Le 29 juin 2017, les trois membres du bureau du comité Espéranto de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) - Marianne Dunlop, Nathalie Kesler et François Lo Jacomo - ont rendu compte de leur déplacement d'avril 2017 en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), dans le cadre de l'AAFC, à la Maison des associations du 4e arrondissement de Paris. Des membres de l'association Espéranto France (qui proposait des publications, des brochures et des revues) et de l'AAFC étaient présents à cette manifestation publique qui a attiré un public nombreux et avait reçu le soutien de la Maison des associations.
Le voyage du comité Espéranto de l'AAFC en RPD de Corée avait un but premier : y retrouver les traces de la langue internationale, dont l'histoire est très liée à celle de lutte contre la colonisation japonaise (dans le cadre de la Korea Artista Proleta Federacio) puis à la mise en place des institutions culturelles du nouvel Etat (notamment dans le domaine du cinéma et de la littérature), avant un déclin et une disparition (liés au manque de renouvellement des locuteurs) au tournant des années 1980 et 1990, et envisager les conditions d'une renaissance de l'Espéranto en Corée du Nord. Y participera indéniablement la venue d'autres délégations espérantistes, qu'est prêt à accueillir le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers en offrant les services d'un interprète parlant espéranto. Car l'apprentissage de l'Espéranto a été naguère dynamique : à l'occasion de la publication à Pyongyang, en 1964, du dictionnaire coréen-espéranto, il était précisé que le club d'espéranto de la capitale nord-coréenne comptait alors 120 membres.
Précédant de quelques mois l'organisation du congrès mondial d'Espéranto à Séoul, en juillet 2017, où sera abordée la question de la réunification de la Corée et du rôle que peut être amené à jouer l'Espéranto en tant que vecteur de paix, cette redécouverte de l'histoire nord-coréenne de l'Espéranto a été rendue possible par la rencontre à plusieurs reprises des membres de la délégation avec Jong Sun Gi, linguiste nord-coréen, qui possède un exemplaire du dictionnaire de 1964. Des échanges ont aussi eu lieu avec les représentants de différentes universités nord-coréennes de Pyongyang sur la possibilité de reprendre un enseignement en Espéranto.
Le compte rendu de voyage a aussi été l'occasion, photos, vidéos à l'appui et documentation à l'appui (notamment, exposition de posters, de livres, de timbres et de monnaies), de rendre compte des évolutions de la société socialiste nord-coréenne, marquée par une forte empreinte confucéenne accordant un grand respect à l'autorité (sous toutes ses formes) et aux ancêtres, et dans lequel la santé et l'éducation sont gratuits et le prix des logements modique. En particulier, comme au Sud (mais où les études sont a contrario très coûteuses), une importance majeure est accordée à l'éducation - y compris l'enseignement périscolaire, auquel sont dédiés des palais des enfants répartis dans l'ensemble du pays.
La visite de l'usine textile Kim Jong Suk a témoigné de l'organisation d'un complexe industriel intégré, des logements ayant été adjoints pour les ouvrières - puis une usine métallurgique créée à proximité, permettant ainsi aux travailleuses de rencontrer et épouser les métallurgistes de l'autre sexe. Une des membres de la délégation, Nathalie Kesler, envisage ainsi une coopération économique dans le domaine de la confection de vêtements.
Les nombreuses questions de la salle sur un pays méconnu ont permis d'aborder, pêle-mêle, la langue coréenne, les conditions de visite de la Corée du Nord ou encore les possibilités pour les Nord-Coréens de voyager à l'étranger, quelques jours après l'invitation d'une délégation de la RPD de Corée en France et en Europe. Les échanges se sont poursuivis autour d'un buffet offert par la Maison des associations du 4e arrondissement, concluant une rencontre dont l'AAFC espère qu'elle suscitera une curiosité accrue pour la RPD de Corée, notamment dans les milieux espérantistes pour y favoriser la renaissance de la langue internationale.
Debout au fond, de gauche à droite : François Lo Jacomo, Nathalie Kesler et Ludovic Sage, directeur de la Maison des associations du 4e arrondissement de Paris.
commenter cet article …