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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 15:39

Le 1er janvier 2020, pour la première fois depuis 2013, Kim Jong-un, chef d’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et président du Parti du travail de Corée (PTC) n’a pas prononcé de discours de Nouvel An. En revanche, il s’est exprimé au cours de la 5ème session plénière du 7ème Comité central du PTC qui s'est tenue du 28 au 31 décembre 2019. La durée exceptionnelle de cette session et le choix d'une intervention devant les plus hauts cadres du PTC, plutôt que d’une allocution publique, traduisent sans doute la gravité de la situation, dans un contexte où semble s'achever la phase diplomatique amorcée avec les Etats-Unis en 2018, et marquée par les sommets RPDC-Etats-Unis de juin 2018 et février 2019 (auxquels il convient d'ajouter une rencontre « impromptue » à Panmunjom le 30 juin 2019). Les discussions entre la RPDC et les Etats-Unis n’ont permis aucune avancée concrète sur les questions de l'établissement d'un régime de paix permanent en Corée, de la dénucléarisation de la péninsule coréenne et de la levée des sanctions à l'encontre de la RPDC. Au cours de son discours, Kim Jong-un semble donc avoir tiré le bilan de l'absence d'avancées diplomatiques et tracé une nouvelle voie pour 2020, tant dans la conduite des affaires diplomatiques qu’en matière de politique intérieure et de développement économique.

Faute d'avancées diplomatiques, la RPDC prône le renforcement de la défense et l'autosuffisance en 2020

Si, en théorie, ni les Etats-Unis ni la RPDC n’ont annoncé leur volonté de mettre fin à leurs négociations, les dernières semaines de l'année 2019 semblent avoir, en pratique, sonné le glas de tout espoir d’un accord, alors que se rapprochait la date butoir du 31 décembre fixée par Kim Jong-un dans son discours du 12 avril 2019 lors de la première session de la 14ème législature de l'Assemblée populaire suprême. Devant le Comité central du PTC, Kim Jong-un a déclaré que « l’intention des Etats-Unis est de tergiverser sous couvert de dialogue et de négociations afin d’atteindre leurs visées politiques et diplomatiques et en même temps de maintenir indéfiniment leurs sanctions dans le but d’user et d’affaiblir de plus en plus nos forces ».

De fait, incapables de présenter un plan de route crédible ni de faire la moindre concession permettant de parvenir à un accord équilibré, les Etats-Unis ont favorisé ce qui s’apparente à un « retour à la case départ ». Kim Jong-un a ainsi rappelé les efforts engagés par son pays en vue d'apaiser les tensions et l'hostilité constante manifestée par les Etats-Unis : « Rien que ces deux dernières années où notre République avait pris des mesures préalables de haute importance pour la création de la confiance entre la RPDC et les Etats-Unis, notamment la cessation des essais nucléaires et des tests de lancements de fusées balistiques intercontinentales et la suppression de la base d’essai nucléaire, les Etats-Unis, loin d’y répondre par leurs mesures correspondantes, ont effectué à des dizaines de reprises les exercices militaires conjoints d’une grande et petite envergure que le Président américain avait promis lui-même de cesser, et introduit en Corée du Sud des matériels de guerre de pointe pour nous menacer militairement, et adopté plus de dix fois des mesures de sanctions séparées contre nous. Ils ont ainsi montré de nouveau au monde que leur ambition d’écraser notre régime est invariable. »

Même si Donald Trump ne parle plus de « détruire complètement » la Corée du Nord, comme en septembre 2017 devant l'Assemblée générale des Nations unies, le risque d’un affrontement armé en Corée est désormais plus élevé. Le discours de Kim Jong-un au sujet des impératifs de la défense nationale tient évidemment compte de cette nouvelle donne et il a souligné la nécessité de prendre des « mesures offensives pour assurer efficacement la souveraineté et la sécurité de notre Etat ».

Deux informations d’une particulière importance ont été annoncées. Premièrement, la RPDC ne s'estime plus tenue par ses engagements de suspendre les essais nucléaires et les tests de lancements de missiles balistiques. Deuxièmement, la RPDC va développer de nouvelles « armes stratégiques » que « le monde verra dans un proche avenir ».

Justifiant ces annonces, Kim Jong-un a déclaré que, « à cause des actes brutaux des Etats-Unis, l’environnement extérieur de notre République ne change nullement à une heure où nous concentrons toutes nos forces sur l’édification économique, comme à l’époque où nous poursuivions la voie du développement parallèle [de l'économie et d'une force de dissuasion nucléaire], et les actes hostiles, la menace et le chantage nucléaires ne cessent de s’accentuer ». Tirant les conséquence de cette situation, le dirigeant de la RPDC a ajouté que, « dans cette circonstance, nous ne pouvons pas délaisser la sécurité de notre avenir en aspirant uniquement aux succès économiques concrets et au bien-être ».

La session plénière du Comité central du PTC a aussi abordé les difficultés économiques rencontrées en RPDC. Avec l'absence d'avancées diplomatiques avec les Etats-Unis, l’espoir d’un allègement des sanctions économiques semble s’éloigner et, avec lui, la possibilité d’une amélioration rapide de l’économie nord-coréenne.

Dans son discours, Kim Jong-un n’a ainsi pas caché l’existence des difficultés causées par les sanctions et les souffrances qui en découlaient pour la population : « Comme de tangibles succès n’ont pas été enregistrés dans la direction unifiée et la gestion stratégique des affaires économiques ni dans l’amélioration des méthodes de gestion et d’administration des entreprises, l’Etat n’a pas réussi à jouer son rôle d’organisation de l’économie, et de sérieux problèmes surgissent dans l’effort pour rajuster, étoffer et activer l’économie dans son ensemble et la porter à une étape d’accroissement. »

La RPDC devra continuer à privilégier le chemin de l’« autosuffisance », lequel a montré qu’il constituait une alternative crédible, notamment par le développement de grands projets d’infrastructures et de constructions. Le mot d’ordre est donc le suivant : « Plus nous renforçons notre propre force et créons de précieuses richesses sur la base de l'autonomie et de l'autosuffisance, plus les ennemis seront entraînés dans une agonie profonde et plus tôt viendra le jour de la victoire du socialisme. »

Dans ce cadre, Kim Jong-un a proposé un plan pour réaliser un « tournant décisif dans le développement de l'économie du pays et du niveau de vie de la population ». L’accent a notamment été mis sur les questions des sciences, de la santé et de l’éducation.

Kim Jong-un a beaucoup insisté sur la nécessité de réformer l’organisation économique, particulièrement dans les « secteurs industriels clés, piliers de l’économie indépendante », tels que notamment les « industries métallurgique, chimique, houillère et mécanique, des matériaux de construction, du transport ferroviaire et de l’industrie légère ». La nécessité de lutter contre les désastres naturels et d’agir en faveur de l’environnement a aussi été rappelée.

A l'issue de la réunion, la 5ème session plénière du 7ème Comité central du PTC a adopté un projet de résolution comportant les huit décisions suivantes :

1 - Mettre en ordre de nouveau les assises économiques du pays et mobiliser toutes les potentialités de production pour faire face aux nécessités du développement économique et de la vie du peuple ;

2 - Accorder de l’importance à la science et à la technique et améliorer l’enseignement et la santé publique reflétant l’aspect du régime socialiste ;

3 - Protéger l’écosystème et prendre des mesures de gestion de la crise dans le cadre de l’Etat pour faire face aux calamités naturelles ;

4 - Garantir la victoire de la lutte pour vaincre de front les difficultés grâce à la puissante offensive politique, diplomatique et militaire ;

5 - Intensifier la lutte contre les actes antisocialistes et non socialistes, instaurer la discipline morale et soigner l’éducation idéologique dans les organisations de travailleurs ;

6 - Renforcer le Parti, état-major de la révolution, et accroître sa capacité de direction considérablement ;

7 - Les cadres, personnel dirigeant de la révolution, se dévoueront pour s’acquitter de leur responsabilité et de leur devoir assumés devant le Parti, la révolution et le peuple dans la lutte pour surmonter de front les difficultés rencontrées sur la voie de l’édification du socialisme ;

8 -Les organisations du Parti à tous les échelons et les organismes politiques soigneront le travail d’organisation et la politique pour appliquer cette décision et les organismes concernés, notamment le Présidium de l’Assemblée populaire suprême et le Cabinet, prendront des mesures pratiques pour réaliser parfaitement les tâches définies dans la décision.

KCNA, 1er janvier 2020

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