Le vendredi 9 mars à 20h00, pendant six minutes, lors du journal de la chaîne Russia Today (en français) la présentatrice Magali Forestier a interrogé Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC). Le sujet bien sûr est celui du jour, l’annonce d’une rencontre entre Donald Trump et Kim-Jong-un.
Qu’est ce qui a permis ce retournement ?
- Deux interprétations possibles. Celle de Donald Trump : les sanctions ont fonctionné, l’économie du pays est au bord du gouffre, le pays n’a plus d’autre choix que la négociation. Celle de la Corée du Nord qui considère que, disposant désormais de la capacité nucléaire, elle peut négocier en position de force. Ce qui compte c’est que les deux pays voient l’opportunité de pouvoir amorcer un dialogue et peut-être arriver à solder un conflit qui a commencé avec la guerre de Corée en 1950-1953, sans traité de paix jusqu'à ce jour.
Est-ce que la politique agressive de Donald Trump a porté ses fruits ?
C’est ce qu’il pense et aujourd’hui il est flatté d’avoir une proposition qui de plus lui est transmise par un responsable des services de sécurité nationale de Corée du sud qui sont très proches de leurs homologues américains. C’est une opération de séduction de Kim Jong-un qui a fonctionné.
Donald Trump sera-t-il celui qui réussira là où ses prédécesseurs ont échoué ?
Il rêve de réussir ce que les présidents démocrates ont échoué à résoudre. Il veut montrer que sa politique non-conventionnelle est efficace.
C’est donc un moment important.
Deux sujets vont immédiatement se retrouver sur la table de négociation. Côté américain la suspension des essais nucléaires et balistiques mais aussi une dimension à long terme avec un système de contrôle international et le retour des inspecteurs de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique). Côté coréen la diminution des sanctions. Tout ceci va prendre du temps.
Comment va se dérouler cette rencontre ?
Les deux partenaires doivent apprendre à se connaître. L'actuelle vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, spécialiste des affaires américaines, a été envoyée en Occident pour mieux comprendre la mentalité de Donald Trump, qui n’est pas toujours facile à appréhender. Restent les questions du lieu à déterminer, de l’agenda et des gestes de bonne volonté possibles. Par exemple les prochaines manœuvres militaires américano-sud-coréennes pourraient être d’ampleur inférieure ou au moins pas supérieure à celle de l’année dernière. La Corée du Nord ayant arrêté plusieurs ressortissants américains, elle pourrait offrir à Donald Trump de rentrer avec eux. Si au début les discussions sont bilatérales, la nécessité d'offrir des garanties de sécurité nécessitera l’inclusion de la Russie et de la Chine dans un accord international. Il faudra donc à un certain moment une série de négociations multilatérales.
A 22h00 dans le journal de France 24 (en français) c’est la journaliste Florence Thomazeau qui a questionné Benoît Quennedey. Bien entendu les questions étaient quasiment les mêmes et les réponses par conséquent très semblables. Nous n’en reproduirons donc pas l’intégralité.
Pourquoi ce changement de ton entre Donald Trump et Kim Jong-un ?
Il fallait sortir de l'impasse et c’est le cas avec l’intelligence historique des deux protagonistes de saisir l’opportunité de JO.
La rencontre est due à la réussite de la politique américaine ?
Chaque partie a sa propre interprétation…
Comment la Corée du nord pourrait-elle renoncer à l’arme nucléaire qui est le fondement de sa politique ?
Le processus de négociations sera long. Elle souhaite des garanties de sécurité, de non-attaque, la levée des sanctions, l'établissement de relations bilatérales avec Washington, de l’aide économique et un processus de sécurité collective.
En 1985 et 1993 il y a déjà eu des tentatives de dénucléarisation mais qui ont échoué, pourquoi aujourd’hui cela serait-il différent ?
La différence est qu’aujourd’hui la Corée du Nord dispose d’une réelle capacité de dissuasion et qu’elle aborde les négociations avec plus de confiance. De plus une rencontre au niveau des chefs d’Etat est inédite et importante pour un pays très fier. Le processus sera complexe mais peut aboutir à la fin de la situation résultant de la guerre de 1950-1953.
La Chine est absente de ce processus apparemment mais a-t-elle pu avoir un rôle d’intermédiaire ?
La Corée du Nord a choisi pour porter son message des Sud-Coréens et de plus membres des services de sécurité, qui sont proches des milieux américains. En 2017 sur ce dossier il est vrai que la Chine a montré de la lassitude et la Russie a repris l’initiative. La Chine ne veut pas d’escalade en Asie ; elle accueille ce sommet avec optimisme et elle sait que si un système de sécurité collective est mis en place elle aura un rôle à y jouer.
Rencontre historique en vue entre Trump et Kim Jong-un
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