Dans un communiqué publié le mardi 10 juin 2008, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a réaffirmé l'engagement de Pyongyang contre toute forme de terrorisme. Un rappel qui intervient à la veille de la reprise, attendue, des négociations multilatérales sur le nucléaire nord-coréen, alors que Pyongyang demande toujours son retrait de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.
"Avec le soutien du gouvernement, le ministère des Affaires étrangères de la RPDC a déclaré que la RPDC maintiendra sa position consistant à s'opposer à toute forme de terrorisme et à tout soutien au terrorisme" : c'est en ces termes sans ambiguïté qu'un communiqué du ministère des Affaires étrangères (MAE) de RPDC a rappelé, le mardi 10 juin 2008, la position constante de Pyongyang dans la lutte contre le terrorisme.
La réaffirmation d'une position constante, à la veille de la reprise attendue des pourparlers sur le nucléaire
Le communiqué de MAE de RPDC, cité par l'agence officielle nord-coréenne KCNA, poursuit en réaffirmant que la Corée du Nord "va respecte ses engagements en matière de non-prolifération nucléaire", et va également "prendre part aux efforts internationaux pour éviter que la substance, l'équipement et la technologie soient utilisés pour la production d'armes nucléaires, biochimiques et radioactives, en détectant les moyens des terroristes et des organisations qui les soutiennent".
Cette déclaration était manifestement attendue par les Etats-Unis et les autres parties aux négociations multilatérales (Chine, Corée du Sud, Russie, Japon) sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, dont les négociations doivent reprendre : en contrepartie de la cessation de ses activités nucléaires militaires, la RPDC demande que soit honoré l'accord de Pékin du 13 février 2007, qui prévoir la livraison d'un million de tonnes de fioul lourd ou leur équivalent. Un autre enjeu est le retrait de la RPDC de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, qui a actuellement pour effet de couper la Corée du Nord des financements internationaux.
L'engagement de la Corée du Nord dans la lutte contre le terrorisme
L'AAFC tient à souligner le caractère éminemment politique de l'inclusion de la RPDC dans la liste des Etats soutenant le terrorisme au regard de ses prises de position :
- de manière constante, la RPDC a dénoncé les attentats terroristes qui ont frappé les Etats-Unis et leurs intérêts, non seulement après le 11 septembre 2001, mais également lors des attaques contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kénya en août 1998, lors de l'attentat à Bali, en Indonésie, en octobre 2002, et de l'explosition à la bombe à Riyad, en Arabie Saoudite, en mai 2003 ;
- la RPDC a soutenu les Nations-Unies dans la lutte contre le terrorisme, en particulier la résolution de l'Assemblée générale des Nations-Unies sur les mesures pour éliminer le terrorisme du 12 décembre 2000, la stratégie globale contre-terroriste des Nations-Unies du 8 septembre 2006 et la mise en oeuvre de la résolution 1373 du 28 septembre 2001 du Conseil de sécurité des Nations-Unies ;
- après l'attaque, le 30 octobre 2007, d'un navire nord-coréen, le Tae Hong Dan, par des pirates au large de la Somalie, le soutien apporté par la marine américaine a témoigné concrètement de la coopération possible entre Américains et Nord-Coréens dans la lutte contre le terrorisme.
Le Tae Hong Dan, au moment où montent à bord les équipes de la marine américaine.
(photo : US Navy)
Enfin, la RPDC a réaffirmé à plusieurs reprises, notamment le 31 mars 2004, son absence de tout lien avec Al Qaida.
La liste des Etats soutenant le terrorisme : un instrument politique
Dans ce contexte, quel est le fondement de la présence de la Corée du Nord dans la liste des Etats soutenant le terrorisme ? De manière constante, dans ses rapports annuels, le département d'Etat américain ne mentionne plus la Corée du Nord comme un des soutiens du terrorisme depuis 1987, date d'un attentat contre un avion de ligne sud-coréen dont la RPDC a par ailleurs nié la responsabilité. Au demeurant, la responsabilité - celle-ci reconnue - de la Libye dans d'autres attentats contre des avions de ligne n'a pas empêché son retrait de la liste des Etats soutenant le terrorisme. Sans doute le rapprochement de la Libye avec les puissances occidentales, dont elle est devenue un partenaire commercial respectable, n'est-il pas étranger à ce changement de statut de la Libye en 2006, trois ans après une lettre au Conseil de sécurité des Nations-Unies où elle avait déclaré renoncer au terrorisme.
Si le département d'Etat américain a relevé, selon lui, d'autres incidents mettant en cause les autorités nord-coréennes (comme l'enlèvement supposé en Thaïlande, en 1999, d'un diplomate nord-coréen ayant fait défection), ils ne justifient pas la présence dans la liste des Etats soutenant le terrorisme.
Pour qu'un Etat soit retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme, un rapport au Congrès doit être déposé au moins 45 jours avant que les parlementaires américains ne se prononcent sur cette décision. Deux conditions sont demandées : l'absence de soutien au terrorisme international au cours des six mois précédents, et un engagement pour le futur de l'Etat concerné.
Les néo-conservateurs américains, qui avaient été extrêmement actifs pour rapporter les allégations de faux-monnayage nord-coréen, se sont employés récemment à montrer que la Corée du Nord soutiendrait le Hezbollah et les Tigres tamouls (LTTE), tous deux désignés par les Etats-Unis comme des organisations terroristes.
Car c'est tout l'intérêt de la plasticité de la notion de "groupe terroriste" : le gouvernement français désignait ainsi comme terroriste le FLN pendant la guerre d'Algérie. Or, précisément, dans son appui constant aux mouvements de décolonisation, la RPDC avait été un des plus fermes soutiens du FLN... (Sources : Xinhua, KCNA, Crosswalk, AAFC)
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