Les manifestations contre la décision de l'administration Lee Myung-bak de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain et, plus largement, contre la politique du président conservateur sud-coréen, ont atteint un nouveau cap dans la soirée du mardi 10 juin 2008 : des centaines de milliers de Coréens ont défilé aux chandelles à Séoul et dans soixante-dix autres villes. Elu il y a moins de six mois, Lee Myung-bak cherche un échappatoire dans la formation d'un nouveau gouvernement, sans envisager de changement de cap politique.
Une vague géante, sans précédent depuis les manifestations pour la démocratie en juin 1987 : la presse a multiplié les superlatifs pour décrire l'ampleur de la mobilisation contre la décision du président sud-coréen Lee Myung-bak de réouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain. Le défilé aux chandelles a réuni des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Séoul (700.000 selon les organisateurs, 70.000 selon la police, 400.000 à 600.000 selon les médias), dans la soirée du mardi 10 juin 2008, alors que le matin même le gouvernement avait présenté sa démission au président Lee Myung-bak. Ce dernier est confronté à une impopularité record (20% de bonnes opinions) pour un chef d'Etat sud-coréen moins de six mois après son élection.
Employés, étudiants, mères de familles, syndicalistes ont également défilé dans 70 villes coréennes, en scandant "Lee Myung-bak dehors !", et en portant des badges caricaturant Lee Myung-bak sous les traits d'un rat. D'autres manifestations ont rassemblé les Coréens vivant en Europe.
Si les revendications se concentrent sur l'absence de révision du risque sanitaire lié à l'encéphalopathie spongiforme bovine, dans la décision de réouverture du marché sud-coréen, elles témoignent en effet d'un rejet plus global de la politique de l'administration Lee Myung-bak. Le mode de gouvernement autoritaire du président Lee, son incapacité à lutter contre la hausse des prix de l'énergie ou à relancer la croissance économique, sont dénoncés non seulement comme des marques d'incapacité, mais aussi comme une remise en cause des acquis démocratiques en Corée du Sud. Selon le Nouveau parti démocratique unifié, principale formation d'opposition, "l'arrogance et l'autosatisfaction de Lee Myung-bak correspondent à un retour en arrière dans le développement de la démocratie en Corée."
Lee Myung-bak envisagerait de nommer à la tête du gouvernement sa principale adversaire au sein de la droite conservatrice, qu'il avait battue lors des primaires pour désigner le candidat à l'élection présidentielle, avant qu'elle ne conduise une liste dissidente (largement devancée) aux élections législatives d'avril 2008 : Mme Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee, dont le coup d'Etat en 1961 avait mis fin à la démocratie en Corée du Sud, avant que lui-même ne soit assassiné en 1979. (sources : Washington Post, Reuters, AFP, AAFC)
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