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16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 20:40

Le 15 mars 2018, Ri Yong-ho, ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), est arrivé en Suède pour une visite d'une durée initialement prévue de deux jours, prolongée jusqu'au samedi 17 mars. En janvier 2018, Han Song-ryol, vice-ministre des Affaires étrangères, s'était déjà rendu à Stockholm. Si les deux parties n'ont évoqué publiquement, à ce stade, que les thèmes abordés en termes généraux (sans que les médias ne publient de photos des rencontres), l'intérêt pour cette visite est renforcé tant par le contexte international (un sommet a été annoncé entre les dirigeants américain Donald Trump et nord-coréen Kim Jong-un, à une date et en un lieu qui restent à déterminer) que par la position spécifique de la Suède, qui a été l'un des premiers pays ouest-européens à établir des relations diplomatiques avec la RPDC et qui représente en Corée du Nord les intérêts consulaires de plusieurs pays occidentaux (dont les Etats-Unis, le Canada et l'Australie, comme l'ont rappelé les autorités suédoises à l'occasion de la visite de mars 2018, en citant ces trois Etats). 

Ri Yong-ho, ministre nord-coréen des Affaires étrangères, et son homologue suédoise Margot WallströmRi Yong-ho, ministre nord-coréen des Affaires étrangères, et son homologue suédoise Margot Wallström

Ri Yong-ho, ministre nord-coréen des Affaires étrangères, et son homologue suédoise Margot Wallström

Si l'agence officielle nord-coréenne KCNA n'a pas (encore) fait état du sommet prévu entre les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump - attendant vraisemblablement des éléments plus précis (lieu, date) pour en faire l'annonce - elle a en revanche rendu compte, le 16 mars 2018, du départ la veille d'une délégation conduite par Ri Yong-ho, ministre des Affaires étrangères de la RPDC, pour le royaume de Suède : KCNA a annoncé que la délégation nord-coréenne rencontrerait Margot Wallström, ministre suédoise des Affaires étrangères, "pour des échanges de vues sur les relations bilatérales et des questions d'intérêt commun". Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, la délégation de la RPDC comprend également Choe Kang-il, directeur général adjoint du département Amérique du Nord du ministère des Affaires étrangères.  

A titre plus anecdotique, Ri Yong-ho connaît déjà la Suède pour y avoir été en poste diplomatique entre 1985 et 1988.

De fait, le 16 mars au soir il n'y avait déjà pas eu une, mais deux rencontres avec Margot Wallström : le jour de l'arrivée de la délégation, dans le cadre d'un dîner, puis lors d'une rencontre de plusieurs heures le lendemain 16 mars. Ri Yong-ho a aussi rencontré
 plus brièvement le Premier ministre suédois Stefan Löfven dans la matinée du 16 mars.  

Revenant sur ces premiers échanges, dont elle s'est félicitée du caractère constructif, Margot Wallström a mis en avant le fait que la Suède représente les intérêts d'autres pays occidentaux en Corée du Nord, ainsi que la situation internationale - Stockholm jouant volontiers un rôle de bons offices pour faciliter les échanges et le dialogue, sans s'immiscer dans les relations bilatérales des autres pays : 

Nous honorons notre mandat de puissance protectrice (...) Le dialogue est nécessaire (...) mais nous ne sommes pas naïfs au point de croire que nous pouvons régler tous les problèmes de la planète. Il revient aux parties de décider du chemin à suivre.

Le premier point (les intérêts consulaires que défend la Suède en RPDC) est sans doute fondamental dans les échanges en cours entre les Etats-Unis et la RPDC. En effet, trois citoyens américains (tous Coréens américains, Kim Dong-chul, Tony Kim et Kim Hak-song) sont actuellement détenus en Corée du Nord pour des activités considérées comme criminelles,  et leur libération pourrait ainsi faire partie d'un accord plus global entre Washington et Pyongyang. Lors de la libération par Pyongyang d'un quatrième Américain, Otto Warmbier, tragiquement disparu six jours après son retour aux Etats-Unis (ce qui a été à l'origine d'un contentieux bilatéral, plusieurs fois rappelé par Donald Trump lui-même), les autorités américaines avaient salué le rôle positif joué par la Suède. 

S'agissant de la situation internationale,  alors que la Suède est actuellement l'un des membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (dont les résolutions visent à la dénucléarisation de la RPD de Corée), la ministre Margot Wallström a rappelé que son pays était désireux d'apporter sa contribution pour diminuer durablement les tensions dans la péninsule en favorisant le dialogue entre Pyongyang et Washington.

Cette visite en Suède s'inscrit dans le cadre de relations bilatérales anciennes : les deux Etats ont établi des relations diplomatiques le 7 avril 1970 ; en 1974 une ambassade nord-coréenne a ouvert ses portes à Stockholm ; en 1975 la Suède a inauguré la première représentation diplomatique occidentale à Pyongyang (le premier ambassadeur suédois en RPDC, Erik Cornell, a rendu compte de son séjour dans le pays dans son ouvrage Report of an Envoy to Paradise, qui apporte un témoignage teinté d'ironie et non dépourvu d'intérêt sur plusieurs sujets, comme la première représentation diplomatique australienne en Corée du Nord). 

Pendant la guerre de Corée (1950-1953), la Suède, pays neutre, avait envoyé du personnel médical dans la péninsule. Après l'accord d'armistice, elle a fait partie de la Commission de supervision des nations neutres - dont elle est toujours membre, même si cet organisme ne joue pas (ou plus) un rôle primordial.


En 2001, alors que la Suède présidait l'Union européenne, le Premier ministre suédois Göran Persson, à la tête d'une délégation de l'Union européenne comprenant également Chris Patten, Commissaire européen aux relations extérieures, et Javier Solana, Haut représentant aux Affaires étrangères, avait rencontré à Pyongyang le Dirigeant Kim Jong-il. A la suite de cette visite, des relations bilatérales avaient été établies entre la République populaire démocratique de Corée et l'Union européenne. 

La RPD de Corée a par ailleurs noué une dette bilatérale à l'égard de la Suède, suite au non-paiement de plusieurs opérations (comme l'achat de voitures Volvo dans les années 1970, la Corée du Nord ayant été en cessation de paiement à la fin de la décennie). Le commerce entre les deux pays est actuellement très faible (en-deçà de 1 million d'euros par an). La Suède est par ailleurs un des principaux pourvoyeurs européens d'aide publique au développement à la RPD de Corée (à hauteur de 2,3 millions d'euros en 2017).

Sources : 

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