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1 avril 2008 2 01 /04 /avril /2008 10:58

Le 21 mars 2008, le président sud-coréen Lee Myung-bak a annoncé un ensemble de mesures pour protéger l'environnement de l'ensemble de la péninsule coréenne, tout en assouplissant les critères écologiques pour construire de nouvelles usines. L'AAFC essaie de décrypter ces signaux contradictoires.  

Le discours sur l'environnement prononcé par le président sud-coréen Lee Myung-bak, le 21 mars 2008, trace les grandes orientations de sa présidence en ce domaine. Mais comme pour la Corée du Nord, le discours du président Lee est ambigu, ménageant les intérêts des différentes parties, sans jamais résoudre, à ce stade, la question de la mise en oeuvre concrète d'annonces ambitieuses.

Ne pas augmenter les émission de dioxyde de carbone

Alors que la Corée du Sud n'est pas engagée par le protocole de Kyoto à réduire ses émissions de dioxyde de carbone, le président Lee Myung-bak a annoncé des engagements de son pays : selon les précisions apportées par le gouvernement sud-coréen, ses émissions seraient maintenues, en 2012, au même niveau qu'en 2007, alors qu'il est actuellement prévu une hausse de 12% des émissions par le secteur industriel sur la période 2007-2012.

Les écologistes critiquent l'insuffisance de ces efforts : les émissions de dioxyde de carbone par habitant en Corée du Sud sont parmi les plus élevées au monde, et les Etats industrialisés de l'Union européenne prévoient, quant à eux, une réduction de leurs émissions. 

Soutenir le reboisement de la Corée du Nord

L'annonce la plus médiatique a été la proposition du président Lee Myung-bak de coopérer avec la Corée du Nord pour aider au reboisement de la partie nord de la péninsule. Une telle mesure protégerait l'environnement de toute la Corée.

L'idée n'est pas nouvelle : la déforestation en Corée du Nord, pour pallier la pénurie d'énergies fossiles après l'effondrement du bloc soviétique, a été une des causes majeures des conséquences dramatiques des inondations sur les récoltes et la situation alimentaire en Corée du Nord. D'ores et déjà, le Programme des Nations Unies pour l'environnement coopère avec la Corée du Nord pour aider à son reboisement.

Mais le président Lee Myung-bak ne s'est pas donné les moyens d'instituer un climat de confiance avec les dirigeants nord-coréens : il a refusé que des Nord-Coréens participent à sa cérémonie d'investitude, le 26 février dernier, comme la Corée du Nord l'avait proposé. En mettant l'accent sur les droits de l'homme en Corée du Nord, il a par ailleurs tendu les relations intercoréennes. 

Si la proposition du président Lee Myung-bak est intéressante, le dialogue intercoréen devra s'améliorer pour que s'entament déjà des discussions de mise en oeuvre d'un tel projet.


Sur ce cliché de la la péninsule coréenne pris en mai 2003, on aperçoit en Corée du Nord,

en particulier près de la côte ouest, de vastes zones touchées par la déforestation. (source : NASA)


Un grand canal

La Corée du Sud est actuellement engagée dans un processus pour purifier l'eau de quatre de ses principaux fleuves (Han, Youngsan, Nakdon et Geum) : durant sa campagne, Lee Myung-bak avait déjà dénoncé le coût de ces mesures, selon lui disproportionné, en privilégiant la construction d'un canal de 420 kilomètres entre Séoul et Pusan.

Mais quel sera le coût d'un canal ? Quelle est la mesure la plus efficace, à long terme, pour la protectionnement de l'environnement ?

Le propre parti du président Lee, le Grand parti national (GPN), n'a pas retenu le projet de canal dans son programme pour les élections législatives du 9 avril 2008, et des dissidents du GPN font ouvertement campagne contre ce projet. L'hypothèse d'un veto législatif ne doit donc pas être exclue.

Assouplir les interdictions environnementales pour les industriels

Enfin, le ministère de l'environnement a annoncé l'assouplissement des interdictions actuelles de construction de bâtiments industriels à proximité des sources d'approvisionnement en eau : la distance minimale à respecter par rapport à ces sources serait abaissée de 15 à 7 kilomètres.

Comme le souligne les écologistes, une telle mesure irait à contre-courant des décisions prises en ce domaine par les autres grands pays industriels pour protéger l'environnement.

Lee Myung-bak, ancien PDG de Hyundai, a commencé son mandat en annonçant que les groupes industriels pourraient à nouveau investir dans le secteur bancaire, alors que cette confusion d'intérêts est une des causes d'aggravation de la crise financière de 1997 en Corée du Sud.

Dans ce contexte, les gestes en direction des industriels sont-ils la contrepartie d'un programme réel d'amélioration de l'environnement ? Et ce programme sera-t-il effectivement mis en oeuvre ? A ce stade, la prudence s'impose afin de pourvoir ensuite juger sur pièces.

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