Le gouvernement Lee Myung-bak n'aime pas la contestation, comme l'a prouvé récemment l'affaire Minerve. Il n'aime pas non plus les étrangers, en qui il voit des criminels en puissance, ainsi qu'en atteste son projet de relever les empreintes digitales de tous les étrangers de passage en Corée du Sud. L'AAFC a enquêté sur cette nouvelle mesure attentatoire aux droits de l'homme, que même les militaires au pouvoir à Séoul n'avaient pas osé instaurée.
Après le Japon et les Etats-Unis (photo ci-contre : système de reconnaissance par empreintes digitales au Japon), la Corée du Sud s'apprête à devenir le troisième Etat au monde à instaurer le relevé obligatoire des empreintes digitales pour tous les étrangers, y compris ceux de passage pendant quelques heures dans le pays. La mesure a été annoncée par le ministère de la justice à la fin de l'année 2008, en vue d'une adoption par voie législative dans le courant de l'année 2009 et d'une application dès le début de l'année 2010.
Comme toutes les atteintes récentes aux libertés publiques dans les pays occidentaux, la lutte contre le terrorisme est le prétexte à cette nouvelle mesure de contrôle des populations. Les autorités sud-coréennes ajoutent toutefois un argument supplémentaire, aux relents ouvertement xénophobes : la lutte contre la criminalité d'origine étrangère. En effet, selon un officiel du ministère de la justice, "il y a de plus en plus d'étrangers en Corée, et donc le nombre de crimes commis par les étrangers augmente, et le gouvernement n'a pas de moyens suffisant pour enquêter sur ces crimes".
Le président sud-coréen Lee Myung-bak, dont le parti regroupe notamment les partisans de l'ancien régime militaire, va encore plus loin que ces derniers. En effet, son prédécesseur, le président Roh Moo-hyun, avait annulé en 2003 la procédure d'enregistrement obligatoire de leurs empreintes digitales par les étrangers en Corée du Sud pour l'obtention du certificat de résidence, en la jugeant contraire aux droits de l'homme. A présent, il s'agit non seulement de rétablir cette obligation, mais de l'étendre à tous les touristes étrangers en Corée du sud, y compris les voyageurs en transit.
Après avoir échoué à faire adopter par le Parlement des dizaines de projets de loi pendant les vacances de Noël en raison de l'opposition déterminée des démocrates, le président Lee Myung-bak devra toutefois surmonter également les résistances qui pourraient naître dans son propre camp, comme cela a été le cas, par exemple, sur la question des relations intercoréennes, notamment si cette nouvelle obligation imposée aux étrangers en Corée se traduisait par des mesures de rétorsion analogues pour les Coréens vivant à l'étranger. (Source : Marie Decroix, "Il faudra donner ses empreintes digitales pour entrer en Corée", in Aujourd'hui la Corée, article publié sur le site de l'Association démocratique des Français de l'étranger-ADFE)
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