Moins de quatre mois après l'élection du principal candidat d'opposition, le conservateur Lee Myung-bak, à la présidence de la République de Corée (du Sud), les élections législatives sud-coréennes du 9 avril 2008 devraient confirmer la domination du Grand parti national du président Lee. Malgré un net regain de tensions avec la Corée du Nord, la campagne électorale a suscité peu d'intérêt chez les électeurs : un taux d'abstention record pourrait être l'un des enseignements les plus significatifs d'un scrutin dépassionné.
Mêmes causes, mêmes effets : depuis l'instauration en 2002 du quinquennat et l'inversion du calendrier des élections présidentielle et législatives, les élections législatives françaises tendent à confirmer le résultat de l'élection présidentielle. Les scrutins législatifs français de 2002 et 2007 ont, en outre, été marqués par des taux records d'abstention.
Un scénario identique est attendu pour les élections législatives sud-coréennes du 9 avril 2008, moins de quatre mois après l'élection, le 19 décembre 2007, du conservateur Lee Myung-Bak (Grand parti national, GPN) à la présidence de la République en Corée du Sud.
Les enjeux sont pourtant déterminants : sans majorité parlementaire, le président Lee ne pourra pas mettre en oeuvre son programme et il s'expose à un risque de veto des députés. Par ailleurs, la majorité constitutionnelle, pour changer la loi fondamentale, est fixée aux deux tiers des sièges. L'Assemblée nationale (en coréen gukhoe) comprend 299 membres : 245 sièges sont pourvus au scrutin majoritaire à un tour et 54 sièges sont répartis à la proportionnelle, entre les listes ayant obtenu au moins 3 % des voix ou 5 députés au scrutin majoritaire.
Le principal adversaire du Grand parti national est le Parti démocratique unifié (PDU), de sensibilité centriste, proche du prédécesseur du président Lee. Plus grande formation politique des anciens opposants au régime militaire sud-coréen, le PDU dispose d'une majorité relative dans la législature sortante (135 sièges, contre 130 au GPN) mais son candidat a été distancé de plus de 20 points à l'élection présidentielle. L'objectif du PDU est d'obtenir 100 sièges : le régionalisme qui domine la vie politique sud-coréenne devrait aider le PDU à conserver ses bastions, bien qu'il soit distancé dans les intentions de vote au niveau national.
La nette dégradation récente des relations intercoréennes a été l'élément le plus saillant de la campagne électorale qui s'achève : après les déclarations du commandement militaire sud-coréen sur la possibilité de frappes préventives des installations nucléaires nord-coréennes, la Corée du Nord a mis en garde le Sud contre des risques de conflit armé. Les deux prédécesseurs démocrates du président Lee ont mis en place une politique de rapprochement intercoréen, critiquée par le GPN comme ayant accordé trop de concessions sans contreparties. Le lien effectué par le président Lee Myung-bak entre la poursuite des échanges économiques (la Corée du Sud est aujourd'hui le deuxième partenaire commercial de la Corée du Nord) et la dénucléarisation de la péninsule coréenne, d'une part, la question des droits de l'homme, d'autre part, tranche avec ses prédécesseurs qui dissociaient ces différents enjeux. En désignant Lee Myung-bak comme pro-Américain et "traître" à la cause de la réunification de la Corée, après avoir expulsé onze des fonctionnaires sud-coréens de la zone industrielle nord-coréenne de Kaesong, où sont implantées des entreprises sud-coréennes, la Corée du Nord a exprimé clairement sa volonté de non-ingérence dans ce qu'elle considère relever de ses affaires intérieures, ou - s'agissant du nucléaire - de sa politique de défense et de ses relations bilatérales avec Washington.
Plusieurs autres formations politiques arbitrent le duel attendu entre le GPN et le PDU :
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