En déplacement dans son pays, pour la première fois depuis sa prise de fonctions comme secrétaire général des Nations-Unies, le Sud-Coréen Ban Ki-moon doit principalement discuter à Séoul du changement climatique, ainsi que de la coopération entre la Corée du Sud et l'ONU. La veille, Ban Ki-moon avait déclaré, à Tokyo, envisager un déplacement en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), mais à une date restant à déterminer.
Depuis son accession au poste de secrétaire général des Nations-Unies en janvier 2007, le Sud-Coréen Ban Ki-moon n'avait pas encore effectué de visite officielle dans son pays natal. C'est désormais chose faite, depuis son arrivée à Séoul le jeudi 3 juillet 2008, dans le cadre d'une tournée en Asie du Nord-Est qui le conduit également à Tokyo et à Pékin.
Avant de repartir au Japon le 7 juillet 2008 pour le sommet du G8, Ban Ki-moon doit rencontrer le président Lee Myun-bak, le Premier ministre Han Seung-soo et le ministre des affaires étrangères Yoo Myung-hwan.
Cette visite intervient alors que se poursuivent les mouvements de contestation contre la décision du président Lee Myung-bak de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain : après la mobilisation des églises, l'opposition s'est solidarisée du mouvement en décidant de boycotter la session parlementaire. La veille, le 2 juillet, pour exprimer sa conviction quant à l'absence de risque sanitaire, le Premier ministre Han Seung-soo, avait imité le ministre britannique de l'agriculture, M. John Gummer, en 1990, en décidant d'acheter 12 kg de viande de boeuf américaine qu'il entend manger avec sa famille dans sa résidence officielle.
Le déplacement de Ban Ki-moon à Séoul doit notamment traiter du changement climatique, alors que les annonces du président Lee Myung-bak concernant la limitation des émissions de dioxyde de carbone sont pour l'heure restées lettre morte. Un autre thème de discussions sera la coopération entre l'Organisation des Nations-Unies et la Corée du Sud, devenue un des principaux fournisseurs de casques bleus dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Le lundi 7 juillet, le secrétaire général des Nations-Unies doit d'ailleurs rencontrer les soldats sud-coréens sur le départ pour participer à la Force intérimaire des Nations-Unies au Liban (FINUL).
Une des principales incertitudes concerne le rôle que peut jouer Ban Ki-moon pour résoudre le contentieux nucléaire, et contribuer à la stabilité et à la paix dans la péninsule coréenne. Tout en ayant salué la décision de Pyongyang de détruire la tour de refroidissement du complexe nucléaire de Yongbyon, le secrétaire général des Nations-Unies vient d'exhorter le Japon à participer à l'aide humanitaire en faveur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), où le Programme alimentaire mondial a tiré la sonnette d'alarme sur la gravité de la situation alimentaire. Le 30 juin 2008, le PAM a annoncé qu'il allait étendre son assistance à 5 millions de personnes, soit plus du cinquième de la population nord-coréenne.
Dans ce contexte, Ban Ki-moon a déclaré à la presse à Tokyo, le 2 juillet, qu' "une visite à Pyongyang figurait dans son ordre du jour", mais qu'il fallait encore travailler sur les dates d'un tel déplacement, tout en ajoutant que les Nord-Coréens "lui ont dit qu'ils l'accueilleraient à tout moment".
Selon l'AAFC, les dossiers humanitaire et politique doivent être clairement dissociés si l'on veut réaliser de nouveaux progrès sur la voie de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. La reprise des pourparlers à six (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon), attendue d'une semaine à l'autre, crée un contexte favorable. Toutefois, si l'ONU veut jouer un rôle politique plus actif sur la scène coréenne, il faudra que le secrétaire général des Nations-Unies trouve sa place, en définissant sa position et ses objectifs propres, dans des négociations qui impliquent d'abord aujourd'hui les grandes puissances et les deux Corée. Par ailleurs, il devra gagner la confiance des Nord-Coréens en se défaisant d'une image d'opportunisme, qui l'avait fait surnommer dans son propre pays "l'anguille", en raison de sa capacité à s'adapter à tous les changements de régime intervenus en Corée du Sud depuis trente ans. (Sources : KBS Radio, The Financial Times, AAFC)
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