Alors que s’achève la saison 2018-2019 de football, l’heure est au bilan des réussites - et des échecs - qu’ont connu les diverses sélections de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de la République de Corée (Corée du Sud). Malgré un exercice assez contrasté - pour ne pas dire mitigé – les années à venir s’annoncent très prometteuses et notamment du fait des équipes juniors, tant masculines que féminines, qui ont brillé à plusieurs reprises. Alors que les diverses sélections de la RPDC n’ont pas participé à de nombreuses compétitions internationales cette saison, celles de la Corée du Sud ont, malgré un titre aux Jeux asiatiques, manqué l’occasion de franchir un palier.
L’année 2018 a bien entendu été marquée par la Coupe du monde, compétition reine de toutes les compétitions internationales de football. Après sa participation en 1966 et 2010, la sélection masculine de la RPDC n’a pas pu se qualifier pour l’édition 2018. En effet, une défaite en match éliminatoire face aux Philippines (3 à 2), le 29 mars 2016 à Manille, a privé la RPDC - pourtant favorite de son groupe - de participer à la Coupe du monde en Russie.
C’est donc à l’équipe de Corée du Sud qu’est revenue la lourde tâche de représenter la péninsule coréenne. Pour sa neuvième participation consécutive, les Guerriers Taeguk - placés dans un groupe extrêmement relevé où figuraient aussi l’Allemagne, le Mexique et la Suède – n’ont logiquement pas pu se qualifier pour les matchs à élimination directe. Une victoire face à l’Allemagne, tenante du titre, a cependant permis de sauver l’honneur. Mais, comme en 2014, la Corée du Sud a été éliminée dès le premier tour, suscitant la colère de ses supporters.
La Coupe du monde féminine de football s’est, elle, déroulée en France, en juin et juillet 2019. Pour s’y qualifier, les équipes asiatiques devaient réaliser un bon parcours lors de la Coupe d’Asie féminine de football 2018. Non qualifiées, les joueuses de la RPDC n’ont donc logiquement pas pu décrocher leur billet pour la Coupe du monde, ce qui constitue leur deuxième non qualification de suite après leur exclusion par la FIFA de la Coupe du monde 2015.
De leur côté, les joueuses sud-coréennes ont atteint la cinquième place dans la Coupe d’Asie féminine de football, se qualifiant de facto pour la Coupe du monde. Mais cette Coupe du monde en France fut loin d’être un succès pour les joueuses de la Corée du Sud. En effet, battues d’entrée par la France (4 à 0), puis par le Nigéria (2 à 0) et enfin par la Norvège (2 à 1), les Sud-Coréennes n’ont pas réussi à confirmer le parcours prometteur de la dernière Coupe du monde au Canada, lorsqu’elles avaient atteint les huitièmes de finale.
Concernant la Coupe du monde des moins de 20 ans (U-20), l’édition masculine s’est déroulée en Pologne en 2019. La Corée du Sud, seule équipe coréenne en lice, est passée tout près de l’exploit, avec une défaite en finale face à l’Ukraine (3 à 1). On retiendra cependant qu’au terme de ce beau parcours, la Corée du Sud est devenue la première équipe coréenne masculine à atteindre une finale de Coupe du monde.
La Coupe du monde féminine U-20 s’est, elle, déroulée en 2018 en France, plus précisément en Bretagne. Alors que pour l’édition 2014, la RPDC avait été sacrée championne du monde en Papouasie-Nouvelle-Guinée en l'emportant en finale face aux Françaises, cette fois, les Françaises se sont imposées en quart de finale. Notons que les Sud-Coréennes ne se sont pas qualifiées pour cette compétition.
Outre la Coupe du monde, l’année 2019 a été marquée par la 17e édition de la Coupe d’Asie AFC, qui s’est déroulée aux Émirats arabes unis. C’est, à notre connaissance, le seul tournoi majeur cette saison, avec les Jeux asiatiques, où les équipes coréennes du Nord et du Sud ont réussi à se qualifier conjointement, sans cependant avoir eu l’occasion de s’affronter.
L’équipe masculine de Corée du Sud, arrivée première du groupe C, après une belle série de trois victoires et aucun but encaissé, a éliminé Bahreïn en huitièmes de finale (2 à 1, après prolongation) mais s’est inclinée face à une surprenante équipe du Qatar en quarts de finale (1 à 0). L'équipe du Qatar a d'ailleurs remporté le tournoi.
En ce qui concerne la RPDC, le bilan pour cette compétition n’est guère positif, puisque terminant la compétition dernière du groupe E, avec un bilan très peu satisfaisant de trois défaites pour quatorze buts encaissés contre un seul but marqué. Difficile entrée en matière pour Kim Yong-jun, qui avait participé à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud en tant que joueur, nommé entraîneur quelques semaines avant le début de la compétition.
Mais le plus bel exploit du football coréen cette année demeure sans conteste la victoire de l’équipe masculine sud-coréenne de football aux Jeux asiatiques qui se sont déroulés en septembre 2018 en Indonésie. Si la RPDC a atteint les quarts de finale, éliminés de justesse par les Émirats arabes unis, l’équipe de Corée du Sud – menée par Son Heung-min, qui évolue à Tottenham - a remporté la finale face au Japon (2 à 1). Cette victoire dans une compétition internationale évite aux joueurs d'avoir à effectuer leur service militaire, conformément aux règles en vigueur en Corée du Sud... L’équipe féminine sud-coréenne a quant à elle atteint la troisième place.
D’autres tournois ont eu lieu au cours de cette saison 2018-2019. Moins prestigieux, et donc moins médiatisés, ils ont cependant permis à des équipes de se mettre en avant et d’engranger de l’expérience, surtout pour les jeunes.
Du 27 février au 6 mars 2019, s’est ainsi tenue la 12e édition du Tournoi de Chypre, une compétition internationale de football féminin qui se déroule chaque année. Les joueuses de la RPDC, après avoir terminé premières de leur groupe, se sont imposées en finale face à l’Italie (7 à 6 aux tirs au but) et c’est une joueuse coréenne, Kim Yun-mi, qui a terminé en tête du classement des buteurs avec cinq réalisations.
Plus tard, en mai 2019, les joueuses de l’équipe féminine U-20 de la RPDC ont remporté la Sud Ladies Cup – Tournoi Maurice Revello qui se déroule en France, et ce au terme d’un parcours quasi-parfait : quatre victoires sur les cinq matchs, seize buts marqués et aucun but encaissé (hors tirs au but). Ce tournoi a permis de révéler au grand public plusieurs joueuses de la RPDC, lesquelles devraient offrir de beaux jours à leur sélection dans les années à venir.
En juillet 2019, les étudiantes de la RPDC ont remporté les 30e Jeux mondiaux universitaires d'été qui se sont déroulés en Italie. Rassemblant les équipes de douze pays - dont la Chine, la Russie, le Brésil et le Mexique - les joueuses de la RPDC ont battu en finale leur rivale japonaise sur un score de 2 buts à 1.
Toujours en juillet 2019, l’équipe masculine de la RPDC a remporté l’édition 2019 de la Coupe intercontinentale (ou Coupe intercontinentale Hero, du nom du sponsor de la compétition), en Inde, dans la ville d’Ahmedabad. La compétition a regroupé quatre équipes : l’Inde, la Syrie, le Tadjikistan et la RPD de Corée. Les deux équipes arrivées en tête du tournoi se sont affrontées en finale, et en finale, la RPDC s’est imposée face au Tadjikistan (1 à 0).
La Coupe du monde masculine 2018 est terminée mais, déjà, il faut préparer les qualifications pour la Coupe du monde 2022 qui devrait se jouer – sauf retournement de situation – au Qatar. Le 17 juillet 2019, a eu lieu à Kuala Lumpur le tirage au sort pour les matchs du deuxième tour de qualification mais aussi pour la Coupe d’Asie AFC 2023.
Avec quarante équipes réparties dans huit groupes, la qualification pour le troisième tour sera réservée aux équipes arrivées premières de leur groupe et aux quatre meilleures équipes arrivées en deuxième position, soit douze places qualificatives au total. Les matchs se disputeront du 5 septembre 2019 au 9 juin 2020.
Les Corée du Nord et du Sud, comme en 2008 lors de la qualification pour la Coupe du monde 2010, figurent dans le même groupe, le groupe H. Les deux équipes coréennes s’affronteront donc à Pyongyang le 15 octobre 2019 et à Séoul le 4 juin 2020. En 2008, pour des raisons de protocole, aucun match ne s’était déroulé à Pyongyang et la rencontre entre les deux équipes avait été délocalisée en Chine, à Shanghai. A l’époque, le Nord et le Sud s’étaient qualifiés pour la Coupe du monde 2010 se jouant en Afrique du Sud.
Cette fois, avec l’amélioration des relations inter-coréennes, on peut espérer que les rencontres se disputent dans des conditions « normales », notamment sur le plan protocolaire. En effet, la FIFA exige que les hymnes des deux équipes soient joués, motif suffisant pour une délocalisation en 2008. Aucun match entre les deux équipes masculines de football ne s’est déroulé à Pyongyang depuis un match amical en 1990.
Les trois autres équipes du groupe H sont le Liban, le Turkménistan et le Sri Lanka. Ces dernières ne doivent pas être sous-estimées. Par exemple, lors de la Coupe d’Asie AFC de 2019, le Liban avait sèchement battu la RPDC (4 à 1).
Si, sur le papier, la Corée du Sud est favorite de ce groupe pour accéder au troisième tour de qualification, la RPDC pourrait réaliser un exploit.
D'autres clubs des deux Corée ont participé à des compétitions en Asie. Les clubs sud-coréens du Jeonbuk Hyundai Motors et du Ulsan Hyundai, qualifiés pour l’édition 2019 de la Ligue des champions AFC, ont tous les deux étés éliminés en huitième de finale, respectivement par les Chinois du Shanghai SIPG et les Japonais du Urawa Red Diamonds. Le Jeonbuk Hyundai Motors avait remporté l’édition 2016 de cette compétition, la plus prestigieuse compétition des clubs en Asie.
L’équipe nord-coréenne du 25-Avril réalise actuellement un très bon parcours en Coupe AFC – l’équivalent européen de la Ligue Europa - et jouera en août et en septembre un match de type aller/retour face à l’équipe du Dhaka Abahani Limited (Bangladesh). En cas de victoire, les joueurs du 25-Avril se qualifieront pour la demi-finale de la compétition.
Comme pour la saison 2017-2018, deux joueurs sud-coréens ont évolué cette saison dans le championnat de France de football : Kwon Chang-hoon à Dijon et Suk Hyun-jun à Reims. Gravement blessé au terme d’une très bonne saison 2017-2018 (douze buts en quarante matchs), Kwon n’avait pu participer à la Coupe du Monde en Russie. Après avoir repris la compétition en janvier 2019, il a inscrit quatre buts en vingt-cinq matchs, dont un but très important face au Racing Club de Lens, lors des barrages de maintien en Ligue 1. En juin 2019, après trois saisons passées en France, il a rejoint l’équipe allemande du SC Fribourg.
Transféré l’été dernier de Troyes à Reims, l’attaquant coréen Suk Hyun-jun a réalisé une saison en demi-teinte, avec trois buts pour un total de vingt-cinq matchs joués.
Il est à noter qu’un deuxième joueur coréen jouera dans le championnat de France pendant la saison 2019-2020. En effet, Hwang Ui-jo, 26 ans, qui évoluait au sein du club japonais du Gamba Osaka, a été transféré à Bordeaux. Attaquant très prometteur, il a inscrit vingt-sept buts en deux saisons à Osaka. Bien qu’international (vingt-sept sélections) et vainqueur des Jeux asiatiques en 2018, il était pourtant absent lors de la Coupe du monde 2018 en Russie. En cas de transfert, Hwang deviendra le deuxième joueur sud-coréen à évoluer à Bordeaux, après Kim Kyung-jun, prêté six mois en 2012 par le club estonien du FC Olimpi mais qui n’avait pas joué de match en équipe première.
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