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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 12:06

Le journaliste américain John W. Powell, accusé de "sédition" dans les années 1950 pour avoir levé le voile sur l'utilisation d'armes biologiques par les Etats-Unis en Corée, vient de disparaître à l'âge de 89 ans. Retour sur une vie extraordinaire au service de la vérité.


Né à Shanghai en 1919, John W. Powell a grandi dans le Missouri. Son père, John Benjamin Powell, dirigeait en Chine le magazine qu'il avait fondé en 1917, The China Weekly Review. A la fin des années 1930, et pendant toute la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945), John Benjamin Powell fut un grand soutien de la cause chinoise face à l'occupation japonaise. En décembre 1941, après l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor, il fut même interné dans un camp japonais où il perdit les deux pieds à cause de la gangrène. Il mourut en 1947 à l'âge de 60 ans. 


Après avoir fréquenté l'école de journalisme de l'Université du Missouri, le jeune John W. Powell retourna en Chine où il travailla pendant la Seconde Guerre mondiale dans le Bureau d'information de guerre des Etats-Unis. Puis il reprit le magazine de son père, devenu The China Monthly Review, avant de rentrer aux Etats-Unis, à San Francisco, avec sa famille en 1953. 

Pendant la guerre de Corée (1950-1953), John W. Powell publia plusieurs témoignages de responsables chinois accusant l'armée des Etats-Unis d'utiliser des armes biologiques dans la péninsule coréenne - des méthodes auparavant employées en Chine par l'armée japonaise.

 

Ces articles valurent à Powell d'être poursuivi à partir de 1956 par la justice américaine pour sédition - une accusation rare d'incitation à la révolte contre le gouvernement.
 

Le gouvernement américain accusait Powell d'avoir violé les lois sur la sédition en temps de guerre en publiant de fausses déclarations et d'entamer la loyauté des soldats américains faits prisonniers en Corée et obligés de lire de tels articles. Ces chefs d'accusation étaient passibles d'une peine maximale de 20 ans de prison ou de 10.000 dollars d'amende, voire des deux.

 

Deux autres rédacteurs du China Monthly Review, la propre épouse de Powell, Sylvia (décédée en 2004), et Julian Schuman, furent également poursuivis.

 

Quand le procès s'ouvrit en 1959, de nouvelles plaintes pour trahison furent déposées par le gouvernement américain contre les trois accusés. Finalement, incapable de soutenir l'acte d'accusation, le gouvernement abandonna en 1961 toutes les charges pesant sur John Powell, Sylvia Powell et Julian Schuman, avec l'approbation du ministre de la Justice, Robert F. Kennedy.

 

John W. Powell fut quand même empêché d'exercer son métier de journaliste et se reconvertit alors dans la restauration de résidences de style victorien et dans le commerce d'antiquités.

 

Dans les années 1980, il écrivit de nouveaux articles traitant de la guerre biologique menée par le Japon au cours de la Seconde Guerre mondiale, notamment de l'unité 731 de l'armée japonaise qui expérimenta à grande échelle des armes biologiques en Chine, faisant des centaines de milliers de victimes.

 

Powell affirmaient dans ces articles que le gouvernement des Etats-Unis n'avait pas voulu accuser le Japon de crimes de guerre en échange des données sur les expériences médicales menées par l'unité 731. Ces informations, écrivait Powell, permirent aux Etats-Unis d'acquérir un savoir-faire dans le domaine de la guerre biologique, utilisé quelques années plus tard en Corée. Certains historiens continuent néanmoins de nier l'utilisation d'armes biologiques par les Etats-Unis.

 
Inlassable défenseur de la vérité qui y sacrifia sa carrière,  John W. Powell s'est éteint le 15 décembre 2008 à San Francisco. (souces : New York Times, Los Angeles Times)

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