietnam, qui invoquent le droit à l'utilisation pacifique de l'espace, en observant que rien ne permet d'affirmer que la Corée du Nord n'a pas lancé un satellite de télécommunications. Par ailleurs, ces pays ont souligné que la Corée du Nord avait procédé aux déclarations prévues par les conventions internationales à laquelle elle est partie.
Au final, le Conseil de sécurité des Nations-Unies s'est donc séparé sans avoir adopté de position commune, même si les Etats-Unis espéraient encore une condamnation de principe lors de travaux ultérieurs du Conseil de sécurité.
Pour sa part, Pyongyang a mis en garde contre de nouvelles sanctions internationales qui, en portant atteinte à sa souveraineté, mettraient à mal les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, ce que déclarait le délégué général de la RPD de Corée en France dans l'entretien accordé à l'AAFC le 3 avril.
Les différentes réactions internationales ont permis d'éclairer la position de différents acteurs :
- candidat à un poste de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, le Japon du Premier ministre Taro Aso a manifestement cherché à réhausser sa stature internationale, après deux fausses annonces, sur le lancement de la fusée nord-coréenne avant qu'il n'ait lieu réellement, puis sur sa prétendue interception ; le Japon envisage à présent de suspendre tous les échanges avec la Corée du Nord en adoptant de nouvelles sanctions internationales ;
- les Etats-Unis se trouvent pris en tenaille entre les déclarations musclées du président Barack Obama et de Susan Rice, ambassadeur américain aux Nations-Unies, appelant à la réponse ferme d'une communauté internationale unie face à ce qu'ils ont qualifié de "provocation", et une réalité diplomatique différente, alors que l'ambassadeur Stephen Bosworth, en charge des négociations avec la Corée du Nord, appelle à ne pas perdre de vue l'objectif de reprise des pourparlers à six sur le nucléaire, exprimant ainsi une attente largement partagée par la Chine et la Russie exhortant chacun des acteurs à la retenue. (sources : AAFC, Le Monde)
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