Suite à l’invitation du dirigeant Kim Jong-un au président Moon Jae-in à se rendre à Pyongyang pour un sommet intercoréen, transmise par Kim Yo-jong, envoyée spéciale du dirigeant nord-coréen, Benoît Quennedey, président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), a été interrogé au journal télévisé de 13h sur France 24 (version française) le samedi 10 février 2018 - avant d'intervenir sur le canal anglophone à 13h30 le même jour. Nous revenons ci-après sur le journal télévisé en français.
La journaliste Judith Grimaldi a ouvert le journal sur l’actualité concernant la Corée et a aussitôt commencé à questionner Benoît Quennedey, en qualité de président de l’AAFC et auteur de l’ouvrage La Corée du Nord, cette inconnue, paru aux éditions Delga. Puis pendant six minutes ont suivi des questions posées fort courtoisement et des réponses sur un ton calme et posé, le tout contrastant agréablement avec d’autres émissions tapageuses sur la Corée, certes sur d’autres canaux TV.
La journaliste rappelant le défilé commun des deux délégations à l’ouverture des JO, l’équipe unique de hockey féminin, la rencontre entre le Président Moon Jae-in et la sœur du leader Kim Jong-un a demandé si « ce sont des manœuvres qui sur le fond ne changent rien ou est-ce que cela annonce une évolution positive ? ».
Benoît Quennedey s’est félicité de ce que « l’esprit olympique flotte sur les relations intercoréennes » puis a rappelé 2017, année terrible en termes d’augmentation des tensions, et le fait que Moon Jae-in à peine élu a fait du dialogue intercoréen un de ses axes. Bien sûr « il a dû ronger son frein durant toute l’année 2017 » compte tenu de la montée des tensions. Le discours du leader de la RPDC le 1er janvier 2018 souhaitant un plein succès aux JO de Pyeongchang a permis une évolution positive dont le dernier élément est l’invitation transmise au Président Moon Jae-in à se rendre à Pyongyang pour rencontrer le Président Kim Jong-un. Ce serait après juin 2000 et octobre 2007 la première rencontre à ce niveau depuis une dizaine d’années. Quant à savoir si le changement serait durable, Benoît Quennedey a rappelé la réaction du ministre français des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, présent aux JO, et qui a posé la question dans ces termes.
Judith Grimaldi a porté son interrogation suivante sur la réaction de la population sud-coréenne face à ces évènements. « Un tiers soutient le cours actuel, un petit tiers s’y oppose et un tiers est neutre ». La réponse a souligné le succès du président Moon Jae-in dans l’organisation de ces Jeux face non seulement à l’opposition des néoconservateurs américains et sud-coréens mais aussi à celle des Japonais en relation avec le problème des esclaves sexuels de la Deuxième guerre mondiale (Tokyo avait un temps menacé de boycotter les Jeux suite à l'annonce par Séoul de la remise en cause d'un accord réglant cette question en des termes inacceptables pour les victimes coréennes) et à l’absence du vice-président Mike Pence lors du repas offert aux délégations étrangères, dont celle nord-coréenne.
Interrogé ensuite sur l’autonomie d’action de Moon Jae-in, Benoît Quennedey a indiqué, que dans les sondages il avait une bonne place, qu’il ne pouvait se mettre dans une situation de confrontation avec Donald Trump tout en cherchant sa propre voie : le chef de l'Etat sud-coréen a déclaré habilement, pour ne pas froisser les Américains, que si la détente actuelle avait lieu, c’était grâce au Président Trump. Quant aux sanctions elles ont de fait été levées temporairement pour permettre l’arrivée d’un avion nord-coréen. Par contre reste le drame à venir pour la population du Nord si rien n’est fait, l’UNICEF ayant annoncé que 60 000 enfants pourraient mourir de faim suite aux sanctions.
Enfin, quelle est la position de la France sur ce sujet ? L’interviewé a rappelé qu’au Conseil de sécurité de l’ONU, parmi les cinq membres permanents, il y avait un bloc anglo-américain poussant sans cesse à plus de sanctions, la Chine et la Russie appelant quant à elles à un double moratoire des essais nucléaires et balistiques par la Corée du Nord et des manœuvres américaines : entre ces deux positions, la France, compte tenu de sa tradition d’indépendance diplomatique, pourrait avoir un rôle et jouer sa propre carte.
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