Le 28 août 2015, le ministère sud-coréen de l'Environnement a validé le projet de construction d'une ligne de téléphérique longue de 3,5 kilomètres sur le mont Seorak, point culminant (à 1 708 m) de la chaîne des monts Taebaek, au Sud-Est de la péninsule. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient les défenseurs de l'environnement qui s'opposent à ce projet, lequel dénaturerait l'une des plus belles montagnes coréennes, au coeur d'un parc national désigné par l'UNESCO comme l'une des réserves mondiales de la biosphère en 1982.
A deux reprises depuis 2012, le projet de téléphérique a dû être reporté : la première fois en raison de son impact sur le paysage, la seconde en raison de l'évaluation des menaces qu'il ferait peser sur l'habitat naturel du goral, capridé menacé d'extinction et protégé tant au Nord qu'au Sud de la péninsule.
Mais les défenseurs du projet ont trouvé un soutien de poids en la personne de la Présidente Park Geun-hye, peu soucieuse de défense de l'environnement et surtout entièrement acquise aux intérêts des promoteurs désireux de relancer le tourisme dans une zone peu développée - car les 3,4 millions de visiteurs des splendides paysages du mont Seorak sont vieillissants, et un téléphérique favoriserait leur accès... et remplirait les poches des magnats de l'industrie touristique locale.
Dans ce contexte, tous les arguments ont été utilisés : estimation fallacieuse des retombées économiques (trois fois supérieures au coût du projet, estimé à 34,2 millions d'euros par l'Institut coréen pour l'environnement, ICE), comme l'a montré le député d'opposition Woo Won-shik ; occultation des externalités négatives sur l'environnement et de leur coût ; réévaluation des dommages sur l'habitat naturel du goral (alors que l'accroissement du nombre de touristes génèrera automatiquement des dommages, pour le goral et d'autres espèces) ; avis favorable (à une courte majorité), nous dit-on, d'une opinion publique manipulée... et, inévitablement, proximité avec les sites des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, qui sert également de prétexte au projet d'aménagement d'une piste de ski près du mont Gariwang, lequel détruira une forêt ancienne de 500 ans... avec la promesse des organisateurs des Jeux de restaurer la forêt après la fête olympique !
Les Jeux de Pyeonchang, prétexte de l'accélération du calendrier, auront lieu en 2018. Mme Park Geun-hye, qui achèvera son unique mandat (la Constitution sud-coréenne n'autorise pas une réélection immédiate du chef de l'Etat), veut que tout soit terminé à cette date. La mobilisation doit se poursuivre et s'amplifier, en Corée et dans le monde, contre ce projet destructeur, aux conséquences irréversibles.
Source :
En Corée du Sud, menaces sur le mont Seorak
Le Monde | | Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) C'est un des sites naturels les plus fameux de Corée. Le Seorak domine de ses 1 708 mètres la chaîne des monts Taebaek qui s'étend du no...