1866 : la France de Napoléon III tente d'envahir la Corée. Si l'expédition du contre-amiral Roze échoue lamentablement, les militaires français pillent les précieuses collections royales coréennes qui, près d'un siècle et demi plus tard, n'ont toujours pas été restituées.
1993 : en visite en Corée du Sud, le président François Mitterrand promet de rendre les 297 volumes des archives du Oe-Kyujanggak, protocoles royaux de la dynastie Choseon pillés en 1866. En gage de bonne volonté, le chef d'Etat français remet le premier tome d'un ouvrage en deux volumes, le Hyikyungwon-Wonsodogam-Uigwe, enregistré à la Bibliothèque nationale sous le nom "Coréen 2495", mais le second tome est resté et reste encore en France.
Le documentaire Coréen 2495 du réalisateur sud-coréen Joon Soo-ha raconte son périple en Europe pour retrouver la trace du second volume, mais aussi des autres ouvrages pris par les Français en 1866, en exposant les intrigues politiques et économiques en toile de fond de l'un des principaux contentieux franco-coréens. Coréen 2495 a obtenu le prix du meilleur documentaire au dixième festival internationale du film de Pusan.
Car la France, qui a recouru aux guerres de conquête en Europe et dans le reste du monde, rechigne à restituer des trophées de guerre aujourd'hui classés et inventoriés comme des éléments de son propre patrimoine public. en l'occurrence à la Bibliothèque nationale de France. Mais ne doit-elle pas refermer la page de la colonisation et des tentatives avortées de domination impérialiste, comme dans le cas de la Corée en 1866 ?
En outre, un autre sujet, corollaire à celui des protocoles royaux de la dynastie Choseon, est le deuxième tome des Traits édifiants des patriarches rassemblée par le bonze Paegun (Paegun Hwasang Ch'orok Pulcho Chikchi Simch'e Yojol), le plus ancien ouvrage imprimé en typographie métallique au monde, datant de 1377 : acquis par le premier ambassadeur français en Corée, Victor Collin de Plancy (en poste de 1888 à 1891 et de 1895 à 1906), dans des conditions contestées compte tenu de la domination qu'exerçaient alors les puissances étrangères sur la Corée, il a été acquis par Henri Vever lors de la vente publique de la collection personnelle de Collin de Plancy, à l'Hôtel Drouot, en 1911, puis est entré dans les collections de la Bibliothèque nationale de France en 1950 grâce à un don des héritiers de Henri Vever. (Sources : Video Data Bank, et Pierre Cambon, "L'art coréen au Musée Guimet", RMN, 2001, p.14)