Selon le magazine Challenges, l'ancien ministre socialiste Jack Lang serait pressenti par l'Elysée pour une mission en direction de différents pays, dont l'Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et Cuba. A titre personnel, il s'est déclaré favorable à l'établissement de relations diplomatiques avec Pyongyang.
Est-ce bientôt la fin d'une exception française, la France étant le seul pays de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée ?
En tout cas, l'ancien ministre socialiste Jack Lang s'est dit favorable, "sur un plan personnel", à l'ouverture de relations diplomatiques avec Pyongyang, et son point de vue ne serait "pas très éloigné de celui de l'Elysée" qui envisagerait de confier une mission à ce proche de Bernard Kouchner, sur des pays tels quels que Cuba, l'Iran et la Corée du Nord.
Alors que les principales autres puissances mondiales à ne pas avoir encore établi de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée (représentée en France au niveau d'une délégation générale), à savoir le Japon et les Etats-Unis, ont entamé des négociations bilatérales en ce sens parallèlement aux discussions sur le nucléaire nord-coréen, l'AAFC ne peut que se féliciter que la France envisage elle aussi, ouvertement, la normalisation de ses relations diplomatiques avec Pyongyang. L'AAFC a plaidé de manière constante pour une reconnaissance diplomatique, afin notamment de garantir les intérêts économiques et culturels français dans le Nord de la Corée.
Jack Lang dispose déjà d'une expérience comme représentant de la France avec des Etats, comme l'Iran et la Syrie, avec lesquels Paris a cherché à améliorer ses relations diplomatiques. En cas de confirmation de l'annonce de Challenges - laquelle comporte du reste une coquille : il ne s'agit pas de "réouvrir" des relations diplomatiques complètes, mais bien de les établir pour la première fois - le processus suivi ne serait pas fondamentalement différent de ceux ayant conduit, par exemple, à l'établissement de relations diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis, ou entre la Chine et le Japon, dans les années 1970. Dans les deux cas, les négociations avaient été menées à l'initiative directement du pouvoir exécutif (s'agissant des Etats-Unis, à l'initiative du Conseil de sécurité nationale, et notamment du conseiller du président Nixon, Henry Kissinger), avant d'impliquer les ministères des Affaires étrangères. Par ailleurs, ces initiatives avaient répondu à des objectifs de réalisme politique : garantir au mieux la défense des intérêts nationaux en tenant compte de l'émergence d'un monde multipolaire.
S'agissant des relations franco-nord-coréennes, François Mitterrand, alors candidat à l'élection présidentielle, avait promis l'établissement de relations diplomatiques complètes avec la RPDC, lors d'un voyage à Pyongyang, en février 1981. Les pressions des milieux d'affaires, alors soucieux de ne pas perdre d'importants marchés en Corée du Sud, l'avaient découragé, avant que cette question ne refasse débat au début des années 2000, après la première rencontre au sommet intercoréenne de juin 2000. Toutefois, les décisions unilatérales de l'Allemagne et de l'Angleterre de reconnaître la RPD de Corée, sans en référer aux autorités françaises alors que notre pays exerçait la présidence de l'Union européenne, avaient déclenché l'ire du président Jacques Chirac, ayant ainsi conduit le ministère français des Affaires étrangères à fixer des conditions à une reconnaissance diplomatique. Depuis cette date, le dossier n'a guère avancé, faute de volonté politique des gouvernements français successifs, et malgré les encouragements discrets des gouvernements sud-coréens de Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun à l'établissement de relations diplomatiques avec Pyongyang, en vue d'une pleine intégration de la RPD de Corée sur la scène internationale. (Sources : AAFC, Challenges.fr)
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