Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud) : à quelques jours du scrutin, le démocrate Moon Jae-in a conforté sa position de favori (plus de 40 % des intentions de vote), tandis que le centriste Ahn-Cheol-soo a été rejoint dans les intentions de vote par le très conservateur Hong Joon-pyo (autour de 20 % des intentions de vote chacun), devant la candidate (social-démocrate) Sim Sang-Jung (8 %) et le conservateur (anti-Park Geun-hye) Yoo Seung-min (5 %) - à l'issue d'une campagne marquée par les questions de relations internationales dans un contexte de tensions diplomatiques et diplomatiques, et où les sujets de société ont soulevé plus d'intérêt que d'ordinaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous avons poursuivi la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, et la terminons avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 12, 14 et 15 dans un nouvel article signé de Benoît Aries que nous tenons à remercier. Le candidat n° 11 s'est retiré : Nam Jae-jun, du Parti patriotique coréen, est un ancien chef d'état major et ancien directeur des renseignements sud-coréen ; ce conservateur s'est désisté pour Hong Joon-pyo, confirmant ainsi la grande proximité politique entre les services de renseignement et les conservateurs au pouvoir, les premiers ayant été le bras armé des seconds pour manipuler les élections, éliminer les opposants politiques et faire basculer la République de Corée sur une voie autoritaire. Par ailleurs, le candidat n° 13 ne sera pas non plus en lice : haut fonctionnaire aux Nations unies, Kim Jung-son, candidat de l'Union pour le future de la péninsule coréenne, n'a pas réussi à réunir la caution de 300.000.000 de wons que doit verser tout candidat.
Candidat numéro 12 : Lee Kyung-hee – Parti du peuple coréen (Source)
Lee Kyung-hee est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du peuple coréen. Il est né le 20 janvier 1974 dans le district de Danyang de la province du Chungcheong du Nord. Cet homme politique est généralement considéré comme étant au centre-gauche de l’échiquier politique sud-coréen, tout en étant fortement nationaliste.
Diplômé en droit de l’Université Hankuk des études étrangères, il a dans un premier temps embrassé une carrière dans les affaires avant de s’essayer à la politique. Il possède plusieurs bâtiments qu’il a baptisés « Immeubles Présidentiels pour la Réunification Nationale » reflétant son désir de voir la Corée réunifiée ; il a par ailleurs acquis le surnom de « Unification Man » tant cette problématique est récurrente dans la campagne qu’il mène actuellement pour l’élection présidentielle.
Sa carrière politique a véritablement débuté en 2002 quand il s’est présenté à la mairie de Séoul en tant que candidat indépendant. Cette candidature fut cependant un échec, puisqu'il recueillit à cette occasion moins de 1 % des suffrages. Il présenta de nouveau sa candidature en 2004, cette fois aux élections législatives, pour devenir député de l’arrondissement de Dongdaemun à Séoul mais il obtint un score similaire à celui qu’il avait reçu aux élections locales de 2002.
Son programme concernant l’élection présidentielle de 2017 se focalise sur la lutte contre les injustices, un assainissement de la vie politique et économique du pays ainsi que la mise en place de relations apaisées avec le Nord devant déboucher sur l’unification du pays.
En matière de politique intérieure, il propose une série de mesures destinées à augmenter les possibilités de contrôle sur les élus ainsi qu’une séparation plus stricte du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire. Il souhaite la mise en place d’un régime parlementaire et décentralisé grâce à un abaissement des pouvoirs de l’exécutif. Nous pouvons citer les propositions suivantes :
Réduction des prérogatives du Président de la République et du Premier ministre qui ne s’occuperont désormais que de la diplomatie et des relations intercoréennes ;
Limitation des privilèges des membres de l’Assemblée nationale ;
Décentraliser davantage le pays ;
Suppression du Bureau Suprême du Procureur ;
Achever la construction de la nouvelle capitale, Sejong, et y transférer le palais présidentiel, l’Assemblée nationale, la Cour suprême et la Cour constitutionnelle.
Ces mesures destinées à éviter de reproduire les scandales récurrents dans la vie politique sud-coréenne iraient de pair avec une moralisation de la vie économique du pays. Il s’attaque particulièrement aux conglomérats, demandant un durcissement des sanctions à leur encontre en cas de fraudes ou de malversations. A l’inverse, il se présente comme le candidat des PME et propose ainsi la mise en place d’une loi particulière les concernant afin de faciliter leurs activités.
Comme beaucoup de candidats, il demande une réforme de l’éducation nationale. Il souhaite que l’enseignement dans le secondaire devienne entièrement gratuit et qu’il soit davantage porté sur l’international. Son programme propose de réduire la part des dépenses des ménages dans les cours de soutien privés en les remplaçant par des activités extra-scolaires sportives ou artistiques qui seraient selon lui davantage profitables aux élèves.
Sa politique concernant la Corée du Nord semble être sans ambiguïté. La réunification du pays aurait selon lui d’innombrables avantages économiques et sociaux. Il avance ainsi qu’une grande partie des problèmes que connaît la Corée du Sud actuellement trouveraient une solution grâce à l’unification. Pour y parvenir, il propose la mise en place de certains projets hautement symboliques tels que la remise en service du complexe industriel de Kaesong mais également la création de « villes de l’unification » à Kaesong, Wonsan, Sinuiju, Paju, etc. Il souhaite résoudre les tensions liées au programme nucléaire nord-coréen par la discussion et non par les sanctions. Il propose outre la tenue d’un nouveau sommet intercoréen, la création d’une Fondation Stratégique pour la Recherche sur l’Unification qui serait l’organisme encadrant la mise en place des accords Nord-Sud.
Enfin, il désire que la Corée du Sud récupère sa souveraineté concernant sa défense en temps de guerre qui est détenue encore aujourd’hui par les Etats-Unis
Candidat numéro 14 : Yoon Hong-sik – Parti Hongik (source)
Yoon Hong-sik est le candidat du parti Hongik à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1974 à Gwangju. Son programme semble être d’inspiration progressiste, et il propose un changement dans la façon de faire de la politique en Corée du Sud.
Philosophe de formation, Yoon Hong-sik a également étudié l’histoire à l’université Yonsei de Séoul. Après avoir été diplômé, il a fondé l’académie Hongik qui s’est donné pour mission « de donner une nouvelle morale à l’humanité et de clarifier la conscience qu’elle a d’elle-même ».
Au travers de cette organisation, il a tenu un grand nombre de conférences dédiés à la connaissance de soi, se servant souvent de la musique pour y parvenir. Il a été invité par des grandes entreprises et administrations sud-coréennes pour donner des formations sur l’éthique et le leadership au travers d’œuvres littéraires orientales classiques.
Yoon Hong-sik est l’auteur d’une douzaine d’essais sur des sujets tels que le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme et la philosophie traditionnelle coréenne (Dahn Hak). Ses conférences sont également disponibles en DVD, uniquement en coréen.
Il a été élu président du parti Hongik en mars 2017, ce dernier représentant l’aile politique de son organisation éponyme. Ce mot signifie en coréen le bien du peuple mais également l’humanisme.
Son programme politique souhaite redonner le pouvoir au peuple et mettre un terme aux abus du passé. Il demande que la politique s’attaque aux racines des problèmes au lieu de se préoccuper uniquement de leur aspect superficiel et à court terme. Pour cela, des experts seront mandatés et les décisions prises devront refléter leur opinion autant que possible et le peuple devra être tenu informé de l’avancement des travaux. Cette proposition fait implicitement référence à l’un des principaux reproches formulés contre l’ancienne présidente Park Geun-hye qui en effet ne consultait quasiment personne et semblait prendre ses décisions de manière unilatérale. On apprit par la suite la place prépondérante de sa conseillère de l’ombre Choi Soon-sil, ce qui fut à l’origine du scandale qui mena à sa destitution.
Selon lui, la confiance que porte le peuple sud-coréen dans la classe politique a été grandement endommagée par la succession d’affaires dont ceux qui détiennent le pouvoir ont été l’objet. Il appelle de ses vœux la mise en place d’un Etat consciencieux et vertueux. Les comportements honnêtes profitant au bien-être de la population devront être encouragés tandis que les actes immoraux seront sévèrement punis. Il propose dans ce but la mise en place d’un centre d’appel où chacun pourra dénoncer les malversations dont il aura été témoin ou victime.
Yoon Hong-sik demande un changement dans la politique énergétique et environnementale du pays. Il désire arrêter la construction de centrales nucléaires pour se focaliser sur la mise en place de sources d’énergies renouvelables pour que ces dernières représentent à terme l’intégralité de l’électricité produite en Corée du Sud. Il propose de lutter activement contre les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays en limitant les rejets des usines et en facilitant l’acquisition de voitures électriques.
Le candidat désire une remise à plat des relations diplomatiques que le pays entretient avec ses voisins. Il souhaite punir ceux qui nieraient l’existence des "femmes de réconfort" durant la Deuxième guerre mondiale dans l’armée impériale japonaise et plus généralement se montrer plus sévère envers ceux qui auraient des activités contraires aux intérêts fondamentaux de la nation. Cela irait de pair avec un accroissement de la coopération avec les pays émergents d’Asie du Sud-Est tels que l’Inde, le Vietnam ou l’Indonésie.
Concernant la Corée du Nord, Yoon Hong-sik souhaite que la philosophie qu’il a mise en place au sein de sa fondation soit appliquée dans le processus de réunification. Cela constituera selon lui « la nouvelle vague coréenne ». Il déclare ainsi : « Sous la bannière de l’idéologie humaniste de Hongik, le Nord et le Sud coopéreront pacifiquement et établiront une politique d’unification qui fera devenir le pays une puissance culturelle, économique et militaire. »
Candidat numéro 15 : Kim Min-chan – indépendant (source)
Kim Min-chan est un candidat indépendant à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1958 à Séoul. Son programme politique se fonde sur une proposition audacieuse : la création d’une ville artistique et culturelle mondiale au sein de la frontière entre les deux Corée, aussi connue sous le nom de DMZ.
Avant d’entamer sa carrière politique, Kim s’est occupé de la promotion d’artistes en Corée du Sud. En décembre 2006, il a fondé et préside encore aujourd’hui le World Masters Committee qui se définit comme une « ONG internationale pour les échanges culturels mondiaux ». Il a reçu un master en psychologie à l’université de Templeton aux Etats-Unis en 2017 et poursuit ses études dans le domaine vers l'obtention d'un doctorat.
Il se présente en se distinguant de la majorité des candidats à l’élection présidentielle qu’il considère comme des « professionnels de la politique ».
Le slogan de sa campagne est : Une Nouvelle Ere, Une nouvelle Nation, Une nouvelle Personne. Il définit une Nouvelle Ere par l’âge de l’interconnexion mondiale et la globalisation des échanges culturels, une Nouvelle Nation se réfère au rôle central que le peuple coréen devrait jouer dans ces nouvelles relations et une Nouvelle Personne représente le Coréen qui guidera le pays vers une position dominante parmi les grandes nations du monde.
Pour la création de cette nouvelle nation qu’il appelle de ses vœux, Kim Min-chan indique quatre priorités :
Etablir une sécurité nationale fondamentale ;
Mettre en place des réformes politiques importantes ;
Entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation ;
Préparer la réunification du pays pour les Coréens, par les Coréens.
Concernant la première priorité, le candidat explique que la République de Corée se doit d’assurer la sécurité fondamentale du pays face à la menace des armes nucléaires du Nord.
Pour réussir la mise en place des réformes qu’il propose en deuxième point, il souhaite d’abord diagnostiquer avec précision les raisons qui sont à l’origine des différents échecs politiques que la nation a connus dans son histoire. Il explique que selon lui le problème n’est pas un problème de manque d’idées mais davantage un manque de volonté de vouloir les appliquer.
Pour appliquer son troisième principe, entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation, il indique qu’il est primordial de créer des relations avec les pays étrangers qui soient fondées sur la compréhension et le respect. Il avance que son expérience dans ce qu’il appelle « la diplomatie culturelle » lui sera d’une grande aide pour réussir cette tâche.
Le dernier point concerne la réunification du pays, il soutient que celle-ci doit se passer dans des termes choisis par les Coréens. À cette fin, il propose la construction d’une ville artistique et culturelle mondiale. En bâtissant cette dernière comme un sanctuaire dédié à l’art et à la culture, il n’y aura plus de place pour la division et la rancune, et il poursuit en arguant que la Corée pourra enfin soigner les cicatrices de son histoire douloureuse et émerger comme un symbole de paix et d'harmonie dans le monde. En outre, cette ville servira de point de départ pour une unification dirigée par les Coréens et leurs intérêts, permettant de réduire le manque de compréhension mutuel entre le Sud et le Nord.
Kim Min-chan résume son programme en avançant qu’il croit en « la puissante valeur symbolique de la liberté et de la paix pour surmonter les divisions entre les cultures ».
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