Le paysage religieux coréen, s'il est aujourd'hui dominé par le bouddhisme, le protestantisme et le catholicisme, comporte aussi des religions indigènes, ancrées dans l'histoire nationale. L'une des principales religions nationales est l'église Cheondogyo (ou cheondoïsme), dont le nom signifie littéralement "Religion de la voie céleste", et qui est toujours implantée tant au sud qu'au nord de la péninsule.
La religion Cheondogyo s'est fondée sur les révoltes paysannes, à la fois antiféodales et anti-occidentales, qui marquent la Corée au XIXe siècle. Se voulant une religion purement orientale, par opposition aux croyances occidentales - au premier rang desquelles le christianisme - elle inclut des éléments provenant du confucianisme, du bouddhisme et du taoïsme. Comme dans le confucianisme, les fidèles de cette religion monothéiste vénèrent le Ciel (Cheon) comme le principe ultime du bien et de la justice. La divinité (haneullim) et l'homme se confondent : l'homme, les autres êtres vivants et les choses sont engendrés par une divinité présente en chacun d'eux - et ils ne sont donc pas créés par un dieu surnaturel. Une conséquence est que tous les hommes naissent égaux, ce principe démocratique étant l'une des causes de la popularité du cheondoïsme.
La religion cheondogyo tire ses origines du mouvement Donghak développé à partir de 1860 par le lettré Choe Je-u (condamné à mort pour sédition et exécuté en 1864), et ayant inspiré la guerre paysanne de 1894. Plus exactement, Cheondogyo en tant que religion se structure au début du XXe siècle en reprenant les enseignements de Choe Je-u. Les révoltes paysannes refusèrent l'exploitation des couches les plus pauvres de la société et s'opposèrent au gouvernement, en éliminant les fonctionnaires locaux.
Comme pour le confucianisme, le nombre de fidèles est difficile à évaluer précisément, car les pratiquants sont moins nombreux que les Coréens se revendiquant du cheondoïsme : si l'église Cheondogyo revendiquait plus de 5 millions de fidèles au Sud et près de 3 millions au Nord dans les années 2000, selon les recensements officiels sud-coréens le nombre de fidèles s'élevait à 65 000 en 2015, en hausse (puisque seulement 28 000 fidèles étaient recensés en 1995). Au Nord, les autorités évaluent à environ 15 000 les fidèles cheondoïstes. Un des partis alliés au Parti du travail de Corée, le parti Cheondogyo-Chong-u se fonde sur le cheondoïsme. Dans ses mémoires A travers le siècle, le Président Kim Il-sung salue la contribution de la religion Cheondogyo, religion "progressiste" intrinsèquement populaire, à la lutte pour la libération nationale contre la colonisation japonaise.
Plusieurs des dirigeants de Cheondogyo au sud de la péninsule, engagés dans la réunification, ont par ailleurs rejoint la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : en 1986, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Park Chung-hee (1961-1963) Choe Deok-sin (1914-1989) et son épouse Ryu Mi-yong (1921-2016) (auparavant, ils avaient émigré aux Etats-Unis en 1977 où ils avaient obtenu l'asile politique) ; en 1994, Oh Ik-jae. Choe Deok-sin était le fils du militant pour l'indépendance Choe Dong-o (1892-1963), qui dirigeait en Mandchourie l'école Hwaseong où Kim Il-sung était scolarisé. En 2019, un des enfants sud-coréens de Choe Deok-sin et Ryu Mi-yong, Choe In-guk, a annoncé s'installer à Pyongyang.
Sources :
- Suh Cheong-soo, An encyclopaedia of Korean culture, Hansebon, Séoul, 2004, p. 246-249.
Lee Chi-ran. Chief Director, Haedong Younghan Academy. The Emergence of National Religions in Korea
Pyongyang, April 5 (KCNA) -- The Heaven Day Ceremony was held in Pyongyang Sunday to commemorate the 149th anniversary of the foundation of Chondoism. Present there were Chairwoman Ryu Mi Yong ...
KCNA, "Anniversary of Chondoism observed", 5 avril 2009
【서울=뉴시스】이현주 기자 = 우리나라 인구의 10% 이상이 천주교를 믿고 있다는 조사 결과가 나왔다. 한국 천주교 주교회의의 '한국 천주교회 통계 ...
https://n.news.naver.com/mnews/article/003/0003273705?sid=103
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