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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 23:54

Alors que la croissance économique de la République de Corée (Corée du Sud) continue de ralentir (ayant atteint 0,6 % en glissement trimestriel au troisième trimestre 2018), entraînant une révision à la baisse (de 2,9 % à 2,7 %) du taux de croissance prévu par la Banque centrale coréenne pour l'ensemble de l'année 2018, les perspectives de reprise des échanges économiques Nord-Sud sont susceptibles de dynamiser l'économie du pays. Les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) constituent cependant un lourd facteur d'incertitudes.

Le ministre des Finances Kim Dong-yeon (à gauche) s'entretenant avec le gouverneur de la Banque centrale Lee Ju-yeol (à droite), lors d'une audition parlementaire, le 29 octobre 2018.

Le ministre des Finances Kim Dong-yeon (à gauche) s'entretenant avec le gouverneur de la Banque centrale Lee Ju-yeol (à droite), lors d'une audition parlementaire, le 29 octobre 2018.

La présence de dirigeants de 17 entreprises sud-coréennes, dont les représentants des principaux conglomérats du pays, aux côtés du Président Moon Jae-in lors de sa visite à Pyongyang (du 18 au 20 septembre 2018) n'est pas passée inaperçue : indéniablement, les grands groupes sud-coréens - qui disposent tous d'instituts en charge des relations Nord-Sud (pour appréhender le Nord tant en termes de risque politique que d'opportunité d'investissements et de projets conjoints) - voient dans le rapprochement inter-coréen en cours l'occasion d'envisager une présence dans le Nord de la péninsule, qui combinerait les moindres coûts de la main-d'oeuvre disciplinée et bien formée du Nord et les capitaux du Sud. Une telle association capital-travail est d'ailleurs celle qui a été à l'oeuvre dans la zone économique de Kaesong jusqu'à sa fermeture en 2016, avec cette différence - de taille - que ce sont des PME sud-coréennes qui investissaient à Kaesong (même si le pilotage et l'infrastructure du projet dépendaient de Hyundai Asan, filiale du conglomérat Hyundai). Désormais, outre un possible redémarrage de la zone économique de Kaesong, la question est posée du possible investissement des grands groupes sud-coréens au Nord de la péninsule, parallèlement à la conduite d'études sur des projets structurants pour l'économie de l'ensemble de la Corée (comme le raccordement des réseaux routiers et ferroviaires, qui désenclaveraient le Sud de péninsule du reste du continent eurasiatique). 

L'actuel régime drastique de sanctions internationales contre la Corée du Nord ne permet pas aujourd'hui de (nouveaux) investissements économiques sud-coréens, mais le plaidoyer de Séoul pour l'assouplissement des sanctions ne répond pas seulement à des considérations politiques (payer en retour les efforts accomplis par Pyongyang dans son processus de dénucléarisation, tout en soutenant la poursuite du dialogue Nord-Sud, ne pas laisser la Chine être - de loin - le principal partenaire économique de la RPD de Corée), mais aussi à des préoccupations visant à freiner le ralentissement économique en cours - qui ne sont toutefois pas affichées comme telles. En attendant le déblocage de la situation diplomatique qui permettrait d'envisager la levée de tout ou partie des sanctions, les grands groupes sud-coréens n'ont pas eu besoin du feu vert gouvernemental pour envisager l'installation d'unités de production dans la moitié septentrionale du pays, partageant une proximité géographique et une langue commune avec le Sud. S'ajoutent, pour certains groupes, des considérations liées au parcours personnels des membres des familles dirigeant les conglomérats - comme dans le cas de Chung Ju-yung, ancien dirigeant du groupe Hyundai, originaire du Nord.

Des investissements conjoints inter-coréens pourraient s'appuyer soit sur des exemptions explicites, dûment approuvées, au régime international de sanctions contre la Corée du Nord, soit sur une révision générale du cadre des sanctions. Au demeurant, Pyongyang a fait de la levée au moins partielle des sanctions l'une de ses priorités diplomatiques.

En attendant une éclaircie de la situation internationale, les autorités sud-coréennes ont aussi la possibilité de lever tout ou partie des mesures dites du 24 mai, prises après le dramatique naufrage de la corvette Cheonan, attribué jusqu'à présent par Séoul - malgré le caractère peu convaincant de l'enquête officielle, et les conclusions contraires de nombreux experts indépendants - aux autorités nord-coréennes. Un tel geste est à portée de main pour l'administration Moon Jae-in, malgré la levée de boucliers prévisible des conservateurs qui, alors au pouvoir, avaient mis en place les mesures du 24 mai. 

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