A l'issue de deux jours de discussion bilatérales entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), à Pékin, les 11 et 12 juin 2008, Tokyo a annoncé une levée partielle des sanctions prises contre la RPDC. De son côté, la RPDC va réouvrir les recherches sur le cas des Japonais enlevés par ses services secrets dans les années 1970 et 1980. Une attitude qui tranche avec la fermeture délibérée de la France pour encourager le dialogue intercoréen.
Comme l'AAFC l'avait annoncé, les discussions bilatérales entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et le Japon ont repris à Pékin, les 11 et 12 juin 2008, après neuf mois d'interruption.
Pour la première fois depuis l'adoption de sanctions contre la RPDC après l'essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre 2006, Tokyo a annoncé la levée partielle des mesures de restriction qui frappent, en premier lieu, la communauté nord-coréenne du Japon : les vols charter reprendront entre la péninsule coréenne et l'archipel nippon, de même que des ressortissants nord-coréens pourront à nouveau se rendre au Japon. Par ailleurs, les transports par cargo ayant un caractère humanitaire seront réautorisés.
Pour sa part, Pyongyang a annoncé la réouverture des recherches sur les Japonais enlevés par ses services secrets dans les années 1970 et 1980, tout en annonçant une coopération avec Tokyo suite au détournement, en 1970, d'un avion de la compagnie Japan Airlines vers la Corée du Nord par des militants japonais d'extrême-gauche, dont quatre d'entre eux vivent toujours en Corée avec leurs familles.
Dans un contexte de progrès du dialogue américano - nord-coréen, l'AAFC se félicite des améliorations des relations entre la RPDC et les Etats avec lesquels elle n'entretient pas de relations diplomatiques officielles. Une fois encore, l'AAFC note que seule la France fait exception, en maintenant intégralement les sanctions adoptées après l'essai nucléaire nord-coréen de 2006.
Seul pays de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas avoir établi de relations diplomatiques avec la RPDC, seul grand pays de l'OCDE à avoir refuse toute aide humanitaire bilatérale à la Corée du Nord après les inondations de l'été 2007, la France vient de refuser l'accès à son territoire d'artistes et d'universitaires nord-coréens venus célébrer, en Europe, le huitième anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000.
Reçus en Allemagne, les ressortissants nord-coréens se sont vus refuser leurs visas d'entrée en France, entraînant l'annulation des manifestations communes intercoréennes prévues dans notre pays à l'initiative du comité pancoréen pour la mise en oeuvre de la déclaration conjointe du 15 juin 2000.
Cet incident, dernier d'une longue série, montre le décalage entre les discours et les actes de l'exécutif français : en effet, Paris s'était officiellement félicité de la déclaration conjointe du 15 juin 2000 et prétend, à ce titre, soutenir le rapprochement intercoréen, dont il a fait un des critères de la reconnaissance diplomatique de la RPDC.
Mais la France a-t-elle réellement une politique nord-coréenne ? En 2000, alors que la France présidait l'Union européenne, Jacques Chirac apprenait avec colère que l'Allemagne et le Royaume-Uni venaient de reconnaître unilatéralement la RPDC, sans se concerter avec Paris. Ensuite, il avait fallu rationaliser une attitude évidemment contraire aux intérêts de notre pays, en posant des critères à une reconnaissance diplomatique : le dialogue intercoréen, la dénucléarisation et les droits de l'homme. Compte tenu des avancées sur les deux premiers thèmes, Paris se raccroche comme un bouée de sauvetage à la question des droits de l'homme en Corée du Nord, pour justifier une politique qui défie toute logique. Sauf à considérer qu'elle donne le change aux excellentes relations de Paris avec des Etats dont la conception des droits de l'homme n'est pas plus proche de la nôtre que celle de la Corée du Nord. (Sources : AAFC, AFP, KCNA)
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