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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 11:29

Annoncé par le président américain Donald Trump, annulé par ce dernier puis finalement confirmé après une série d'échanges diplomatiques ayant notamment impliqué la République de Corée (Corée du Sud) et la République populaire de Chine, la rencontre au sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump devrait finalement bien avoir lieu, sauf accident, ce mardi 12 juin 2018 à Singapour, où les deux dirigeants sont déjà arrivés. Nous revenons sur les enjeux de cette première rencontre entre un président américain en exercice et un dirigeant suprême nord-coréen, en joignant un compte rendu de deux interventions de Benoît Quennedey, président de l'AAFC, sur France 24 (canal anglophone et canal francophone) le 11 juin 2018.

Qu'attendre du sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump ?

Les sceptiques en ont été pour leurs frais : sauf accident, le sommet de Singapour aura bien lieu, entre deux dirigeants dont les pays avaient été au bord d'une guerre nucléaire en 2017 - même si les réactions du président américain à l'époque doivent être resituées dans le contexte d'une montée des enchères, conformément à son style de négociations, fort peu diplomatique, qu'il avait exposé dans L'Art de la négociation - et dont Dennis Rodman se targue d'avoir offert un exemplaire au dirigeant nord-coréen.

Les Nord-Coréens ont mis sur la table le principe d'une dénucléarisation dont les modalités et le terme devront encore faire l'objet de négociations, tout en multipliant les geste de bonne volonté. Les Américains ont pris conscience que les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, en contrepartie d'engagements tangibles de sécurité collective (dans le cadre d'un processus multilatéral appelé à impliquer la Chine et la Russie) et d'une nécessaire levée par étapes (et non in fine) des sanctions internationales, seront nécessairement longues et feront l'objet de discussions ultérieures - où les menaces de rupture, exprimées par l'une ou l'autre parties, sont à attendre. Mais le Président Donald Trump, homme de communication plus que de dossiers, laissera à ses collaborateurs le soin de négocier des détails qui s'avèreront pourtant décisifs, en écartant les "faucons" de son administration (comme son conseiller John Bolton) de ce dossier sensible. Dans un premier temps, il s'agit d'abord pour lui d'établir un climat de confiance en montrant qu'une entente est possible avec les Nord-Coréens, à contre-courant des précédentes administrations présidentielles américaines qui ont laissé pourrir une situation de tensions.

Si un communiqué conjoint devait être publié à l'issue de la rencontre (et les deux parties ne peuvent que le souhaiter), il devrait réaffirmer des principes qui ne sont pas sans portée réelle : l'objectif de la signature d'un traité de paix, avec en contrepartie des engagements de sécurité pour Pyongyang (et un possible sommet trilatéral avec le président sud-coréen Moon Jae-in, voir quadripartite avec le président chinois Xi Jinping) ; une invitation de Kim Jong-un aux Etats-Unis et de Donald Trump à Pyongyang ; la perspective de l'établissement de relations diplomatiques bilatérales ; des échanges culturels et sportifs ; la venue symbolique d'entreprises américains à Pyongyang (on évoque McDonald's), la possible restitution aux Etats-Unis, à terme, du navire espion Pueblo, capturé par les Nord-Coréens il y a 50 ans... Les thèmes de convergences sont nombreux, même si d'autres sujets de désaccord peuvent envenimer un processus qui n'en est qu'à ses débuts et reste fragile : la mise en place du dispositif THAAD en Corée du Sud et la poursuite des manoeuvres américano-sud-coréennes d'un côté, les programmes balistiques (et les autres programmes d'armements conventionnels) et spatiaux de la Corée du Nord de l'autre... Mais Donald Trump est résolu à aller de l'avant - refusant désormais le terme de "pression maximale" sur la Corée du Nord auquel les Japonais et les Français restent attachés - comme l'a montré leur prise de position lors du dernier sommet du G7 - quitte à ne pas comprendre les évolutions diplomatiques en cours dans cette partie du monde, en ayant un train de retard.

Annexe - SOMMET HISTORIQUE DE SINGAPOUR J-1, France 24 invite l’AAFC à commenter l’actualité.

Le lundi 11 juin à 8h30 le présentateur (P) de la chaine France 24 (version anglophone) pose trois questions à Benoit Quennedey (BQ), président de l’AAFC, lors du journal télévisé.

P- Le monde attend beaucoup de cette rencontre. Que pensez-vous qui puisse être réellement atteint ?

BQ- Il faut être modeste car nous avons vu que le président Donald Trump peut changer très rapidement de position. Les deux leaders vont sans doute essayer de se tester mutuellement afin de voir jusqu’où l’autre est prêt à aller. Nous pouvons attendre d’importantes déclarations comme l’affirmation de la recherche d’un traité de paix et la réaffirmation par Pyongyang de sa dénucléarisation. Entre deux pays techniquement toujours en état de guerre c’est très important.

P- Pourquoi Pyongyang a-t-il changé de ton et de position et pourquoi avec ce président américain en particulier ?

BQ- Les Nord-Coréens ont déjà eu affaire aux diplomates américains mais ceux-ci n’envisageaient pas vraiment un processus de paix. Donald Trump a une diplomatie non-conventionnelle et les Coréens se sont dit pourquoi ne pas essayer avec ce président, même s’il a menacé de détruire leur pays à la tribune des Nations unies à l'automne 2017.

P- Et le rôle de la France et des puissances occidentales dans ce contexte ?

BQ- La France n’a pas, jusqu’à présent, joué un grand rôle et elle perdu une occasion de le faire. En particulier au Conseil de Sécurité de l’ONU entre le bloc anglo-saxon et celui des Chinois et Russes elle aurait pu avoir un rôle utile. L’Union Européenne, comme dans le cas de la Palestine, peut jouer un rôle dans le futur en matière d’aide économique et d’investissements.
 

A 9h00 changement de plateau c’est le journal « Paris Direct », la version francophone de France 24, avec deux journalistes Pauline Godart et Florent Rodo (J).

J- Quelles sont les intentions réelles de Kim Jong Un ? Recherche-t-il réellement un accord ?

BQ- la Corée du Nord obtient ce qu’elle a recherché depuis des années, un dialogue direct avec un président américain en exercice et ne peut pas sortir du sommet sans au moins un accord a minima sur les principes à savoir l’avancée vers des garanties de sécurité et la levée des sanctions.

J- Kim Jong -un obtient un statut diplomatique international..

BQ- C’est certain avec la multiplication des rencontres avec les présidents de Corée du Sud de Chine Populaire, une invitation en Russie il passe du rôle du méchant à celui de faiseur de paix.

J- Sur quoi peut déboucher ce sommet ?

BQ-  Le sommet débouchera probablement sur un début de clarification sur le terme de dénucléarisation, car les conceptions des deux parties sont différentes à ce sujet, et sur l’obtention de garanties de sécurité collective par Pyongyang. Les Etats-Unis veulent aller plus loin et prévoir d’autres rencontres mais les Nord-Coréens attendent de voir ce que les Américains mettront sur la table.

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