Seulement trois mois après son investiture, le président sud-coréen Lee Myung-bak est devenu impopulaire. Celui qui a été surnommé "le bulldozer" a reconnu n'avoir pas assez tenu compte de l'opinion publique. La réouverture de la Corée du Sud au marché du boeuf américain, en cristallisant les mécontentements, a ainsi eu un effet décisif sur la baisse de sa cote de popularité.
Adoptant un style nouveau, le président sud-coréen Lee Myung-bak a choisi la télévision pour exprimer ses regrets de ne pas avoir suffisamment écouté l'opinion publique en son début de mandat, moins de cent jours après son investiture.
Mais si la forme change, le fond demeure : les décisions prises sans concertation préalable de celui qui, à la mairie de Séoul, avait été surnommé "le bulldozer", n'ont été modifiées qu'à la marge. En visite aux Etats-Unis, Lee Myung-bak s'était ainsi engagé à la ratification de l'accord de libre-échange (Free Trade Agreement, FTA) avec les Etats-Unis, malgré l'opposition de nombreux secteurs de l'opinion - notamment les milieux du cinéma et les agriculteurs - y compris de certains parlementaires de droite. Il annonçait en particulier la réouverture de la Corée du Sud au marché du boeuf américain, ce qui signifiait la levée des mesures d'interdiction prises en 2003, au moment de la "crise de la vache folle".
En vert foncé, figurent les pays où ont été identifiés
des cas humains de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
En vert clair, figurent les pays où ont été identifiés
des cas d'encéphalopathie spongiforme bovine ("maladie de la vache folle").
Face aux manifestations contre cette décision, prise indépendamment de toute évaluation préalable du risque sanitaire, l'administration Lee Myung-bak n'a concédé qu'un report de la date de réouverture du marché coréen, tandis que la cote de popularité du chef de l'Etat plongeait. Dans le même temps, la Corée du Sud a accueilli les premières d'importations d'OGM américains.
A la télévision, Lee Myung-bak a fait état de l'engagement écrit du gouvernement américain sur le risque sanitaire lié à la crise de la vache folle. Il a également réaffirmé sa conviction que le libre-échange était, selon lui, une nécessité pour une économie aussi ouverte que la Corée du Sud, en avançant le chiffre de "300.000 emplois" que créerait immédiatement la ratification de l'accord de libre-échange. Pendant sa campagne électorale, Lee Myung-bak s'était déjà engagé sur des taux de croissance chiffrés, avant de devoir les réviser, remettant en cause son volontarisme. Au demeurant, l'accord de libre-échange doit franchir la double étape d'une ratification par le Congrès américain et le Gukhoe sud-coréen.
Par le passé, des prédécesseurs de Lee Myung-bak ont joué la carte de l'ouverture vis-à-vis de la Corée du Nord pour franchir un cap d'impopularité, comme cela a notamment été le cas du général Park Chung-hee au début des années 1970. Lee Myung-bak a manifesté certains signes d'infléchissement en ce sens, mais il faudra davantage qu'un changement de style pour espérer de nouveaux progrès dans le dialogue intercoréen. (Sources : Asia Times Online, AAFC)
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