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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 18:00

Le 2 mars 2016, le Conseil de sécurité des Nations Unies a donc adopté, à l'unanimité de ses membres, la résolution 2270 imposant un régime de sanctions d'une sévérité sans précédent contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) suite à l'essai nucléaire du 6 janvier 2016 et au lancement d'un satellite le 7 février 2016. Ces sanctions, tombées à la veille du début de manœuvres américano-sud-coréennes dirigées contre la RPDC et d'une ampleur inédite, doivent être prises pour ce qu'elles sont : une parfaite expression du « deux poids et deux mesures » dans les relations internationales et de l'hypocrisie de grandes puissances toutes dotées d'armes nucléaires, États-Unis en tête, qui interdisent à un autre pays – en l'occurrence, la RPDC - de disposer de telles armes tout en proférant des menaces à son encontre, incitant le pays ainsi visé à en acquérir. Tout cela au mépris des traités existants. Le commentateur politique canadien Stephen Gowans (gowans.wordpress.com) a livré une analyse exhaustive de cette situation aussi injuste que dangereuse, et du traitement particulier réservé à la Corée du Nord. L'Association d'amitié franco-coréenne – qui déplore que la France, membre permanent du Conseil de sécurité, ne joue pas un rôle plus positif en Corée - propose ici une traduction de l'analyse de Stephen Gowans.

Essai d'un "canon atomique" par l'armée américaine dans le Nevada le 25 mai 1953 (opération Upshot-Knothole Grable)

Essai d'un "canon atomique" par l'armée américaine dans le Nevada le 25 mai 1953 (opération Upshot-Knothole Grable)

Pourquoi les sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord sont une mauvaise chose

« Ce que veulent réellement les États-Unis, ce n'est pas la dénucléarisation de la péninsule coréenne, mais l'américanisation de la péninsule coréenne. »1

 

par Stephen Gowans

7 mars 2016

Après avoir conclu avec succès les négociations avec la Chine instaurant une nouvelle série de sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, l'ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Samantha Power, est apparue devant les journalistes pour déclarer que ce pays d'Asie du Nord-Est, « un des régimes les plus brutaux que le monde ait jamais connu », ne serait pas autorisé à atteindre « son objectif déclaré de se doter de missiles intercontinentaux à têtes nucléaires ». « La communauté internationale ne peut pas permettre » que ça arrive, dit-elle. « Les États-Unis ne permettront pas que ça arrive. »2

Une semaine plus tard, le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) adopta une résolution imposant une nouvelle tranche de sanctions au « pays le plus sanctionné du monde », la Corée du Nord telle que George W. Bush l'avait une fois appelée.3 « La résolution », rapportait le Wall Street Journal, « donne mandat aux pays d'inspecter tous les chargements à destination et en provenance de la Corée du Nord, interrompt les livraisons de carburant pour avions et fusées, interdit toutes les ventes d'armes et limite les revenus du pays à ceux ayant des fins humanitaires. »4 Bush avait promis que « le pays le plus sanctionné du monde » resterait « le pays le plus sanctionné du monde ».5 Le Conseil de sécurité a acquiescé.

Depuis 1998, la Corée du Nord a procédé à quatre essais nucléaires, la dernière fois le 6 janvier [2016], et a lancé six fusées capables de mettre des satellites en orbite (ce que les États-Unis ont qualifié de tests de missiles dissimulés). Mais, sur la même période, les États-Unis ont développé des armes nucléaires « à puissance variable » afin de rendre leur utilisation plus concevable, fabriqué de nouvelles armes de destruction massive non nucléaires, et dépensé 8 milliards de dollars par an pour maintenir et moderniser leur arsenal nucléaire. Pendant ce temps, de nombreux pays ont mis des satellites sur orbite et certains ont testé des missiles balistiques à longue portée. Ainsi, pourquoi un traitement particulier est-il réservé à la Corée du Nord, alors que les États-Unis et plusieurs de leurs alliés continuent de tester leur technique balistique et de renforcer leurs arsenaux nucléaires ?

Il n'y a aucun fondement légitime au train de sanctions imposé le 2 mars 2016 par le Conseil de sécurité à la Corée du Nord. L'essai nucléaire et le lancement de satellite effectués par ce pays assiégé ne violent aucune loi internationale et ne représentent aucune menace réaliste pour les États-Unis ou leurs alliés, un fait reconnu par leurs propres généraux et par le journal de référence du pays. La Corée du Nord s'est légitimement retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), lequel interdit aux pays qui n'ont pas l'arme atomique de s'en doter en échange d'une aide au développement des applications pacifiques de l'énergie nucléaire. La Corée du Nord n'est donc tenue par aucune obligation internationale de ne pas utiliser la technologie nucléaire à des fins militaires. Ce pays ne viole pas non plus de loi interdisant d'avoir recours à des fusées pour placer des satellites en orbite. Une telle loi n'existe pas. Et, même si la fusée nord-coréenne utilisée le mois dernier [février 2016] pour lancer un satellite n'était pas un missile balistique, il n'y a pas de loi interdisant le développement, la possession ou l'essai d'un missile balistique.

De nombreux pays utilisent des fusées pour lancer des satellites, et plusieurs ont développé et possèdent des missiles balistiques. Nombre de pays détiennent l'arme atomique, la plupart desquels, à l'exception des États-Unis, maintiennent leurs arsenaux nucléaires avec la seule intention déclarée de dissuader un agresseur et d'empêcher un chantage nucléaire. La Corée du Nord dit que ses armes nucléaires sont purement défensives. C'est crédible. L'arsenal nucléaire de Pyongyang est trop faible, et les moyens d'envoyer une tête nucléaire trop incertains, pour que le pays se lance dans un échange nucléaire avec un espoir d'y survivre. En revanche, les États-Unis refusent d'exclure le recours en premier aux armes nucléaires et ont de manière répétée menacé la Corée du Nord d'un anéantissement nucléaire, ce qui explique principalement pourquoi ce pays d'Asie du Nord-Est a voulu développer des armes atomiques comme moyens d'auto-défense.

La Corée du Nord fait face aux menaces récurrentes d'une attaque nucléaire ou conventionnelle par les États-Unis.

- En 1993, le Commandement stratégique des États-Unis a annoncé que certains de leurs missiles intercontinentaux étaient pointés vers la Corée du Nord.6

- En 2001, l'administration Bush a identifié la Corée du Nord comme cible potentielle d'une attaque nucléaire (avec la Libye, la Syrie, la Chine, la Russie, l'Iran et l'Irak).7

- Selon le Stimson Center, groupe de réflexion américain dédié aux politiques publiques, entre 1970 et 2010, les États-Unis ont menacé à six reprises la Corée du Nord d'une destruction nucléaire.8

- Une fois, le premier soldat des États-Unis, Colin Powell, a averti la Corée du Nord que les États-Unis pourraient la transformer en « briquette de charbon ».9

De plus, les États-Unis ont virtuellement déclaré la guerre à la Corée du Nord en 2002, lorsque l'administration Bush a inclus ce pays dans un « axe du mal » avec l'Iran et l'Irak. Un de ces pays, l'Irak, a été peu après envahi et occupé par les États-Unis et la Grand-Bretagne sur la base d'un tissu de mensonges. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont prétendu que ce pays avait caché des armes de destruction massive (ADM) au mépris d'une résolution du Conseil de sécurité ordonnant leur démantèlement. En fait, l'Irak avait éliminé ses arsenaux d'ADM, restant pratiquement sans défense contre une attaque, une vulnérabilité exploitée par Washington et Londres. Après l'invasion, le sous-secrétaire d'État américain chargé du contrôle des armements, John Bolton, avertit la Corée du Nord d'en tirer la leçon appropriée10, accroissant la menace d'une agression qu'impliquait la désignation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord) comme pays de l'Axe du mal.

Le Traité de non-prolifération nucléaire

La Corée du Nord a signé le Traité de non-prolifération nucléaire en 1985. Par le traité, entré en vigueur le 5 mars 1970, les États signataires s'engagent « à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures (...) relatives (...) au désarmement nucléaire ». Le traité distingue deux catégories d'États signataires : les États dotés d'armes nucléaires et les États non dotés d'armes nucléaires, un État doté d'armes nucléaires étant un État « qui a fabriqué et a fait exploser une arme nucléaire ou un autre dispositif nucléaire explosif avant le 1er janvier 1967 ». Les États qui ont acquis des armes nucléaires avant 1967 sont désignés comme États dotés d'armes nucléaires, et incluent les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France. Les pays qui n'avaient pas d'armes nucléaires avant 1967 sont appelés des États non dotés d'armes nucléaires, même s'ils ont acquis des armes nucléaires après cette date. En contrepartie de cet engagement, ils doivent recevoir avis, savoir-faire et autre assistance technique de la part des États dotés d'armes nucléaires pour le développement des applications pacifiques de l'énergie atomique.

Pour leur part, les États dotés d'armes nucléaires sont soumis à plusieurs obligations : premièrement, aider les États membres ne disposant pas de la technologie nucléaire à développer une industrie nucléaire civile, s'ils le souhaitent ; et deuxièmement, poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures relatives au désarmement nucléaire. Le préambule du traité fait aussi obligation à tous les pays de s'abstenir de recourir à la menace de la force dans leurs relations avec les autres. Le préambule stipule précisément « que, conformément à la Charte des Nations Unies, les États doivent s'abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout État ».

Les États dotés d'armes nucléaires ont-ils rempli leurs obligations en vertu du traité ? Compte tenu des maigres progrès du désarmement nucléaire pendant les 46 ans d'application du traité, il serait difficile de répondre par l'affirmative. Malgré les beaux discours sur un monde sans armes nucléaires, les États dotés d'armes nucléaires n'ont rien fait pour réduire significativement leurs arsenaux atomiques, et encore moins pour avancer vers le désarmement. En outre, l'interdiction de l'emploi de la menace militaire dans les relations internationales, figurant dans la Charte des Nations Unies et à laquelle il est fait référence dans le préambule du traité, est régulièrement ignorée.

Les menaces des États-Unis contre la Corée du Nord

En 1993, le Commandement stratégique des États-Unis déclara qu'il réorientait certaines de ses armes nucléaires stratégiques de l'ex-Union soviétique vers la Corée du Nord. Un mois plus tard, Pyongyang annonçait qu'il se retirait du TNP, signalant que si Washington brandissait une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, la Corée du Nord prendrait des mesures pour faire face à cette menace.11 Cela entraîna une série de négociations qui amenèrent Pyongyang à revenir sur sa décision et à continuer d'adhérer au traité. Finalement, dans une autre volte-face, il annonça son intention de sortir du traité, après que le président américain George W. Bush eut désigné le 29 janvier 2002 la Corée du Nord comme faisant partie de l'Axe du mal.

La quasi-déclaration de guerre de Bush à la RPDC n'était que la pointe de l'iceberg des menaces directement proférées par Washington à l'égard de la RPDC dans le cadre de sa guerre froide engagée de longue date contre le pays communiste. En mars 2002, le Los Angeles Times publia des informations classifiées du Pentagone listant sept pays comme cibles potentielles d'une frappe nucléaire américaine. Parmi ces cibles figurait la Corée du Nord. Sur la liste des frappes nucléaires du Pentagone figuraient aussi la Russie, la Chine, la Syrie, la Libye, l'Iran et l'Irak.12 Les responsables nord-coréens justifièrent leur retrait du TNP en pointant le « plan d'attaque nucléaire de l'administration Bush », lequel « a démontré que les États-Unis (...) recherchent une domination mondiale par la force des armes et que les États-Unis n'hésitent pas à lancer une attaque nucléaire sur tout pays considéré comme un obstacle à cette fin ».13

Faisant écho à ces inquiétudes, un diplomate nord-coréen a expliqué la décision de son pays de se retirer du TNP et de commencer à développer des armes nucléaires :

« Le TNP établit clairement que les puissances nucléaires ne peuvent pas utiliser les armes atomiques pour menacer et mettre en danger les États non nucléaires. La RPDC a donc pensé que si nous adhérions au TNP, nous pourrions être débarrassés de la menace des États-Unis. Alors nous avons adhéré. Mais les États-Unis n'ont jamais renoncé à leur droit d'exercer une frappe nucléaire préventive. Ils ont toujours déclaré que, dès lors que les intérêts des États-Unis sont menacés, ils se réservent le droit d'utiliser leurs armes nucléaires à des fins préventives. »14

Il a ajouté :

« La situation mondiale a changé après le 11 septembre 2001. Après ça, Bush a dit que si les États-Unis veulent préserver leur sécurité, ils doivent rayer de la carte les pays de l''Axe du mal'. Les trois pays qu'il a mis sur la liste des membres de cet 'Axe du mal' étaient l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord. Ayant vu ce qui est arrivé en Afghanistan et en Irak, nous en sommes venus à la conclusion que nous ne pourrions pas mettre fin à la menace des États-Unis grâce aux seules armes conventionnelles. Nous avons alors réalisé que nous avions besoin de posséder nos propres armes nucléaires pour défendre la RPDC et son peuple. »15

Le TNP autorise les pays à sortir de l'accord s'ils pensent que la poursuite de leur participation est préjudiciable à leurs principaux intérêts. « Chaque Partie, dans l'exercice de sa souveraineté nationale, aura le droit de se retirer du Traité si elle décide que des événements extraordinaires, en rapport avec l'objet du présent Traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays. » Clairement, l'hostilité ouverte de Washington, l'inclusion de la Corée du Nord dans la liste des cibles potentielles d'une frappe nucléaire, et la quasi-déclaration de guerre de l'administration Bush ont constitué des « événements extraordinaires » mettant en péril les « intérêts suprêmes » de la RPDC.

Pourquoi les pays développent-ils des armes nucléaires ?

La Corée du Nord affirme qu'elle a développé des armes nucléaires « pour protéger sa souveraineté et ses droits vitaux de la menace nucléaire et de la politique hostile des États-Unis, lesquelles durent depuis plus d'un demi-siècle »16 et ont atteint un sommet avec l'intimidation nucléaire et la menace de guerre de l'administration Bush.

Comparons les raisons qui ont poussé la Corée du Nord à avoir des armes nucléaires à celles de la Grande-Bretagne, un des États dotés d'armes nucléaires au sens du TNP. Le livre blanc de 2006 du gouvernement britannique, intitulé « L'Avenir de la force de dissuasion nucléaire du Royaume-Uni », expose que « la première responsabilité de tout gouvernement est d'assurer la sûreté et la sécurité de ses citoyens » et que, « depuis cinquante ans, la force de dissuasion nucléaire indépendante (britannique) fournit la garantie ultime de la sécurité nationale (du pays) ». « Les armes nucléaires du Royaume-Uni », conclut le document, sont destinées « à dissuader et à prévenir un chantage nucléaire et des actes d'agression contre nos intérêts vitaux, auxquels on ne peut pas s'opposer par d'autres moyens ».17

La Russie, autre État doté d'armes nucléaires, invoque les mêmes raisons pour le maintien d'un arsenal atomique. Le président du pays, Vladimir Poutine, déclare que la Russie a besoin d'armes nucléaires pour préserver sa force de dissuasion et sa stabilité stratégique face aux menaces.18 De façon similaire, la stratégie de sécurité nationale pour 2015 de Washington affirme que « les États-Unis doivent investir les ressources nécessaires pour maintenir (…) une dissuasion fiable, sûre et efficace qui préserve la capacité stratégique ».

Les raisons poussant les États dotés d'armes nucléaires à maintenir un arsenal atomique « s'appliquent avec encore plus de force aux pays faibles qui pourraient tomber sous la menace de pays plus puissants. Plus un pays est petit et faible, plus grand est le besoin d'avoir des armes nucléaires pour qu'un adversaire potentiel y réfléchisse à deux fois avant de le menacer et de l'envahir ». Pointant spécifiquement le cas de la Grande-Bretagne, le chercheur David Morrison soutient que, si « un des plus puissants pays du monde a besoin d'avoir des armes nucléaires pour dissuader de potentiels agresseurs, alors aucun pays du monde ne devrait en être dispensé, dans la mesure du possible ». Morrison appuie son propos par une supposition : « Si l'Irak avait réussi à développer des armes nucléaires, les États-Unis et la Grande-Bretagne ne l'auraient pas envahi en mars 2003 (et les centaines de milliers d'Irakiens qui sont morts par la suite seraient toujours en vie). »19

Bien sûr, il est impossible de savoir comment l'histoire aurait évolué si l'Irak avait été en mesure de pouvoir effectuer une contre-frappe, dissuadant Washington d'entrer en guerre, mais l'idée que les armes nucléaires peuvent prévenir une agression n'est pas invraisemblable. En 2010, le général Kevin P. Chilton, à l'époque à la tête du Commandement stratégique des États-Unis, rappela à l'éditorialiste du Washington Post Walter Pincus que, « pendant les 65 ans d'histoire des armes atomiques, aucune puissance nucléaire n'avait été conquise ou même exposée au risque d'une conquête ».20 Expliquant la sombre logique qui contraint des pays menacés et assiégés tels que la Corée du Nord à rechercher une épée nucléaire, Poutine écrivit dans RIA Novosti le 27 février 2012 : « Si j'ai une bombe A dans ma poche, personne ne me touchera parce que ça provoque plus d'ennuis que ce que ça rapporte. Et ceux qui n'ont pas la bombe n'auraient qu'à s'asseoir et attendre une 'intervention humanitaire'. Que ça plaise ou non, l'ingérence étrangère suscite cette manière de penser. »21 Faisant écho à l'analyse de Poutine, le chef de la division de la planification de l'armée israélienne, le major-général Amir Eshel, a observé : « Qui aurait osé s'occuper de Kadhafi ou de Saddam Hussein s'ils avaient eu une capacité nucléaire ? Personne. »22

Tirer la leçon de l'Irak (et de la Libye)

Le jour où Bagdad a été envahi par les forces américaines, un des chefs va-t-en-guerre de l'administration Bush, John Bolton, a averti l'Iran, la Syrie et la Corée du Nord d'en « tirer la leçon appropriée ».23

La Corée du Nord en a tiré la leçon, mais ce n'est pas celle que Bolton voulait. La vraie leçon, à savoir que le désarmement constitue une invitation à l'invasion, a été confirmée huit ans plus tard quand, en 2011, l'OTAN a armé en secret des militants islamistes et entamé une guerre aérienne pour renverser Mouammar Kadhafi, après que le dirigeant libyen, dans une tentative malavisée de s'attirer les bonnes grâces de l'Occident, eut démantelé ses armes de destruction massive, laissant son pays vulnérable à une attaque. Saddam Hussein fit la même bêtise en Irak dix ans auparavant. Le diplomate de la RPDC Yongho Thae demande :

« Qu'est-il arrivé à la Libye ? Quand Kadhafi a voulu améliorer les relations de la Libye avec les États-Unis et le Royaume-Uni, les impérialistes ont dit que, pour attirer les investissements internationaux, il devait abandonner ses programmes d'armement. Kadhafi a même dit qu'il visiterait la RPDC pour nous convaincre d'abandonner notre programme nucléaire. Mais une fois que la Libye a démantelé tous ses programmes nucléaires et que ce fut confirmé par les renseignements occidentaux, l'Occident a changé de musique. »24

Rudiger Frank, professeur d'économie et société est-asiatique à l'Université de Vienne, avance que trois événements remarquables des deux dernières décennies ont convaincu Pyongyang que sa décision de développer des armes nucléaires était la bonne.

« Le premier exemple a été la conviction stupide de Gorbatchev que sa politique visant à mettre fin à la course aux armements et à la confrontation avec l'Occident serait récompensée pour permettre à l'Union soviétique d'exister et soutenir son économie chancelante. Au contraire, son empire fut détruit pièce par pièce grâce au soutien apporté par l'Occident aux gouvernements anticommunistes de ses satellites européens et aux mouvements indépendantistes dans diverses républiques (maintenant anciennement) soviétiques. Pour finir, le réformateur fut éjecté, l'OTAN fut agrandie, et son pays autrefois puissant fut affaibli et ridiculisé. D'autres ont connu un sort encore moins enviable, comme le Roumain Ceausescu ou l'Allemand de l'Est Honecker.

Le deuxième exemple a été l'Irakien Saddam Hussein. Humilié par sa défaite rapide lors de la Première Guerre du Golfe, Saddam Hussein accepta un contrôle de l'Occident sur environ la moitié de son espace aérien en 1991 et dut subir régulièrement des attaques à petite échelle sur des cibles terrestres pendant plus d'une décennie. Les sanctions ont abouti au programme 'pétrole contre nourriture' en 1995. Toutefois, cette complaisance n'a pas épargné au régime de Saddam Hussein les allégations de dissimulation d'armes de destruction massive et, finalement, son anéantissement total avec la Seconde Guerre du Golfe.

Aujourd'hui, il y a la Libye de Kadhafi. Il n'y a pas si longtemps, il était répandu dans les cercles politiques de pousser Kim Jong-il à suivre l'exemple de Kadhafi. Le 14 février 2005, le journal conservateur sud-coréen Chosun Ilbo rapportait même que le ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur sud-coréen de l'époque, l'actuel secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s'était rendu en Libye pour convaincre M. Kadhafi de visiter la Corée du Nord afin de persuader Kim Jong-il d'abandonner ses armes nucléaires. Le dictateur libyen comme ambassadeur du désarmement et de la paix – comment était-ce possible? En décembre 2003, après de longues négociations avec l'Occident, la Libye annonça de façon surprenante qu'elle renoncerait à ses programmes de développement d'armes de destruction massive et autoriserait sans condition les inspections. Cela valut à Kadhafi des louanges immédiates de la part de Washington et de Londres, suivies, en décembre 2007, d'une prestigieuse invitation à Paris où il rencontra le Président Sarkozy à deux reprises. »25

Le point culminant des tentatives de Kadhafi pour se faire bien voir de l'Occident fut son assassinat quand il était dans les mains des jihadistes agissant pour le compte de l'OTAN, mais pas avant que l'un d'entre eux l'ait sodomisé avec un couteau.

Pas un seul de ces événements n'a échappé aux Nord-Coréens. Le 21 février 2013, un commentaire de KCNA, l'agence de presse officielle de la Corée du Nord, notait : « Les tragiques conséquences pour ces pays ayant abandonné à mi-chemin leurs programmes nucléaires, cédant aux pratiques et à la pression arbitraires des États-Unis au cours des années récentes, prouvent clairement que la RPDC a été prévoyante et juste quand elle a fait ce choix. Elles enseignent aussi la vérité selon laquelle il faut s'opposer au chantage nucléaire des États-Unis avec des contre-mesures substantielles, pas par le compromis ou la retraite. »26 Un article dans l'édition du 22 février 2013 du Rodong Sinmun, organe officiel du Parti du travail au pouvoir en RPDC, observait : « Si nous n'avions pas eu notre propre force de dissuasion nucléaire, les États-Unis auraient déjà lancé une guerre dans la péninsule, comme ils l'ont fait en Irak et en Libye, et l'auraient plongée dans une situation déplorable comme en Yougoslavie à la fin du siècle dernier et en Afghanistan au début de ce siècle. »27

Les Nord-Coréens ont plaidé, non sans convaincre, que loin d'accroître la probabilité d'une guerre dans la péninsule coréenne, le fait qu'ils développent des armes nucléaires a abouti au contraire ; cela a calmé l'appétit des États-Unis pour un recours à la force militaire visant à renverser un gouvernement refusant leur hégémonie. « Après l'invasion anglo-américaine de l'Irak en mars 2003, le ministère des Affaires étrangères de Corée du Nord a déclaré que 'la guerre d'Irak montre qu'autoriser le désarmement au travers des inspections ne contribue pas à empêcher une guerre, mais plutôt la déclenche', concluant que 'seule une dissuasion militaire sans faille' peut prévenir les attaques contre des pays déplaisant aux États-Unis. »28 En avril 2010, KCNA affirmait que « l'accession de la RPDC aux armes nucléaires a fourni une dissuasion si efficace que le danger de déclenchement d'une guerre a considérablement diminué dans la péninsule coréenne. Cela a été dû aux efforts déployés par la RPDC visant à écarter la menace nucléaire au stade actuel où elle dissuade les armes nucléaires des États-Unis avec ses propres armes nucléaires, et pas seulement par des demandes verbales. »29 En août 2013, l'agence de presse notait que « les va-t-en-guerre nucléaires des États-Unis ont menacé plus d'une fois de mener une attaque nucléaire préventive contre la RPDC sans avertissement préalable. Une guerre nucléaire n'a jamais éclaté dans la péninsule pour la seule raison que la RPDC a constamment renforcé ses moyens de dissuader une guerre. »30

Les doubles standards

« Il est ironique », a relevé Walter Pincus, que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, « se réunissant à Bagdad afin de dissuader l'Iran d'avancer vers l'arme nucléaire, sont tous en train de moderniser leurs stocks ». Et maintenant, ces mêmes États dotés d'armes nucléaires imposent de nouvelles sanctions à la Corée du Nord pour la punir de faire la même chose. Et, mieux encore, les « États-Unis consacrent un programme de plusieurs milliards de dollars à la mise à niveau de leurs trois principales têtes nucléaires et consentent un effort plus coûteux à la fabrication de nouveaux systèmes stratégiques de lancement terrestres, maritimes et aériens. La France modernise ses bombes et missiles nucléaires comme ses sous-marins stratégiques (…) La Russie et la Chine sont aussi en train de moderniser. »31 C'est beaucoup pour des États dotés d'armes nucléaires censés travailler au désarmement comme l'exige le TNP.

Le président des États-Unis Barack Obama a « promis (…) de dépenser 80 milliards de dollars sur dix ans pour maintenir et moderniser l'arsenal nucléaire du pays (...) »32 tandis que l'allié britannique « a annoncé la signature d'une allocation de 595 millions de dollars pour commencer les travaux de conception des remplaçants de ses quatre sous-marins nucléaires embarquant les missiles mer-sol balistiques stratégiques Trident », même si cela intervient « au milieu d'un plan d'austérité comprenant des coupes dans les programmes pour l'éducation, la santé et les retraites ».33

Non seulement les États-Unis modernisent leur arsenal nucléaire, mais ils développent aussi de nouvelles armes de destruction massive. Le Pentagone travaille sur une bombe atomique à guidage de précision conçue, comme l'écrit le New York Times, « avec à l'esprit des problèmes tels que la Corée du Nord ». La « force explosive de la bombe peut être augmentée ou réduite selon la cible, afin de minimiser les dégâts collatéraux. » En raison des « moindre rendement et meilleur ciblage » de cette arme, il devient plus tentant de l'utiliser. Cette bombe, appelée B61, « est la première de cinq nouveaux types de tête nucléaire prévus dans le cadre d'une revitalisation atomique dont le coût est estimé à mille milliards de dollars sur trois décennies. La famille des armes et de leurs vecteurs évolue vers le petit, le furtif et le précis », ce qui rend leur utilisation « davantage concevable ».34

Le Pentagone travaille aussi sur des ADM non nucléaires « s'approchant du niveau des armes nucléaires stratégiques par leur capacité de frappe ».35 Cette nouvelle catégorie d'armes, appelée « 'frappe rapide globale', peut être tirée à partir des États-Unis et atteindre une cible partout en moins d'une heure ». Ces nouvelles armes pourraient « offrir au Président une option non nucléaire pour, disons, une (…) attaque préventive contre (…) la Corée du Nord », atteignant les effets d'une arme nucléaire, sans, espère-t-on, « transformer une guerre conventionnelle en guerre nucléaire ».36

Les États-Unis, à la différence de la Corée du Nord, refusent de désavouer l'idée d'un emploi des armes nucléaires en première frappe. En 2010, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein a pressé Barack Obama de déclarer que le seul but de l'arsenal atomique des États-Unis est d'écarter la menace d'une attaque nucléaire. La Maison-Blanche a refusé. Au mieux, elle reconnaissait que le premier objectif de l'arsenal était de dissuader une agression nucléaire, mais pas le seul. Le lauréat du prix Nobel de la paix, qui déclare souhaiter un monde sans armes nucléaires, ne voulait même pas dire que les États-Unis ne seraient pas les premiers à utiliser des armes nucléaires, ou s'interdire d'en utiliser contre des États non dotés d'armes nucléaires.37

Le lancement d'un satellite

« Plus de cent objets spatiaux sont mis en orbite autour de la Terre par des fusées porteuses en un an dans le monde, en moyenne »38, mais seul le lancement d'un satellite par la Corée du Nord a fait l'objet d'une condamnation du Conseil de sécurité. Même le test d'un missile balistique à longue portée par l'Inde en 2012 (différent du lanceur de satellite de la Corée du Nord par sa finalité militaire et non pacifique), dont les responsables indiens se sont vantés car il leur donnait « la capacité d'envoyer une tête nucléaire jusqu'à la capitale chinoise, Pékin, pour la première fois », ne fut pas condamné. Au contraire, l'OTAN n'exprima pas d'opposition, tandis que Washington félicita l'Inde pour ses « antécédents 'solides' en matière de non-prolifération »39, une récompense tout à fait incompréhensible pour un pays qui n'a jamais adhéré au TNP, est estimé posséder de 90 à 110 têtes nucléaires40, et a maintenant la capacité de les envoyer à de longues distances.

Une distinction devrait être opérée entre un lanceur utilisé pour placer en orbite un satellite, une station spatiale ou un objet habité, et un missile balistique utilisé pour envoyer un dispositif explosif vers un point distant sur Terre. Les deux utilisent des fusées, mais un missile balistique a un système de guidage particulier et un bouclier thermique pour empêcher sa charge de se consumer en ré-entrant dans l'atmosphère terrestre.

Pour que ses armes nucléaires agissent comme dissuasion contre une agression, la Corée du Nord a besoin de moyens pour acheminer une tête nucléaire. Puisqu'elle ne possède pas de bombardiers à long rayon d'action, un choix évident est un missile balistique intercontinental, du type de celui testé par l'Inde, dont disposent les États-Unis, la Russie, la France et la Chine, et qu'Israël est suspecté d'avoir. Un missile balistique intercontinental utilise la même technologie que les fusées.

De ce fait, tout pays qui réussit à développer un lanceur spatial est en voie de fabriquer un missile balistique capable d'emporter une charge nucléaire. Mais il n'en est pas encore là. Il a aussi besoin de mettre au point un système de guidage adapté et un bouclier thermique. De plus, il doit résoudre le problème de la miniaturisation de la tête nucléaire afin de la monter sur le missile. On ne sait pas clairement où en est la Corée du Nord du développement d'une tête nucléaire miniaturisée et d'un missile balistique intercontinental sur lequel la placer, mais les États-Unis cherchent à l'empêcher d'y parvenir pour l'évidente raison qu'un moyen fiable d'emporter une charge nucléaire accroît la valeur dissuasive de l'arsenal nucléaire de la Corée du Nord.

La loi internationale n'interdit pas aux pays d'utiliser la technologie des fusées pour l'usage pacifique de l'espace, et certainement pas à la Corée du Nord seulement. Il n'existe pas non plus de lois bannissant le test de missiles balistiques. Le Conseil de sécurité, en adoptant une résolution imposant des sanctions à Pyongyang, en partie pour le lancement d'un satellite, a agit ultra vires, c'est-à-dire en outrepassant ses pouvoirs. « Où est-il stipulé dans la Charte des Nations Unies que le CSNU est investi du droit de priver un pays membre des Nations Unies du droit d'utiliser l'espace à des fins pacifiques, droit figurant dans la loi internationale? » demande le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.41 « La bombe H et le satellite de la RPDC ont été qualifiés de violation des précédentes 'résolutions' du CSNU mais, en substance, ces 'résolutions' sont le produit d'un arbitraire allant au-delà du mandat du CSNU. »42

Le Conseil de sécurité s'est arrogé l'autorité de dicter qui peut et qui ne peut pas lancer un satellite, qui peut et qui ne peut pas tester des missiles balistiques, et qui peut et qui ne peut pas posséder des armes nucléaires ; en d'autres termes, il s'est, unilatéralement et sans le consentement des États membres des Nations Unies, attribué l'autorité de décider quels pays ont et n'ont pas un droit souverain à se défendre. La loi internationale ne fournit aucun fondement au Conseil de sécurité pour exercer cette autorité. « Si le CSNU a mandat pour interdire à un pays en particulier d'effectuer un essai nucléaire », demandent avec amertume les Nord-Coréens, « pourquoi le TNP existe-t-il et pourquoi un traité sur l'interdiction des essais nucléaires est-il nécessaire? »43

Un régime brutal?

En déclarant que les États-Unis ne permettront jamais que la Corée du Nord développe des missiles balistiques intercontinentaux à tête nucléaire, Samantha Power a décrit la RPDC comme « un des régimes les plus brutaux que le monde ait jamais connu ». L'est-elle?

La Corée du Nord a une économie dirigée par l'État, planifiée, tournée vers la satisfaction des besoins matériels de ses citoyens tout en préservant sa souveraineté. Marquée par l'histoire de la colonisation japonaise et séparée de ses compatriotes du Sud suite à la division de la péninsule par les États-Unis, la Corée du Nord fait de l'indépendance un objectif particulièrement important. Les troupes américaines ont presque tout le temps été présentes en Corée du Sud depuis 1945, et le Pentagone détient le commandement de l'armée sud-coréenne en cas de conflit. En revanche, il n'y a ni troupes ni bases étrangères en Corée du Nord, et les soldats nord-coréens n'ont jamais combattu hors des frontières de la Corée, à la différence de l'armée sud-coréenne qui a joué un rôle de mercenaire pendant la Guerre du Viêt Nam, assistant les États-Unis dans une agression visant à réprimer la lutte pour l'indépendance d'un autre peuple ayant souffert de la colonisation, les Indochinois. Ce n'est pas sans justification que la Corée du Nord traite la Corée du Sud d'État fantoche. Et, alors que la Corée du Sud se blottit sous le parapluie nucléaire des États-Unis, la Corée du Nord n'a jamais été protégée par les armes nucléaires de l'armée d'un autre pays.

La RPDC offre les attraits typiques des pays communistes : soins de santé gratuits, éducation gratuite, logement gratuit et transports publics quasi-gratuits.44 Des mélanges de demi-vérités et de distorsions complètes circulent dans les médias occidentaux au sujet de la Corée du Nord, ne se distinguant que par leur mépris pour l'intelligence du public. Des événements considérés comme anodins en Occident sont présentés sous un jour sombre et menaçant quand ils se produisent en RPDC. Cela est vrai depuis longtemps. Les observateurs de la Corée du Nord se plaignent depuis des décennies de la supercherie des médias occidentaux et du discours tenu à propos de la Corée du Nord, destinés à ternir la réputation du pays plutôt qu'à donner un éclairage sur sa politique, son histoire et son économie. Anna Louise Strong a écrit : « À l'avenir, la Corée continuera de faire les gros titres. Toutefois, le public en sait peu à propos du pays et la plupart des gros titres déforment les faits plutôt que de les révéler. »45 C'était en 1949. Peu de choses ont changé. Alors, le traitement propagandiste des pays communistes, socialistes et économiquement nationalistes est la pratique habituelle des médias occidentaux, dont les propriétaires ont eu des intérêts toujours opposés aux pays insistant sur l'exercice d'une souveraineté économique par préférence à une soumission aux intérêts lucratifs des entreprises commerciales et financières occidentales.

Il y a plus que de l'hypocrisie quand Power revendique que les États-Unis ont été à l'origine d'une résolution du Conseil de sécurité pour s'opposer à un « régime brutal », alors que Washington compte les régimes brutaux de l'Arabie saoudite, de l'Égypte, de Bahreïn, d'Israël et de la Colombie parmi ses satellites favoris, mettant non seulement ces oppresseurs et bellicistes à l'abri des sanctions, mais facilitant aussi leurs brutalités. Les mots Hiroshima, Corée, Viêt Nam, Baie des Cochons, Grenade, Panama, Afghanistan, Irak, Guantanamo, Abou Ghraib, au moins cent prisonniers torturés à mort alors qu'ils étaient détenus par les États-Unis pendant la « guerre contre la terreur », des assassinats extra-judiciaires par des frappes de drones, pour ne pas parler du génocide des peuples autochtones d'Amérique du Nord ni de l'esclavage cruel d'Africains sur lesquels le pays a été fondé, font vraiment des États-Unis un des régimes les plus brutaux que le monde ait jamais connu. Ils sont suivis de près par leurs alliés, aussi membres permanents du Conseil de sécurité, la Grande-Bretagne et la France, dont les empires ne voyaient jamais le soleil se coucher ni le sang sécher.

Quel est le vrai problème de Washington avec la Corée du Nord ?

Le prétexte avancé pour sanctionner la seule Corée du Nord est que celle-ci constitue une menace, mais, à l'instar de l'affirmation selon laquelle Saddam Hussein avait dissimulé des ADM au mépris d'une résolution du CSNU, c'est une pure ânerie. Cela n'a aucune valeur de vérité, seulement une valeur pour la propagande justifiant l'agression continue des États-Unis contre un pays refusant de renoncer à la propriété d'État et à la planification économique ou de capituler sur sa souveraineté politique et économique face aux États-Unis. Dans sa déposition, le 23 février 2016, devant le Comité des forces armées du Sénat des États-Unis, le chef du Commandement du Pacifique Harry B. Harris Jr. a déclaré que « la Corée du Nord ne représente pas une menace existentielle pour les États-Unis ».46 David E. Sanger, journaliste de l'establishment américain, membre du Council on Foreign Relations, groupe de réflexion de Wall Street travaillant pour le département d'État américain, a expliqué que les armes nucléaires de la Corée du Nord ne sont pas une menace pour la Corée du Sud ni pour le Japon « parce que les responsables nord-coréens savent que leur gouvernement serait décimé dans les minutes ou heures » suivant une attaque contre l'un ou l'autre de ces deux alliés des États-Unis.47 Pour ce qui concerne la menace posée par les forces conventionnelles de la Corée du Nord, le spécialiste de la Corée Tim Beal souligne :

« Les preuves disponibles montrent que la Corée du Nord est, suivant la plupart des critères, bien plus faible militairement que le Sud, et que la balance entre les deux penche très fortement en faveur du Sud quant à l'aspect crucial des équipements de technologie de pointe. Mais une comparaison limitée au Nord et au Sud n'a pas vraiment de sens dans la mesure où la question est essentiellement celle de la Corée du Nord contre les États-Unis – une attaque de la Corée du Nord contre le Sud serait inévitablement une déclaration de guerre aux États-Unis. Les États-Unis ont le 'commandement opérationnel' de l'armée sud-coréenne en cas de guerre, il y a 28 500 militaires américains (et beaucoup plus de civils) qui y sont stationnés et il y a un impératif géopolitique majeur – les États-Unis ne toléreraient pas l'établissement d'une Corée indépendante par la force.

Une certitude, toutefois, est que la Corée du Nord ne peut pas utiliser d'armes nucléaires de manière offensive parce que les représailles seraient écrasantes. On ne peut pas utiliser une poignée d'armes nucléaires, à l'efficacité incertaine et dont les vecteurs n'ont pas fait leurs preuves, contre un adversaire disposant de milliers d'armes nucléaires et de vecteurs éprouvés. Dans les faits, la Corée du Nord ne peut pas menacer les États-Unis ou la Corée du Sud (en raison du parapluie nucléaire américain) avec des armes nucléaires. »48

La relation entre les États-Unis et la Corée du Nord est complexe et a plusieurs dimensions. Dominé par Wall Street, Washington considère que la RPDC n'a rien à offrir en termes d'opportunités lucratives aux investisseurs américains, et n'a donc aucune motivation pour accepter le statu quo nord-coréen. Ceci explique pourquoi les États-Unis maintiennent depuis des décennies des sanctions contre la RPDC au motif qu'elle a « une économie marxiste-léniniste ». David Straub, directeur du bureau des affaires coréennes au département d'État de 2002 à 2004 a expliqué que « l'administration américaine n'a jamais envisagé et n'envisagera jamais l'établissement d'une relation stratégique avec la RPDC. Le système économique et social fermé de la Corée du Nord signifie que ce pays n'a quasiment rien de valeur à offrir aux États-Unis ».49

Présenter la Corée du Nord comme une menace permet au complexe militaro-industriel des États-Unis de justifier les dépenses massives dans la défense et d'engranger des profits considérables grâce aux contribuables américains au travers d'une escroquerie centrée sur le mythe de la menace nord-coréenne. Colin Powell, en tant que premier soldat des États-Unis, fit autrefois la remarque infâme que, après la disparition de l'Union soviétique, il n'avait plus que quelques démons, Castro et Kim Il-sung (de Corée du Nord).50 Décrire la Corée du Nord comme belliqueuse, provocatrice et menaçante justifie la présence militaire continue des États-Unis dans la péninsule coréenne où, comme l'observe Tim Beal, « la Chine, le Japon, la Russie et les États-Unis sont en contact et en compétition, et qui constitue ainsi l'endroit ayant la plus haute valeur stratégique sur Terre ».51

La Chine est la cible principale. « Notre discours se concentre sur la Corée du Nord », note Steven Hildreth, chercheur au Service de recherche du Congrès, groupe de réflexion du Congrès des États-Unis. « La réalité est que nous visons aussi à plus long terme, c'est un secret de Polichinelle, la Chine. »52 Le Pentagone est pressé de déployer dans la péninsule coréenne le système de missiles antibalistiques THAAD (terminal high altitude area defense) fabriqué par Lockheed Martin, et utilise la Corée du Nord comme prétexte. Le THAAD est de manière évidente dirigé contre la Chine voisine – c'est du moins ainsi que les Chinois voient les choses, des soupçons renforcés par le glissement stratégique des États-Unis vers la région Asie-Pacifique pour « faire contrepoids » à l'émergence de la Chine. Pyongyang considère également que le THAAD a pour cible la Chine, mais aussi lui-même et la Russie.53 Demandons-nous quelle serait la réaction des États-Unis si la Chine déployait un système de missiles antibalistiques à Cuba ou au Mexique.

Le seul domaine dans lequel la Corée du Nord représente une menace est l'idéologie. Expliquons-le par quelques éléments de contexte. L'histoire du développement économique dans le monde est celle de la divergence des revenus, pas de leur convergence. Les principaux pays capitalistes d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord ont connu une expansion plus rapide que dans le reste du monde au cours des deux derniers siècles, période pendant laquelle l'économie mondiale est devenu de plus en plus intégrée sous la domination des grandes puissances européennes et des États-Unis, lesquels se sont partagés le monde par des arrangements coloniaux officiels puis néo-coloniaux. Plutôt que d'élever les pays les plus pauvres au niveau des pays riches, l'intégration des pays pauvres dans une économie capitaliste globale dirigée par l'Occident a signifié pour les pays pauvres des taux de croissance plus faibles que ceux qu'avaient connus les principaux pays capitalistes, suggérant un processus d'exploitation et de transfert des richesses de la périphérie vers le centre. Seulement « quelques pays qui étaient pauvres en 1800 ont atteint la prospérité », note l'historien de l'économie Robert C. Allen. « Ceux-ci incluent le Japon et ses anciennes colonies de Corée du Sud et Taïwan. »54 On peut ajouter la Chine à la liste.

L'Union soviétique a échappé au système économique du monde capitaliste, partiellement de son fait, mais largement parce qu'elle a été rejetée par le monde capitaliste, et a suivi le cours d'un développement économique indépendant basé sur la propriété d'État et la planification et, en conséquence, a bénéficié de forts taux de croissance de 1928, quand son économie est devenue socialiste, aux années 1970, à l'exception des années extraordinaires de la Seconde Guerre mondiale. Elle a continué sur la voie d'une croissance toujours positive tandis que les pays capitalistes connaissaient des hauts et des bas, tour à tour augmentant et réduisant leur force de travail, jetant régulièrement à la casse des gens en recherche d'emploi. Par opposition, le système socialiste de l'Union soviétique a maintenu une économie de plein-emploi, se développant de manière monotone jusqu'à ce que Mikhaïl Gorbatchev démantèle le socialisme dans une malavisée et spectaculaire tentative infructueuse de stimuler les taux de croissance à la fin des années 1980. Quand Gorbatchev démantela le socialisme, l'économie soviétique s'effondra.55

La Corée du Sud et Taïwan ont aussi bénéficié de forts taux de croissance et, par certains aspects, pour les mêmes raisons que l'Union soviétique. Les États-Unis voulaient donner à ces anciennes colonies japonaises un degré de liberté économique qu'ils n'étaient pas prêts à tolérer ailleurs. Comme ces pays se trouvaient sur la ligne de front de la Guerre froide, il était nécessaire qu'ils deviennent les vitrines du système capitaliste. La Corée du Sud a énormément profité des investissements des États-Unis pendant la Guerre du Viêt Nam. De plus, on lui permit d'adopter un modèle soviétique de planification pluriannuelle et d'investissement public dans l'industrie lourde afin de stimuler la croissance. Les responsables américains voulaient avantager la Corée du Sud parce qu'elle embarrassait Washington jusque dans les années 1970 en restant à la traîne de ses compatriotes communistes du Nord, chantant peu les louanges du système capitaliste voulues si désespérément par le parrain américain de la Corée du Sud.

La Chine, malgré son discours capitaliste actuel, est aussi parvenue à suivre la voie d'une croissance forte grâce à un programme dirigiste méprisé par le Consensus de Washington prônant la libre entreprise, le libre commerce et le libre marché. Le gouvernement chinois, sous la direction du Parti communiste, reste énormément impliqué dans l'économie chinoise, au travers des entreprises publiques dominant la vie économique du pays et de la planification d'État.

Quant au Japon, il eut l'avantage de développer un système capitaliste dans une partie du monde relativement éloignée de l'Europe de l'Ouest et de l'Amérique du Nord, étant ainsi à l'abri des tentatives occidentales de soumettre sa force de travail, ses marchés et ses ressources aux intérêts économiques des capitalistes d'Europe et des États-Unis. Imitant les puissances impérialistes occidentales, le Japon a étendu son lebensraum économique, combattant la Russie pour la domination de la Mandchourie et de la Corée, colonisant Taïwan et conquérant finalement la majeure partie de l'Asie orientale. Après la défaite du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont soutenu la croissance économique de leur ancien ennemi, craignant que le Japon suive la Chine, la Corée du Nord et le Viêt Nam du Nord sur la route du communisme faute d'atteindre des taux de croissance élevés et la prospérité.

En conséquence, afin d'édifier des économies servant les intérêts de leurs populations plutôt que ceux des investisseurs et banquiers étrangers, les dirigeants de plusieurs pays pauvres ont mobilisé leurs peuples pour qu'ils se libèrent de l'oppression de l'impérialisme. Pendant les années 1960 et 1970, le modèle de développement soviétique a inspiré d'anciennes colonies qui ont lutté et gagné leur indépendance politique. Beaucoup de ces pays ont reçu une aide substantielle de la part de l'Union soviétique et de ses alliés socialistes.

Cette tradition subsiste dans quelques pays seulement, et ils constituent tous des cibles pour une opération américaine d'élimination dans l'après-Guerre froide, destinée à ramener dans l'orbite de Washington – ou, plus précisément, de Wall Street - les quelques pays échappant encore à l'empire non officiel des États-Unis. Économiquement, les dirigeants américains ont intérêt à amener la Corée du Nord dans une sphère d'exploitation sous supervision des États-Unis et accessible à Wall Street et à l'Amérique des affaires, dans laquelle l'économie « marxiste-léniniste » de la RPDC sera supplantée par des mesures décidées par des marionnettes de style sud-coréen impatientes de vendre le pays aux investisseurs étrangers. Plus important, les États-Unis ont une motivation à faire souffrir la Corée du Nord communiste et indépendante, à entraver son développement, à paralyser son économie et à saboter sa croissance, pour faussement attribuer les peines qui s'ensuivent à la « mauvaise gestion de l'économie » et aux « inefficacités du socialisme ». Le but est de soutenir le vieux projet idéologique capitaliste consistant à ternir la réputation de la propriété d'État et de la planification économique, de telle façon que la Corée du Nord est vue comme un exemple vivant du modèle socialiste ayant échoué.

Qu'aurait dû faire différemment le Conseil de sécurité des Nations Unies ?

Si les instigateurs et auteurs en chef de la résolution punitive du Conseil de sécurité contre la Corée du Nord, les États-Unis, étaient vraiment intéressés par la non-prolifération des armes nucléaires, ils cesseraient de menacer de démarrer des guerres d'agression et abandonneraient leur programme visant à en mener tout autour du globe. Ils ne brandiraient plus d'épées de Damoclès nucléaires au-dessus des pays, ni ne menaceraient de les transformer en briquettes de charbon. Ils mettraient fin à la pratique consistant à dresser des listes de pays cibles d'une possible attaque nucléaire. Ils renonceraient à l'emploi d'armes nucléaires en première frappe et prendraient au sérieux leur engagement du TNP d'entreprendre des négociations de bonne foi pour le désarmement nucléaire. Et dans la péninsule coréenne, ils ne conduiraient plus d'exercices guerriers annuels – lesquels ont pour effet de placer la RPDC sur un pied de guerre permanent – et répondraient favorablement aux demandes de Pyongyang pour remplacer l'armistice qui a mis fin aux hostilités en 1953 par un traité de paix officiel. En d'autres termes, ils arrêteraient de créer les conditions qui contraignent les pays menacés à s'armer d'armes nucléaires afin de protéger leur souveraineté économique et politique. Enfin, ils retireraient leurs forces de Corée et permettraient aux Coréens de jouir d'une pleine souveraineté pour la première fois en 111 ans.

Les États-Unis doivent faire tout cela, mais ils ne le feront pas, parce qu'ils ont l'obsession d'un système économique et politique capitaliste, ce qui les conduit à revendiquer une direction sur les autres pays – c'est-à-dire à nier leur souveraineté. Ils agissent ainsi afin d'absorber les marchés, les ressources, les terres et les forces de travail pour que grandisse leur classe possédante du milieu des affaires plongeant ses racines dans Wall Street.

Pour ce qui concerne les autres membres du Conseil de sécurité, y compris la Russie et la Chine, ils devraient s'abstenir de participer à l'exercice non-démocratique de s'arroger une autorité allant au-delà de ce qui est consenti par les États membres des Nations Unies et de ce qui figure dans la Charte des Nations Unies, et d'agir ainsi comme une cabale dictatoriale, décidant de qui a le droit, et qui n'a pas le droit, à la souveraineté et à l'autodéfense. Ces droits ne peuvent pas être abrogés par le Conseil de sécurité, et le fait que la Corée du Nord s'élève résolument contre l'abus d'autorité de cet organe et refuse de se rendre face aux multiples pressions exercées sur elle par des États-Unis prédateurs, vaut assurément l'admiration et le soutien des peuples attachés au combat pour libérer le monde de l'oppression impérialiste et de l'exploitation de l'homme par l'homme. Peu d'États-nations soutiennent ces objectifs – ou résistent à l'intimidation – de nos jours. La Corée du Nord le fait.

Références :

1  “DPRK foreign minister reiterates its commitment to lasting peace and security on Korean peninsula and region”, KCNA, 12 août 2015.

2  Samantha Power, déclaration à l'issue des consultations du Conseil de sécurité sur la RPDC, 25 février 2016.

3  The New York Times, 6 juillet 2008.

4  Farnaz Fassihi, “U.N. adopts new sanctions against North Korea”, The Wall Street Journal, 2 mars 2016.

5  The New York Times, 6 juillet 2008.

6  Bruce Cumings, Korea’s Place in the Sun: A Modern History, W.W. Norton & Company, 2005, pp. 488-489.

7  “Report: Nuclear weapons policy review names potential targets”, CNN.com, 10 mars 2002.

8  Samuel Black, “The changing political utility of nuclear weapons: Nuclear threats from 1970 to 2010”, The Stimson Center, août 2010. www.stimson.org/images/uploads/research-pdfs/Nuclear_Final.pdf

9  Bruce Cumings, “Latest North Korean provocations stem from missed US opportunities for demilitarization”, Democracy Now!, 29 mai 2009.

10  “U.S. Tells Iran, Syria, N. Korea ‘Learn from Iraq”, Reuters, 9 avril 2003. De ce fait, Bolton décrivait la politique américaine à l'égard de la Corée du Nord comme celle d'en finir avec ce pays. Interrogé par le New York Times sur l'objectif de la politique des États-Unis en Corée du Nord, Bolton « se dirigea vers une étagère, prit un livre et frappa la table avec. Il était intitulé La Fin de la Corée du Nord ». « 'ceci, dit-il, est notre politique.' » (dans “Absent from the Korea Talks: Bush’s Hard-Liner”, The New York Times, 2 septembre 2003).

11  Bruce Cumings, Korea’s Place in the Sun: A Modern History, W.W. Norton & Company, 2005, pp. 488-489.

12  “Report: Nuclear weapons policy review names potential targets”, CNN.com, 10 mars 2002.

13  KCNA, 22 janvier 2003.

14  Yongho Thae, ministre de l'ambassade de la République populaire démocratique de Corée à Londres, “Understanding and defending North Korea”, Invent the Future, 15 novembre 2013.

15  Ibid.

16  “FM spokesman slams U.S. for deliberately linking negotiations with Iran over nuclear issue with DPRK”, Rodong Sinmun, 22 juillet 2015.

17  David Morrison, “Britain’s ‘dependent’ nuclear deterrent”. www.david-morrison.org.uk/nuclear-weapons/deterrent-dependent.htm

18  Peter Nicholas et William Boston, “Obama’s nuclear proffer gets Russian rebuff”, The Wall Street Journal, 19 juin 2013.

19  David Morrison, “Britain’s ‘dependent’ nuclear deterrent”. www.david-morrison.org.uk/nuclear-weapons/deterrent-dependent.htm

20  Walter Pincus, “As missions are added, Stratcom commander keeps focus on deterrence”, The Washington Post, 30 mars 2010.

21  Cité dans David Morrison, “Britain’s ‘dependent’ nuclear deterrent”. www.david-morrison.org.uk/nuclear-weapons/deterrent-dependent.htm

22  Ethan Bronner, “Israel sense bluffing in Iran’s threats of retaliation”, The New York Times, 26 janvier 2012.

23  “U.S. Tells Iran, Syria, N. Korea ‘Learn from Iraq”, Reuters, 9 avril 2003.

24  Yongho Thae, ministre de l'ambassade de la République populaire démocratique de Corée à Londres, “Understanding and defending North Korea”, Invent the Future, 15 novembre 2013.

25  Rudiger Frank, “Libyan lessons for North Korea: A case of déjà vu”, 38 North, 21 mars 2011.

26  “Nuclear test part of DPRK’s substantial countermeasures to defend its sovereignty”, KCNA, 21 février 2013.

27  “Gone are the days of US nuclear blackmail”, Rodong Sinmun, 22 février 2013.

28 Cité dans David Morrison, “Nuclear weapons: The ultimate insurance policy”. www.david-morrison.org.uk/nuclear-weapons/ultimate-insurance-policy.htm

29  “Foreign ministry issues memorandum on N-issue”, KCNA, 21 avril 2010.

30  “DPRK will bolster up war deterrence in every way, Rodong Sinmun”, KCNA, 11 août 2013.

31  Walter Pincus, “Nuclear weapons just don’t make sense”, The Washington Post, 23 mai 2012.

32  Peter Baker, “Obama expands modernization of nuclear arsenal”, The New York Times, 13 mai 2010.

33  Walter Pincus, “Nuclear weapons just don’t make sense”, The Washington Post, 23 mai 2012.

34  William J. Broad et David E. Sanger, “As U.S. modernizes nuclear weapons, ‘smaller’ leaves some uneasy”, The New York Times, 11 janvier 2015.

35  Peter Nicholas et William Boston, “Obama’s nuclear proffer gets Russian rebuff”, The Wall Street Journal, 19 juin 2013.

36  David E. Sanger et Thom Shanker, “White House is rethinking nuclear policy”, The New York Times, 28 février 2010.

37  David E. Sanger et Thom Shanker, “White House is rethinking nuclear policy”, The New York Times, 28 février 2010 ; David E. Sanger et Peter Baker, “Obama limits when U.S. would use nuclear arms”, The New York Times, 5 avril 2010.

38  Cité dans Tim Beal, “North Korean satellites and rocket science”, NK News, 3 février 2016.

39  Simon Denyer, “India tests missile capable of reaching Beijing”, The Washington Post, 19 avril 2012.

40  Paul Sonne, “As tensions with West rise, Russia increasingly rattles nuclear saber”, The Wall Street Journal, 5 avril 2015.

41  “DPRK foreign ministry spokesman rejects UNSC ‘resolution on sanctions’”, Rodong Sinmun, 5 mars 2016.

42  Ibid.

43  Ibid.

44  Yongho Thae, ministre de l'ambassade de la République populaire démocratique de Corée à Londres, “Understanding and defending North Korea”, Invent the Future, 15 novembre 2013 ; John Peter Daly, “Socialist construction in North Korea”, PSLWeb.org, 15 décembre 2006.

45  Anna Louise Strong, In North Korea: First Eye-Witness Report, Soviet Russia Today, New York, 1949.

46  Déposition devant le Comité des forces armées du Sénat des États-Unis de Harry B. Harris Jr., chef du Commandement du Pacifique, 23 février 2016.

47  David E. Sanger, “With U.S. eyes on Iran, North Korea’s nuclear arsenal expanded”, The New York Times, 7 mai 2015.

48  Tim Beal, “The North Korean threat – the myth and its makers”, NK News, 21 janvier 2016.

49  Kim Hyun, “US Has No Intention to Build Close Ties with N Korea: Ex-official”, Yonhap, 2 septembre 2009.

50  Cité dans Carl Kaysen, Robert S. McNamara et George W. Rathjens, “Nuclear weapons after the Cold War”, Foreign Affairs, automne 1991.

51  Tim Beal, “The North Korean threat – the myth and its makers”, NK News, 21 janvier 2016.

52  Adam Entous et Julian E. Barnes, “U.S. plans new Asia missile defenses”, The Wall Street Journal, 23 août 2012.

53  “Who is deployment of THAAD aimed at?”, Rodong Sinmun, 4 mars 2016.

54  Robert C, Allen, “A reassessment of the Soviet Industrial Revolution”, Comparative Economic Studies, Vol. 47, numéro 2, 2005, pp. 315-332.

55  Stephen Gowans, “Do Publicly Owned, Planned Economies Work?”, What’s left, 21 décembe 2012.

 

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