Il y a 11 ans, le 17 décembre 2011, disparaissait Kim Jong-il, le deuxième dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A cette occasion, nous avons souhaité revenir sur son implication tout d'abord, à partir de 1964, dans la création culturelle et artistique, qui s'est manifestée par un intérêt plus particulièrement pour le cinéma sur lequel il a personnellement beaucoup écrit. Tout en jugeant nécessaire d'élever la qualité de la production (ce qu'il appelle "la régularisation de la production et/ou de la création"), Kim Jong-il a souligné l'importance selon lui d'un travail collectif et de stimuler la créativité - conformément à la conception des idées du Juche insistant sur l'autonomie créatrice des masses, tout en mettant également en exergue le message que doivent délivrer les oeuvres de l'esprit. Ce dernier principe, qu'on retrouve aussi dans le sud de la péninsule (le créateur a un rôle d'éducateur), est qualifié au nord de qualité idéologique de l'oeuvre. Nous reproduisons ci-après des extraits de son adresse aux cadres du secteur cinématographique, prononcée le 28 avril 1971, et intitulée "Pour mettre sur pied un système original de production cinématographique révolutionnaire".
"Un film n'est pas produit par une seule personne mais grâce à l'effort de tous les membres d'une équipe. La mise à contribution de l'intelligence de la collectivité garantit la qualité du film.
Dans cette perspective, il importe de multiplier les discussions entre les réalisateurs et les autres créateurs. Comme le dit le proverbe, un général à lui seul ne peut rien faire. Un réalisateur, aussi intelligent soit-il, n'est pas capable de créer un film à lui seul. Il peut concevoir un projet original de création, mais une fois soumis à la discussion de la collectivité, ce projet peut être encore perfectionné. C'est pourquoi les réalisateurs ne doivent pas être entêtés et entiers dans leurs idées. Ils doivent au contraire s'appuyer sur la collectivité et apprendre humblement auprès d'elle. Tel doit être leur style de travail.
Seul un réalisateur qui sait s'appuyer sur la collectivité et conduire la création grâce à la canalisation de son intelligence peut réussir.
Pour stimuler l'intelligence de la collectivité, il faut resserrer les liens entre tous les secteurs et tous les centres de création cinématographique et organiser leur coopération (...).
Il ne faudrait pas prendre prétexte de mon insistance sur la régularisation de la production cinématographique pour sous-estimer la personnalité des acteurs et des artistes, leur ardeur ou leur imagination. Une oeuvre est le produit d'une passion. L'enthousiasme et l'énergie sont la source de l'imagination d'un réalisateur. S'il est enthousiaste et s'il réfléchit, il peut découvrir en plein tournage ou au moment du mixage un moyen de représentation qu'il ne pouvait imaginer lors de la rédaction du texte de mise en scène. Il y a plus encore : il peut découvrir, au cours du tournage, une lacune qu'il n'a pu apercevoir lors de la rédaction de son texte. Quelle serait la conséquence si on le cachait ou si on passait à l'étape suivante sous prétexte de respecter l'ordre de priorité ? L'ordre serait observé, mais la valeur idéologique et la qualité esthétique de l'oeuvre diminueraient.
Quand à la régularisation de la création, elle vise à produire des films de meilleure qualité aussi bien au point de vue idéologique qu'esthétique, mais pas du tout à contrarier l'originalité des créateurs. Evidemment, un créateur doit se garder d'appliquer hâtivement la nouvelle méthode de représentation découverte. Il est tenu de réfléchir à ce qu'elle peut apporter et à son adoption, puis, sa résolution prise, il la soumettra à une discussion collective et se soumettre aux formalités nécessaires pour la faire adopter (...)"
Source : Kim Djeung Il, Pour achever l'oeuvre révolutionnaire juchéenne, Editions en langue étrangères de Pyongyang, Corée, 1990. Extraits cités p. 332 et pp. 336-337.
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