Elu il y a un an sur la promesse de porter le taux de croissance à 7% par an, le président sud-coréen Lee Myung-bak s'est retrouvé confronté à une crise économique internationale : outre des mesures de soutien au financement de l'économie, il a décidé d'accélérer les mesures libérales, alors que la Corée du Sud est l'un des pays industrialisés de l'OCDE où la protection sociale est la moins développée.
Dans ses voeux pour le nouvel an, le président sud-coréen Lee Myung-bak a mis l'accent sur des mesures de libéralisation seules de nature, selon lui, à dynamiser l'économie. Partisan convaincu de l'économie de marché, il a été élu en décembre 2008 sur un programme de réformes libérales, et l'engagement de porter le taux de croissance annuel de 4 % à 7 %. Si la crise financière et économique l'a contraint à revenir sur cette promesse (le 27 décembre 2008, il a prévenu que la croissance économique pourrait « être négative aux premier et deuxième trimestres 2009 »), il a ouvert une session parlementaire extraordinaire pendant les vacances de Noël, afin d'accélérer l'adoption de son programme législatif.
Alors que les Sud-Coréens se souviennent de la crise économique de 1997-1998 (en 1998, l'économie sud-coréenne s'était contractée de plus de 6 %), les signes de la crise actuelle se multiplient. L'emploi précaire touche plus de 7 millions de travailleurs (5 millions de contrats à temps partiel, à durée déterminée ou par intérim et 2,1 millions de travailleurs journaliers). Le 21 décembre, le constructeur automobile SsangYong a annoncé qu'il ne verserait pas les salaires de décembre. Dans ce contexte, l'indice Kospi de la bourse de Séoul a reculé de presque 50 % en 2008 : la crise économique est essentiellement d'origine financière, les fondamentaux de l'économie étant moins dégradés qu'il y a dix ans. Ainsi, le ratio d'endettement des entreprises, mesuré par rapport à leur capital, est quatre fois moins élevé qu'en 1997.
Dans ce contexte, le gouvernement sud-coréen a d'abord réagi par des mesures de soutien au financement de l'économie : outre des aides directes ou indirectes (sous forme de garanties, pour un montant de 100 milliards de dollars) au secteur bancaire, le plan de relance sud-coréen comporte des dépenses publiques d'investissement, ainsi que des baisses d'impôts, pour un montant de 14.000 milliards de won (soit 7,53 milliards d'euros).
Dans son message du nouvel an, Lee Myung-bak entend à présent accélérer les réformes de structure de l'économie, dans le cadre notamment d'un paquet législatif qu'il aurait souhaité voir adopter avant le 31 décembre 2008, s'il n'avait dû affronter la résistance résolue du Parti démocratique (opposition) : la ratification de l'accord de libre échange avec les Etats-Unis est au coeur de ce programme de réformes, six mois après les manifestations de plusieurs centaines de milliers de personnes contre la décision unilatérale du président Lee Myung-bak, qui était l'un des plus fidèles alliés du président George W. Bush, de rouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain.
Manifestation du 31 mai à Séoul, contre la reprise de l'importation de boeuf américain
Parmi les annonces du nouvel an figure un soutien aux petites et moyennes entreprises qui créeraient des emplois ou maintiendraient leur effectif salarié, ainsi qu'une réduction du « poids excessif » des entreprises publiques, faisant peser une menace sur l'emploi public. Par ailleurs, Lee Myung-bak à réagi à l'éditorial conjoint du 1er janvier 2009 des principaux journaux nord-coréens, en déclarant qu'il maintiendrait son approche « flexible » vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : « Je suis totalement prêt et préparé à discuter avec la Corée du Nord à tout moment, et à coopérer avec elle comme partenaire ». Nonobstant ces déclarations, qui ont toujours posé des conditions à un dialogue intercoréen dans des termes jugés inacceptables par Pyongyang, Lee Myung-bak ne s'est toujours pas engagé clairement à mettre en oeuvre les déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, cosignées avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il par ses prédécesseurs Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, au nom de la Corée du Sud. (Sources : Philippe Mesmer, « En Corée du Sud, les travailleurs précaires sont les premiers à faire les frais de la crise économique », in Le Monde, 30 décembre 2008, p. 10; « President Lee Vows Economic Revival, Reform » in Korea Times, édition en ligne du 2 janvier 2009)