Il y a 80 ans, la victoire des guérilleros menés par Kim Il-sung lors de la bataille de Pochonbo, le 4 juin 1937, a témoigné de la capacité d'unités de guérilla à l'emporter sur un ennemi mieux armé et supérieur en nombre en tirant profit de l'effet de surprise. Ce fait d'armes a ainsi été largement célébré dans le mouvement de résistance antijaponais et relevé par la presse projaponaise, comme l'observe le Coréen américain Won-tai Sohn, dans son livre de témoignage Kim Il-sung and Korea's struggle. An unconventional firsthand history, dont nous traduisons de l'anglais ci-après des extraits relatifs à la couverture médiatique de la bataille de Pochonbo. Le père de Won-tai Sohn, le pasteur protestant Sohn Jong-do, a aidé Kim Il-sung (qui s'appelait alors encore Kim Sung-ju) à ses débuts dans la lutte antijaponaise, après la disparition du père de Kim Il-sung, Kim Hyong-jik, le 5 juin 1926. Par ailleurs, le frère de Won-tai Sohn, Sohn Won-il, a été ministre de la Défense de la République de Corée (Corée du Sud).
Finalement, j'ai bien obtenu la preuve factuelle que je cherchais. Je ne me souviens plus de la date, mais le journal "Kyongsong Ilbo" a publié un article intitulé "Qui est le cerveau de l'attaque de Pochonbo ?" Il est paru immédiatement après que la bataille a eu lieu et a décrit les guérilleros conduits par Kim Il-sung comme des "bandits communistes". Avec pour sous-titre "Un père et un fils rebelles", l'auteur expliquait que le nom originel de Kim Il Sung était Kim Sung Ju, qu'il venait de la province de Pyongan et avait 27 ans, et qu'il était le fils de Kim Hyong Jik. J'ai eu alors la certitude que le général était mon ami, Kim Sung Ju, et je ne peux pas décrire de manière adéquate mes sentiments quand j'ai lu des informations détaillées sur ses activités dans le "Dagongbao" peu après (1).
Dans cette période où le Japon accroissait ses efforts pour conquérir tout le continent asiatique et recourait aux pires moyens pour effacer la nation coréenne, Kim Il Sung était le seul rayon d'espoir qui restait aux Coréens. L'article dans l'édition anglaise du "Dagongbao" de Shanghaï m'a assuré que, malgré les humiliations dont souffrait la patrie sous l'occupation japonaise, tôt ou tard la Corée redeviendrait indépendante.
Les personnes de la génération de mon père, qui avaient échoué à obtenir la libération de la Corée malgré tous leurs efforts, portaient maintenant tous leurs espoirs sur Kim Il Sung. J'ai appris plus tard que Kim Ku (alias Paek Pom), Kim Won Bong et d'autres qui étaient actifs en Chine même furent ravis d'apprendre que l'unité du Général avait franchi le fleuve Amnok et attaqué Pochonbo, tué les forces d'occupation et les unités de police japonaises, et ainsi ravivé la flamme de l'indépendance de la Corée. Ils ont rendu compte de la bataille victorieuse de Pochonbo dans leur journal "Jondo" ("Le Futur") sous le titre : "Bonne nouvelle du mouvement armé d'indépendance de la Corée".
Quand j'ai rencontré Mme Ryo Yon Gu, la fille de Ryo Un Hyong (2), à Pyongyang, elle m'a dit que son père, après avoir entendu la nouvelle de la bataille victorieuse, était allé en voiture à Pochonbo pour inspecter le site de la bataille et vérifier les faits. Ryo Un Hyong et Kim Ku ont voyagé au Nord après la libération pour discuter de projets de réunification de la Corée; On peut penser que leurs espoirs étaient enracinés dans leur confiance envers le jeune héros du Mont Paektu, le Général Kim Il Sung, des espoirs qui ont bourgeonné et grandi dès cette époque.
Lors de ma dernière visite à Pyongyang, j'ai été à nouveau frappé par la lecture d'un article sur le Général Kim Il Sung dans le "Sinhan Minbo", daté du 3 septembre 1937. Le journal, publié aux Etats-Unis pour mes compatriotes coréens, avait consacré un article de deux pages, mettant en avant le nom de Kim Il Sung. Ce qui m'a surpris est que le journal, publié par les Coréens résidant aux Etats-Unis et diffusé dans la société américaine, ait publié cet article.
Il m'a été rapporté que le révérend Hong Tong Gun, qui vivait à Los Angeles, en Californie, avait amené le journal avec lui lors de l'une de ses visites en Corée du Nord. Lors de sa précédente visite, lorsqu'il avait mentionné avoir lu cet article, les officiels nord-coréens lui avaient demandé de trouver une copie et de la leur envoyer. Le révérend Hong Tong Gun avait eu de grandes difficultés à trouver la copie d'un article paru il y a 60 ans, mais il y était parvenu et avait soigneusement photocopié celle moisie qu'il avait trouvée. Alors qu'il partageait avec d'autres la copie restaurée, il avait dit-on des larmes aux yeux, ce qui prouvait avec évidence son regret de n'avoir pas montré l'article au Président Kim Il Sung avant sa mort.
Voici ci-après un extrait de l'article :
"Le Général Jon Il Sung, commandant de la troisième division de l'unité coréenne de l'armée alliée des volontaires coréens et chinois, combat en volant comme un dragon et en se précipitant comme un tigre.
Nous avons déjà rendu compte dans notre précédente édition que la situation des Japs en Mandchourie se dégrade dans la guerre sino-japonaise en raison des opérations conjointes de l'armée d'indépendance de la Corée et de l'armée des volontaires chinois.
A présent une nouvelle détaillée qui vient de Tianjin dit que les forces combattantes les plus courageuses et les plus efficaces parmi les Coréens et les volontaires chinois appartiennent à la troisième division formée de Coréens et commandée par le Général Jon Il Sung, qui est coréen. (D'après des journaux au Japon et des nouvelles de Corée, la force armée de M. Kim Il Sung, opérant depuis sa base à Jiandao, a franchi la frontière en juin dernier et attaqué Pochonbo, à Kapsan, pour frapper de terreur dans leur coeur les militaires et les policiers japonais. Il a fréquemment été rendu compte des actions suivantes de son armée dans le "Dong-a Ilbo" et d'autres journaux. Se reporter à l'édition du 29 juillet de ce journal. Les comptes rendus de Chine l'appellent tous Jon il Sung et nous faisons l'hypothèse que le nom de famille Kim a été reporté par erreur en Jon, Kim étant un nom rare en Chine).
La portée de ses opérations militaires dans le nord-est de la Chine était très large, et son pouvoir tout à fait important alors qu'il relève d'une force spéciale organisée. La vie et les opérations de ses soldats sont caractérisées par l'esprit militaire chevaleresque des Orientaux. Entre nous, non seulement nous entendons le tonnerre de leur combat mais les ennemis japonais en font aussi la louange.
Un expert militaire soviétique a formulé la remarque suivante : "Si la Chine et le Japon entrent formellement en guerre, le Japon aura besoin de 200 000 hommes pour faire face aux troupes de volontaires dans ce coin de Mandchourie." Si cette remarque est fiable, alors ils constituent vraiment une grande force.
Le révérend Hong Tong Gun a fait un travail louable pour la nation."
Notes du traducteur :
(1) Ou Ta Kung Pao, journal chinois de sensibilité républicaine fondé en 1902.
(2) Ryo Un Hyong ou Lyuh Woon-hyung ou Yo Un-hyung, militant communiste puis de centre-gauche sud-coréen (en tant que dirigeant du Parti du peuple de Corée), un des fondateurs de la République de Corée (dont il a été vice-président) à Séoul en 1945, assassiné à Séoul le 19 juillet 1947 par un jeune activiste nationaliste. Sa troisième fille Ryo Yong Gu, née en 1928 et disparue en 2009, a été vice-présidente de l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée et Présidente du Front démocratique pour la réunification de la Corée.
Source (extraits des pages 93-95, pour l'essentiel consultables à l'adresse suivante) :
Kim Il Sung and Korea's Struggle
In 1910, Japan took control over Korea by military and political force. Then, in 1945, Korea was arbitrarily divided by the Soviet Union and the United States into North and South Korea. The Soviets