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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 19:40

Le 13 avril 2016, les électeurs sud-coréens sont appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement. Et, comme à l'accoutumée à la veille d'élections, les autorités conservatrices au pouvoir à Séoul tentent de faire souffler le vent du Nord, c'est-à-dire de manipuler l'actualité intercoréenne pour garder le pouvoir. Mais en exploitant la défection de 13 employés d'un restaurant nord-coréen à l'étranger au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité pour ces derniers, la manoeuvre est particulièrement nauséabonde et enfreint les règles les plus élémentaires du droit d'asile, qui a pour principe de ne pas mettre en danger la personne qui a cherché refuge dans un pays étranger.

Une conférence de presse a été convoquée d'urgence pour annoncer la "bonne nouvelle" de la défection de 13 Nord-Coréens.

Une conférence de presse a été convoquée d'urgence pour annoncer la "bonne nouvelle" de la défection de 13 Nord-Coréens.

La politique nord-coréenne de la droite au pouvoir à Séoul n'est pas populaire dans l'opinion publique, et elle le sait : malgré le matraquage de médias largement acquis aux conservateurs, les Sud-Coréens se rendent parfaitement compte que les sanctions et la politique de tensions avec Pyongyang qu'a attisée Séoul, depuis que la droite est revenue à la Maison Bleue en 2008, n'ont fait que rendre la péninsule coréenne encore plus dangereuse, tout en accroissant le fardeau des dépenses militaires dans des proportions qui mettent en péril toute velléité de relance économique ou de redistribution sociale - l'argent public doit être orienté vers la préparation de la guerre, pas vers la réduction du chômage ou la satisfaction des besoins sociaux les plus élémentaires.

Dans ce contexte, la manoeuvre autour des défecteurs nord-coréens engagée à la veille des élections législatives du 13 avril consiste à démontrer que la politique de sanctions serait efficace - mieux, qu'elle entraînerait des défections de plus en plus nombreuses de Nord-Coréens et précipiterait donc l'effondrement de la République populaire démocratique de Corée dont rêvent la Présidente Mme Park Geun-hye et ses conseillers.

C'est dans ce contexte que, le 8 avril, la Présidence sud-coréenne s'est directement impliquée dans l'organisation d'une conférence de presse consacrée à la défection collective de 13 employés d'un même restaurant nord-coréen à l'étranger. Cette décision a été prise contre l'avis du ministère sud-coréen de la Réunification, qui a rappelé que la règle est de ne pas rendre publiques les défections pour ne pas menacer la sécurité des transfuges nord-coréens et de leurs familles. Mais dans sa rage de remporter les élections au prix de toutes les manipulations Mme Park Geun-hye a ignoré cette règle, s'empressant de diffuser la nouvelle de cette défection miraculeuse intervenue seulement la veille, le 7 avril - car il y a urgence à gagner les élections, dussent des êtres humains (les défecteurs et leurs familles) en souffrir : toujours prompt à dénoncer les violations des droits de l'homme au Nord, les autorités de Séoul révèlent ainsi leur peu de considération pour la vie humaine de leurs compatriotes. La conservation du pouvoir est à ce prix.

Comme si la ficelle n'était pas assez grosse, des annonces de défection plus anciennes (datant de 2015) ont opportunément surgi les jours qui ont suivi - à savoir celles d'un officier nord-coréen du renseignement et d'un diplomate nord-coréen qui était en poste en Afrique. La presse aux ordres à Séoul a bien travaillé.

Pourtant, s'il a bien un élément qui ressort des prises de position du Nord quant aux élections à venir en Corée du Sud, c'est que les autorités nord-coréennes ont fait savoir publiquement qu'elles envisageaient la réouverture de la zone économique de Kaesong en cas de victoire de l'opposition sud-coréenne aux législatives. Une information capitale, mais soigneusement passée sous silence en Corée du Sud mais aussi dans la quasi-totalité des médias occidentaux : il n'est pas bon de faire savoir que c'est la politique de la droite sud-coréenne qui a ruiné le dialogue intercoréen patiemment élaboré par les administrations démocrates à Séoul, entre 1998 et 2008. En dissimulant cette prise de position du Nord et en donnant au contraire un large écho à la manoeuvre de manipulation des élections engagée par Mme Park, les médias, qu'ils soient sud-coréens ou occidentaux, se rendent complices d'un déni de démocratie.

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