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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 17:48

Il y a 101 ans, le 19 mars 1921, Na Hye-seok devenait la première femme à exposer comme peintre en Corée dans les bureaux du quotidien Kyeongseong Ilbo, présentant des peintures à l'huile de style occidental. Devenue un symbole du féminisme au pays du Matin calme, elle a également été écrivaine sous le nom de plume de Jeongwol (lune brillante), graveuse et sculptrice.

Na Hye-seok, une féministe pionnière de la peinture coréenne

Née le 28 avril 1896, diplômée du lycée de jeunes filles Jinmyeong, Na Hye-seok a eu la possibilité de suivre des études artistiques à Tokyo (la Corée étant alors sous occupation japonaise) en étant issue d'une famille privilégiée de Suwon, alors que son frère aîné étudiait déjà dans la capitale japonaise.  C'est dans les milieux étudiants au pays du Soleil Levant qu'elle épouse la cause féministe, écrivant un article intitulé "Une femme idéale" où elle dénonce le patriarcat. 

De retour à Séoul en 1918, elle devient professeur d'art, s'oppose à un mariage forcé et participe au soulèvement du 1er mars 1919, qu'elle paie d'une incarcération pendant plusieurs mois. Elle co-fonde le journal P-yeho en 1920.

Commençant à exposer dès 1920, lauréate de nombreux prix, elle visite l'Europe à partir de 1927 avec son époux - le diplomate Kim Woo-young - et ses enfants. Elle étudie plus particulièrement la peinture en France, tout en s'intéressant aux cultures des pays visités.

Elle poursuit parallèlement son engagement féministe : dans une nouvelle intitulée Gyeonghee, elle plaide pour la libération de la femme et participe au journal féministe coréen Sinyoja. Mais une affaire d'adultère avec un dirigeant du mouvement cheondoïste, Choi Rin, fait d'autant plus scandale que Choi décrit avec des détails crus leur relation. Son mari obtient le divorce en 1931 ainsi que la garde de leurs enfants. Sa réputation et sa carrière sont ruinées. Revenant sur cette affaire dans un texte publié en 1934, Na Hye-seok plaide pour les relations sexuelles avant le mariage afin que les époux puissent se connaître, mais cette prise de position accentue la réprobation d'une société profondément conservatrice et la déchéance sociale de Na, qui continue toutefois à publier - notamment sur le féminisme et ses voyages - dans la revue Samcholli. Elle meurt à Séoul, dans un hôpital pour sans-abri, le 10 décembre 1948, âgée de 52 ans.

Si le destin de Na Hye-seok a longtemps été utilisée pour dissuader les jeunes Coréennes de devenir écrivaine ou artiste, elle est aujourd'hui reconnue à juste titre comme l'une des pionnières de la peinture moderne en Corée, à l'instar de Kim Kwan-ho

Na Hye-seok, Porte de la forteresse Hwaseong, à Suwon (années 1920)

Na Hye-seok, Porte de la forteresse Hwaseong, à Suwon (années 1920)

Sources : 

Patrick Maurus, "Na Hye-seok", in Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Caille-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, éditions des Femmes, 2013, p. 3118. 

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