Les Jeux paralympiques d'hiver de Pyeongchang - les plus grands dans l'histoire des Jeux paralympiques d'hiver, par le nombre de nations et d'athlètes y ayant participé - se sont terminés le 18 mars 2018, après dix jours de compétition. Pour la première fois, la République de Corée (Corée du Sud) a obtenu une médaille d'or aux Jeux paralympiques d'hiver - grâce à la performance réalisée par Sin Eui-hyun, tandis que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a signé sa première participation à des Jeux paralympiques d'hiver - sans remporter de médailles. Certes symboliques sur la plan de la question sociale du handicap, ces premières olympiades tendent toutefois à favoriser l'évolution des mentalités dans (toute) la Corée, sur le long chemin de la pleine intégration sociale des personnes handicapées, qu'il convient d'encourager.
La cérémonie de clôture était sans faute, à l'image de l'ensemble de l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques qui, sur le plan diplomatique, ont permis un rapprochement intercoréen riche d'espoirs et l'annonce inédite d'une rencontre pour la première fois entre un président américain en exercice et le dirigeant suprême nord-coréen.
Intitulée "Nous faisons bouger le monde", la cérémonie de clôture - comme la cérémonie d'ouverture - a été le fruit du travail de Lee Moon-tae, président de la Fondation coréenne pour les arts du spectacle traditionnels (KoTPA), et de ses équipes.
La clôture des Jeux paralympiques a aussi conduit à la remise par le Comité international paralympiques du prix Whang Youn-dai au skieur alpin néo-zélandais Adam Hall et à la skieuse de fond finlandaise Sini Pyy. Remis par Mme Whang Youn-dai, le prix récompense deux athlètes paralympiques - une homme et une femme - qui symbolisent l'esprit et les valeurs des Jeux paralympiques. Le prix Whang Youn-dai a été attribué pour la première fois en 1988, lors des Jeux paralympiques de Séoul. Il porte le nom de la docteur en médecine Mme Whang Youn-dai qui, après avoir contracté la poliomyélite à l'âge de trois ans, s'est consacrée au développement des sports paralympiques en Corée et dans le monde.
Au centre, à la tribune, le docteur Whang Youn-dai, lors de l'annonce le 16 mars 2018 des lauréats du prix qui porte son nom
Au tableau des médailles, la République de Corée a terminé 16e ex aequo avec la Finlande et la Nouvelle-Zélande, dans un classement dominé par les Etats-Unis (13 médailles d'or, 15 médailles d'argent et 8 médailles de bronze), suivis, dans cet ordre, par les athlètes russes (8 médailles d'or, 10 médailles d'argent et 6 médailles de bronze), le Canada, la France, l'Allemagne et l'Ukraine.
Si les athlètes coréens n'ont pas tout à fait atteint leurs ambitieux objectifs d'avant les Jeux (1 médaille d'or, 2 médailles d'argent et 2 médailles de bronze), ils peuvent avoir la satisfaction d'avoir remporté une médaille d'or pour la première fois aux Jeux paralympiques d'hiver depuis que la République de Corée a participé aux Jeux paralympiques d'hiver à Albertville en 1992. Les Coréens doivent ce résultat à Sin Eui-yun : le porte-drapeau de la délégation sud-coréenne a remporté, à près de 38 ans (il est né le 1er avril 1980), l'épreuve de 7,5 km assis en ski de fond, doublant l'exploit en décrochant une médaille de bronze, toujours en ski de fond, en 15 km assis (aux épreuves de biathlon des Jeux de Pyeongchang, il s'est classé trois fois 5e, sur les distances de 7,5 km, 12,5 km et 15 km assis).
Emu aux larmes, l'athlète a tenu à remercier sa mère. Comme l'a observé Yonhap, Sin Eui-yun est un exemple de courage et de volonté, après avoir perdu ses jambes dans un accident à la veille de la cérémonie de remise de diplômes :
Sin, âgé de 37 ans, a perdu ses jambes dans un accident automobile, la veille d'une cérémonie de remise de diplômes. Il a commencé le sport en 2009 en jouant au basket-ball en fauteuil et a également pratiqué le hockey sur luge.
La troisième médaille sud-coréenne des Jeux, en bronze, a été obtenue en hockey sur luge, à l'issue d'un match victorieux contre l'Italie (1-0, grâce à un but de Jang Dong-shin en troisième période). L'équipe médaillée olympique a été formée de Cho Byeong-seok, Cho Young-jae, Choi Kwang-hyouk, Choi Si-woo, Han Min-su, Jang Dong-shin, Jang Jong-ho, Jung Seung-hwan, Kim Dea-jung, Kim Young-sung, Lee Hae-man, Lee Jae-woong, Lee Ji-hoon, Lee Jong-kyung, Lee Ju-seung, Lee Yong-min et Yu Man-gyun.
Les joueurs sont été salués par leur entraîneur Seo Kwang-suk, qui a souligné le prix des larmes :
Leur sueur, leur sang et leurs larmes d’un environnement si difficile, venir ici avec la confiance seulement, (...) mes larmes expriment ma gratitude à leur égard.
La tenue des Jeux paralympiques de Pyeongchang est porteuse d'espoirs pour l'intégration des personnes handicapées, dans une société coréenne où un formalisme pesant issu d'une culture néo-confucéenne a longtemps tendu à cacher et à maltraiter les personnes handicapées - qui faisait ainsi partie des éléments sociaux indésirables envoyés dans les camps de concentration par le régime militaire sud-coréen il y a encore seulement une génération. Mais les mentalités évoluent, et la mobilisation a permis peu à peu d'améliorer - entre autres - l'accessibilité aux transports, à commencer par l'accès aux Jeux paralympiques, comme l'a observé le journaliste du Monde Phlippe Mesmer dans une enquête publiée le jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques. Pour autant, un tiers des personnes handicapées sud-coréennes ne sortiraient encore jamais de chez elles.
En Corée du Nord, où les moyens financiers manquent de surcroît, la participation d'athlètes pour la première fois à des Jeux paralympiques d'hiver a représenté un signal positif, dans une société où l'intégration des personnes handicapées marque toujours un grand retard. En 2017, un expert de la Commission des droits de l'homme des Nations unies a pu visiter la RPD de Corée et, de l'avis des spécialistes, le handicap est l'un des domaines où des progrès visibles sont enregistrés en matière de droits de l'homme en Corée du Nord. De fait, des ONG travaillent sur la question du handicap en RPDC. L'Association d'amitié franco-coréenne a également apporté sa contribution en organisant l'accueil en France, en février 2015, d'une délégation de la Fédération (nord-)coréenne des personnes handicapées : de jeunes artistes handicapés, hébergés en France à l'Institut national des jeunes sourds, et dont la visite en France était prise en charge par l'ONG britannique DULA, ont ainsi donné de très beaux spectacles à Paris.
Si la voie pour la pleine intégration sociale des personnes handicapées est encore longue en Corée, au Nord comme au Sud, les progrès réalisés sont appréciables, et méritent d'être encouragés : l'humanité d'une société s'apprécie selon la manière dont elle protège ses éléments les plus faibles, au premier rang desquels les personnes handicapées.
Principales sources :
(2e LD) Les plus grands Jeux paralympiques d'hiver s'achèvent à PyeongChang
PYEONGCHANG, 18 mars (Yonhap) -- Les Jeux paralympiques d'hiver 2018 clôtureront ce soir après un événement de 10 jours. Suite aux Jeux olympiques, du 9 au 25 février, les XIIe Jeux paralympiq...
http://french.yonhapnews.co.kr/sportsculture/2018/03/18/0800000000AFR20180318000900884.HTML
Paralympiques 2018-Ski de fond : Sin Eui-hyun offre la 1ère médaille d'or à la Corée du Sud
Le skieur paranordique Sin Eui-hyun a remporté la première médaille d'or sud-coréenne à des Jeux paralympiques d'hiver à l'épreuve de ski de fond 7,5km assis des Jeux paralympiques de Pyeong...
http://french.yonhapnews.co.kr/sportsculture/2018/03/17/0800000000AFR20180317000300884.HTML
Paralympiques 2018-Hockey sur luge : la Corée du Sud obtient le bronze en battant l'Italie
La Corée du Sud a remporté samedi la médaille de bronze de hockey sur luge aux Jeux paralympiques de PyeongChang en s'imposant 1 à 0 face à l'Italie. Jang Dong-shin a inscrit l'unique but de l...
http://french.yonhapnews.co.kr/sportsculture/2018/03/18/0800000000AFR20180318000100884.HTML