Le 15 avril 2018, pratiquement 4 ans jour pour jour après le dramatique naufrage du ferry Sewol le 16 avril 2014 qui a coûté la vie à plus de 300 des 476 passagers (majoritairement des lycéens en voyage scolaire), les Coréens de France réunis dans le collectif 416 Global network_Paris (en français : collectif global de Paris pour le 16 avril), et soutenus par les bouddhistes coréens de Paris ou encore le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, ont réussi une manifestation émouvante place de la République, à Paris, où les témoignages et les prises de parole ont alterné avec des morceaux musicaux et des poèmes. Leurs mots d'ordre ? Ne pas oublier, en exigeant toute la vérité sur les causes du naufrage et le désastre des opérations de sauvetage. Commémorer, en honorant la mémoire des victimes. Parler et agir, pour créer une société qui se soucie du bien-être de ses membres et ne sacrifie pas la sécurité au profit, pour que de tels drames ne se reproduisent plus.
"Lutter contre le temps, lutter contre les tentatives du gouvernement pour cacher la vérité, contre des médias sous influence du gouvernement" : comme l'ont proclamé les tracts multilingues qui étaient diffusés, la colère le disputait à l'émotion - mais celle-ci restait intacte, quatre ans après le drame, témoignant que l'immense élan de solidarité qui avait emporté le peuple coréen reste encore présent dans les esprits et les coeurs.
L'exigence de vérité est aujourd'hui fondamentale, alors que les commissions spéciales qui se sont mises en place depuis 2015 n'ont ni permis de changer fondamentalement la législation et la réglementation, ni conduit à faire éclater la vérité - toute la vérité. Quels intérêts liaient les conservateurs alors au pouvoir et le propriétaire réel du navire, Yoo Byung-eun, artiste douteux et escroc notoire, devenu le trop facile bouc émissaire du désastre ? Cette question fondamentale doit permettre de comprendre comment le naufrage a été aussi mal géré... Des enfants, répondant aux ordres d'attendre les secours, ont en réalité attendu la mort dans le navire, laissant avec leurs téléphones de derniers messages d'adieux déchirants à leurs familles, à leurs amis, à leurs proches.
Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, qui avait envoyé un message de condoléances après la catastrophe, Benoît Quennedey a souligné la nécessité de la solidarité internationale, alors que cette tragédie a révélé les défaillances d'une société où des vies ont été sacrifiées sur l'autel du profit, ainsi que les lacunes de la démocratie sud-coréenne : limites du travail d'enquête parlementaire, inaction des moyens de secours dont disposaient les forces militaires, opacité sur les liens entre Yoo Byung-eun et le monde du renseignement, manipulation de l'information par les autorités faisant croire que tout était mis en oeuvre pour sauver des vies et répression des militants pour la vérité...
Le combat et la solidarité doivent se poursuivre, jusqu'à la victoire !
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